Tchad : Bouchra Nassir Ousselat, l’une des rares informaticiennes

Du haut de ses 26 ans, Bouchra Nassir Ousselat est une jeune femme qui a trouvé sa voie dans la maintenance informatique.
Bouchra Nassir Ousselat est l’une de ces rares jeunes tchadiennes qui forcent l’admiration parce qu’elles cassent les codes. Effectivement, au Tchad, les domaines des sciences, de l’innovation et des technologies sont considérés comme étant réservés aux hommes. Selon une enquête faite par Internet Society Tchad en 2017, on retrouve seulement 1,3 % des Tchadiennes dans ces domaines.
Dans un domaine totalement dominé par les hommes, Bouchra Nassir Ousselat s’est taillé une place dans la maintenance informatique. Réparer les ordinateurs et développer des applications numériques : c’est ce que fait la tchadienne de 26 ans tous les jours. Ingénieure et informaticienne, la jeune femme fait chaque jour au moins une dizaine de kilomètres pour se rendre au travail au cœur de N’Djaména, la capitale tchadienne.
Désireuse d’apporter des solutions dans le quotidien de sa communauté, Bouchra Nassir Ousselat confie : « Je fais de la maintenance informatique. Je répare des ordinateurs qui tombent en panne, par exemple une unité centrale. Ici on peut faire le câblage des cartes mères, des disques durs, etc. Là, c’est une unité centrale qui est recyclée : on l’a montée sur un bidon… Vouloir, c’est pourvoir. J’ai voulu me lancer dans ce secteur pour apporter des solutions et des innovations à ma communauté. »
Bouchra Nassir Ousselat fait partie d’une élite de femmes tchadiennes ayant reçu une formation dans les sciences et les technologies. Elles ne représentent que 1,3 % en tout dans ce secteur. Selon le sociologue tchadien Félix Nangbatna, la femme n’est pas du tout considérée dans la communauté tchadienne.
« Au Tchad, il y a un dicton qui dit que la série scientifique, c’est pour les hommes, et les séries C, c’est-à-dire la couture, la coiffure et la cuisine, pour les femmes. C’est l’homme qui est mis en valeur. Même dans la langue sara, le mot femme veut dire « homme-chose ». On dit : ‘Ce n’est qu’une femme’. Et lorsqu’il y a des difficultés, elle est la dernière à être scolarisée », explique-t-il, concernant certains facteurs de blocage des initiatives des femmes.
Pour susciter l’intérêt des femmes pour le domaine des sciences et technologies, le gouvernement organise régulièrement des campagnes de sensibilisation. « Il n’y a pas assez de femmes dans le secteur des TIC. L’année dernière, on a sélectionné quelque 300 écolières pour les inciter à s’investir dans les TIC », affirme Abdelkerim Abakar Nassour, chef du service public chargé de faciliter l’accès des femmes aux télécommunications, au ministère des Postes.
À la fin du mois d’avril de chaque année, des campagnes de sensibilisation sont organisées au Tchad pour susciter l’engouement des filles pour les TIC et encourager leurs parents à les orienter vers les sciences, l’instar de Bouchra Nassir Ousselat.
Source : bbc afrique