Interview exclusive

Interview : l’honorable Germaine Kouméalo Anaté « je savais que je serai plus utile au Togo qu’en France »

Nous avons eu pendant 45 minutes une femme leader, Germaine Kouméalo Anaté, Directrice de l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA) à l’Université de Lomé, pour une interview exclusive.

L’honorable Germaine Kouméalo Anaté est une universitaire et écrivaine togolaise. Elle voit le jour un 15 juin à Kazaboua, dans la préfecture de Sotouboua au Togo. Le journaliste qui affirme qu’il n’est pas inspiré en faisant une interview à cette grande dame, c’est qu’il a un sérieux problème …rire (… Non seulement, elle incarne la grandeur du leadership de la femme africaine dans toute sa loyauté, mais également, elle représente l’incarnation de la perfection et possède la connaissance et un sens du devoir bien fait.

L’honorable Germaine Kouméalo Anaté est titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication à l’université Bordeaux III en France, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication.

Actuellement Directrice de l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts (ISICA), Germaine Kouméalo Anaté fut ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et de la Formation civique dans le gouvernement Seleagodji Kwesi Ahoomey-Zunu. Discrètement, depuis plus de dix (10) ans, elle impacte son environnement professionnel à travers multiples initiatives. Professionnalisme : c’est ainsi que nous décrivons celle qui nous fait l’immense honneur d’être notre « invitée du mois » du numéro 11 du magazine Ocean’s News.

Sociable et plus qu’humble, elle accepta notre invitation sans hésitation aucune… Nous sommes revenus sur son rôle au sein du gouvernement togolais dont elle tenait une tige à l’époque. Nous avons également parlé du Plan National de Développement  (PND)  lancé par son Excellence Faure Gnassingbé, Président de la République  togolaise, en mars dernier, sans oublier son nouveau poste de Député.

Profitez de ces quelques minutes de lecture…

Ocean’s News : Merci madame la Ministre de nous accorder ces quelques minutes de votre précieux temps. Levons le voile sur cette interview en nous relatant le plus bref possible votre parcours professionnel.

Germaine Kouméalo Anaté : Je suis écrivaine ayant publié plusieurs œuvres littéraires et je suis également enseignant-chercheur avec le grade de Maître de Conférences, en sciences de l’information et de la communication. Recrutée à l’université de Lomé, depuis 2007, je dirige actuellement l’Institut des sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA) ainsi que l’Equipe de Recherches sur les Organisations, la Communication et l’Education (EROS). Entre temps, j’ai occupé la fonction de Directrice de Cabinet du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (2012) ; puis de 2013 à 2015 celui de Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et de la Formation civique.

Ocean’s News : Après des études primaires à kazaboua et Bombouaka, puis un BAC littéraire  au lycée saint Athanase à Dapaong, vous vous envolez pour la France pour étudier les Sciences de l’Information et  de la Communication à l’Université Michel de Montaigne de Bordeaux III, sanctionnées  par un Doctorat. Parlez-nous de cette étape de votre vie.

Germaine Kouméalo Anaté : Avant de partir pour la France, je suis rentrée à l’Université du Bénin (devenue aujourd’hui université de Lomé) où j’ai obtenu deux diplômes : une Maîtrise en Lettres modernes et une Licence en Sciences de l’Education, entre 1988 et 1993. C’est en janvier 1995 que j’ai quitté le Togo pour aller poursuivre les études de troisième cycle en France, en trouvant une passerelle pour les études en communication. J’ai ainsi obtenu préalablement un diplôme universitaire de recherche (DUR) en sciences de l’information et de la communication sans lequel je n’aurais pas pu poursuivre les études doctorales en communication.

Ensuite, il y a eu le diplôme d’Études Approfondies (DEA) et enfin le doctorat que j’ai obtenu en 2004 à l’université Michel de Montaigne-Bordeaux (France). Les premières années en France ont été très difficiles parce que je n’avais pas pu obtenir une bourse au moment où je partais. Alors, il a fallu travailler tout en étudiant pour survivre et payer les études… Mais ce furent des années très riches d’expériences multiples. J’étais très déterminée et travailleuse. Surtout j’avais des rêves à réaliser…

Ocean’s News : Vous  auriez  pu  demeurer en France  et continuer votre carrière  professionnelle. Pourquoi ce choix de rejoindre votre terre natale ?

Germaine Kouméalo Anaté : Oui, vous avez raison. J’aurais pu rester travailler en France, c’est ce que j’avais commencé à faire. Mais les vraies motivations qui m’ont poussée à partir se sont réimposées à moi de manière implacable : j’étais partie pour revenir servir mon pays. Cet engagement que j’avais pris avec moi-même avant de quitter le Togo et qui a motivé le choix de ma formation, m’est revenu avec force à un moment décisif de ma vie. Alors, j’ai pris la décision de rentrer en 2007. Je devais tenir ma promesse et surtout, je savais que je serai plus utile au Togo qu’en France. Je ne l’ai jamais regretté.

Ocean’s News : Exactement ! Ce retour fut gagnant puisqu’en septembre 2013, vous êtes nommées Ministre de la Communication de la Culture, des Arts et de la Formation Civique, après avoir occupé le poste de Directrice de Cabinet du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Comment vous accueillez à l’époque cette nouvelle ?

Germaine Kouméalo Anaté : De plus, à cette époque, j’étais assez loin des milieux politiques. Mais l’effet de surprise passé, j’ai compris que ces opportunités s’inscrivaient bien dans la logique de ce pourquoi je suis rentrée au Togo, pour servir ce pays de la manière la plus totale possible. Alors j’ai accueilli ces postes avec humilité, comme un stage et une occasion qu’on m’offrait pour mieux connaître ce pays que j’aime et que je souhaite, de tout mon être, aider à construire.

Ocean’s News : A la tête de ce ministère, vous avez milité pour la valorisation de la culture de la terre de nos aïeux en soutenant plusieurs initiatives. Plus concrètement, quel bilan faites-vous de votre passage à ce poste ?

Germaine Kouméalo Anaté : En moins de deux ans ce n’était pas évident de réaliser beaucoup de choses mais, je rends grâce à Dieu du fait qu’avec mes collaborateurs, nous avons pu soutenir beaucoup d’initiatives et ouvrir de nombreux chantiers dans tous les domaines couverts par ce ministère, chantiers que d’autres poursuivent, dans la continuité du service public.

L’honorable Germaine Kouméalo Anaté
L’honorable Germaine Kouméalo Anaté

En réalité, il n’est pas nécessaire ici d’établir un véritable bilan mais de donner juste quelques actions à titre indicatif comme : l’organisation des Etats généraux de la presse en 2014, la politique de la formation civique avec le lancement du mois de civisme, l’opération Togo propre, la rédaction-publication du manuel de formation civique et d’éducation à la citoyenneté (2014-2015), etc. Dans la même période, il y a eu aussi le plan stratégique de la mise en œuvre de la politique culturelle du Togo, l’inventaire du patrimoine immatériel du Togo, etc. Nous nous réjouissons qu’après nous d’autres aient pu faire aboutir certains textes réglementaires sur lesquels nous avions travaillé : le texte sur le statut de l’artiste, la loi portant liberté d’accès à l’information et à la documentation publique, etc. Cependant, d’autres textes restent encore à être finalisés et à être adoptés…

Ocean’s News : Aujourd’hui Directrice de l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA) à l’Université de Lomé, vous êtes très engagée aux côtés des jeunes filles avec pour mission de les aider à trouver  le chemin  qui mène à la réussite. Quelle tâche incombe aussi bien le gouvernement togolais et les jeunes filles elles-mêmes pour une relève de femmes responsables et présentes aux endroits de prises de décisions au Togo.

Germaine Kouméalo Anaté : Pour moi, la « promotion » du rôle des filles et des femmes est une nécessité pour le développement équilibré de nos sociétés. C’est pourquoi je me bats à leurs côtés pour les aider à développer et à assumer pleinement leur leadership.

Le gouvernement doit promouvoir une éducation sensible au genre et poursuivre aussi une politique sensible au genre en appliquant par exemple, d’une manière intégrale, la loi sur la parité. Quant aux jeunes-filles (et les femmes en général), elles doivent se battre pour leur liberté et leur autonomisation, pour augmenter leurs chances de réussir dans la vie et d’occuper des postes de responsabilités pour celles qui le souhaitent. Elles ont besoin pour ce faire de s’approprier les bonnes valeurs, de se doter d’objectifs clairs à atteindre et de trouver de bons repères.  Cela commence aussi par un travail sérieux sur soi pour se libérer des pesanteurs psychologiques et socio-culturelles en augmentant l’estime de soi, la confiance en soi, en privilégiant l’effort et non la facilité, la recherche de l’excellence et non l’à-peu-près, en occupant sa place pleinement au sein de la société.

Ocean’s News : Depuis avril dernier, vous faites partie des députés qui siègent à l’assemblée nationale. Une nouvelle expérience après le poste ministériel que vous avez eu à occuper. Comment on se sent en étant investi d’un tel mandat ?

Germaine Kouméalo Anaté : Cette effectivement une nouvelle expérience, différente, mais tout aussi passionnante que celle du ministère. Toutefois, je mesure le poids des attentes des populations et la grande responsabilité que le parlementaire est appelé à assumer pour la bonne marche de la vie démocratique du pays ainsi que pour la transformation de la vie de nos communautés. Et cela concerne aussi bien le domaine législatif le contrôle de l’action gouvernementale que la gestion des questions de société.

Ocean’s News : Quel est donc le rôle qui vous est assigné ? Et que pensez-vous pouvoir apporter de plus au quotidien du citoyen lambda Togolais ?

Germaine Kouméalo Anaté : S’agissant du rôle qui m’a été assigné au sein de la législature actuelle, je suis premier rapporteur de la commission Éducation et Développement socioculturel. En tan qu’élue, je suis entendu au service des citoyens. En cela, je reste à l’écoute de leurs besoins et attentes. Au quotidien, nous essayons de rechercher des solutions à leurs différents doléances…

Ocean’s News : Parlons à présent de Madame  Germaine Anaté l’écrivain. Au début des années 2000, vous faites votre grande rentrée dans l’univers littéraire au Togo en devenant l’une des rares femmes dans ce monde jadis réservé  aux hommes. Après « Là où je ne suis pas » en 2016, à quand une nouvelle publication ?

Germaine Kouméalo Anaté : J’ai aujourd’hui cinq œuvres littéraires à mon actif dont, un roman, un recueil de nouvelles et trois recueils de poèmes. Le dernier, « Là où je ne suis pas », est un recueil de poèmes sorti en 2016. C’est vrai que les responsabilités administratives, mes engagements professionnels et associatifs, font que j’ai tendance à sacrifier parfois l’écriture par manque de temps. Mais j’ai d’autres chantiers littéraires en cours et espère pouvoir vous offrir bientôt une autre publication.

Ocean’s News : Il est difficile de terminer cet entretien sans vous demandez votre opinion sur le Plan National de Développement (PND) lancé le 4 mars dernier par son Excellence Faure Gnassingbé, Président de la République  togolaise.

Germaine Kouméalo Anaté : Sans entrer dans le fond des choses, je dirai simplement que tout ce qui peut contribuer à améliorer le bien-être des Togolais et à accélérer l’émergence économique du Togo est à encourager. Un plan est une très bonne chose puisqu’il indique clairement où l’on va et quels moyens mobiliser afin de réaliser les objectifs que l’on s’est fixés. Je ne peux que me réjouir et féliciter donc l’Etat togolais pour cette vision et ce cadre stratégique que représente le Plan National de Développement. Mais je suis consciente de l’énorme travail à faire pour atteindre les résultats escomptés, dans différents secteurs socioéconomiques. Il appartient dès lors à tous les Togolais, sous le leadership du gouvernement, de faire en sorte que ce plan soit déployé le plus loin possible pour le bien-être de tous…

Ocean’s News : Ce fut pour notre rédaction un grand plaisir ces quelques minutes passées avec vous. Qu’avez- vous  comme mot de fin ?

Germaine Kouméalo Anaté : Merci à Ocean’s News pour m’avoir donné la parole ! Je crois dans les capacités de l’homme à donner le meilleur de lui-même quand il le veut et je crois en Dieu qui nous a donné l’intelligence pour être des coopérateurs de la construction du monde non pas de manière égoïste et égocentrée, mais avec amour, respect et dévouement … Alors j’exhorte chaque Togolais et Togolaise à prendre conscience de sa responsabilité dans la marche du monde et du Togo en particulier. Si chacun faisait honnêtement sa part et pensait un peu aux autres, le pari du progrès et du vivre ensemble serait plus aisé à relever ensemble. C’est mon rêve !

Propos recueillis par Aimé APEDOH

Nouvelle parution du bimestriel panafricain Ocean's News

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