
Le hashtag #VraieFemmeAfricaine a été lancé le 26 février par la journaliste, activiste et féministe ivoirienne Bintou Mariam Traoré. Créer pour dénoncer l’inégalité entre hommes et femmes sur le continent africain, il devient très vite viral et inonde les réseaux sociaux.
Bintou Mariam Traoré, l’activiste à l’origine de cet hashtag (#VraieFemmeAfricaine) qui délie les langues se définit telle une féministe dans tous les sens du terme. « Je suis féministe, je dors féministe, je mange féministe, je me lave féministe, je vis ‘’féministement’’ chaque jour de ma vie », s’était-elle ainsi exprimée lors d’une interview sur TV5 Monde.
La réflexion à l’origine de la campagne #VraieFemmeAfricaine naît d’un premier poste sur Twitter où la journaliste et activiste s’interroge sur le fait qu’une femme noire doive enfanter dans la douleur pour être reconnue comme telle, comme « si notre mélanine nous condamnait à souffrir », dit-elle.
À l’origine de cette réflexion se cache une émission diffusée par une chaîne de télévision ivoirienne. Bintou Mariam Traoré explique qu’au cours de cette émission « il se disait que, pour être ‘’une vraie femme africaine’’, il ne fallait pas accoucher par césarienne ou avec l’aide d’une péridurale. » C’est autour de ce questionnement et des multiples stéréotypes autour de la femme africaine que lui surgit l’idée de créer le hashtag #VraieFemmeAfricaine qui va connaître un succès fulgurant au-delà de son entendement.
Entre Africanité et féminisme
La campagne #VraieFemmeAfricaine prend ainsi forme pour lutter contre les idées reçues sur le statut des femmes africaines avec un brin de sarcasme et d’ironie. Cette campagne touche la plaie du doigt en dénonçant les conceptions erronées sur la femme dans la société africaine. L’esprit de cette campagne a pour but de dénoncer les inégalités sociales, les diktats sexistes et les abus que subissent les femmes au nom des coutumes et des traditions dans différentes sociétés africaines.
Il n’aura pas fallu plus de 24 heures pour que ce mot dièse suscite l’adhésion de bons nombres d’internautes africaines et de la diaspora. La campagne a su conquérir les groupes afroféministes, Facebook, et plus largement Twitter, Instagram et Snapchat. S’en est suivi une affluence de témoignages les uns plus ironiques et plus sarcastiques que les autres.
« Une #VraieFemmeAfricaine ne dit pas qu’elle a été violée, mais qu’elle a excité un pauvre homme qui a cédé à son charme »
« Une #VraieFemmeAfricaine doit dire merci quand son mari la frappe. C’est sa façon de l’aimer. Après tout, qui aime bien châtie bien. »
« Si elle n’a pas d’enfant au bout d’un an de mariage, Une #VraieFemmeAfricaine consacrera l’essentiel de son temps et de son argent à consulter médecins, prêtresses et tradipraticiens pour trouver une solution. Parce qu’il est impensable pour elle et pour la société que le problème vienne de son mari. »

À travers cette sélection de messages parmi tant d’autres postés des internautes, on peut s’apercevoir que les femmes ont sans langue de bois libérer la parole. Là où beaucoup n’ont pas réussi à faire parler les Africaines sur les questions qui touchent au couple, au harcèlement, et aux agressions sexuelles, la campagne #VraieFemmeAfricaine a permis par son esprit sarcastique et humoristique de libérer la parole des femmes.
« Je pense que c’est le côté ironique qui a le plus pesé…. et ça montre que les femmes Africaines veulent parler, elles veulent que les choses changent »
L’activiste Bintou Mariam Traoré.
C’est donc déjà une victoire d’étape pour cette campagne, surtout pour l’activiste qui à travers cette campagne a voulu susciter la conversation et le débat sur les conditions de vie et le statut des femmes dans les sociétés africaines. Cette campagne pourrait être ainsi l’amorce vers un changement de comportement mais cela ne saurait avoir d’impact sans mobilisation réelle sur le terrain.
En attendant, la campagne #VraieFemmeAfricaine continue de faire son bonhomme de chemin et d’être un canal idéal par lequel les femmes s’expriment. Elle mène ainsi sa petite révolution et pour plus d’effets, Bintou Mariam Traoré compte bien concrétiser la campagne sur le terrain par des actions.