L’histoire de Komi Afetse part des rues de la ville de Lomé, de son quartier de Tokoin Doumassesse avec un malheureux chapitre, une détention de 4 mois dès son arrivée sur le sol américain. Il finit tout de même au Pentagone en tant qu’officier et ingénieur des systèmes de base de données pour l’armée américaine (département de défense).
Komi Afetse est issu d’une famille modeste de la préfecture d’Agou, plus précisément, Agou Nyogbo. Il passe son enfance dans les villes de Kara et Sokodé avant de poser ses valises à Lomé, capitale togolaise, dans le quartier de tokoin Doumassesse.
…Un rêve d’enfance
Son rêve américain prend vie sur les bancs de l’école alors qu’il a à peine 16 ans, nous raconte-t-il. « Mon rêve de rejoindre l’Amérique est né quand j’avais 16 ans. À l’époque, j’étais en classe de troisième au CEG Tokoin Nord. Nous étions en train d’étudier le continent Américain, particulièrement les États-Unis d’Amérique. De là, j’étais déterminé à aller découvrir un jour ce pays et y vivre. »
Une détermination qui a porté ses fruits bien des années plus tard. Il était alors en deuxième année à l’université de Lomé. Après 3 tentatives soldées par des échecs en 2001, 2002 et 2003, Komi Afetse finit par obtenir le visa étudiant en 2004. Pour le jeune étudiant qu’il était à l’époque, son rêve était devenu réalité mais c’est sans compter les difficultés qui l’attendaient sur son trajet.
…Début tumultueux pour un rêve américain
Komi Afetse arrive aux États-Unis le 24 mars 2004 mais il est jugé inadmissible sur le territoire américain après son entretien avec les officier de l’immigration. Début tumultueux pour un rêve américain puisqu’il va passer quatre (4) mois en détention. Il explique à la rédaction du magazine Ocean’s News comment il a pu tenir le coup. « Aux premières heures de ma détention, j’étais déprimé, triste et malheureux. J’ai beaucoup pleuré les premières semaines. Ce n’est que progressivement que j’ai regagné la motivation par la prière. Je cherchais dans ma misère ce qui pourrait être la leçon à apprendre. Mon histoire favorite que je lisais était dans la bible, l’histoire de Joseph vendu comme esclave et qui deviendra plus tard le premier ministre dans ce même pays. »
L’histoire de Komi Afetse est sans doute pas identique à celle de Joseph mais, elle n’en n’est pas loin. Les mois de détention n’ont pourtant pas ruiné ses espoirs de se construire une vie au pays de l’oncle de Sam. Dès sa sortie, il va se retrousser les manches en commençant par faire de petits boulots çà et là, de cuisinier à chauffeur de taxi. « Pour survivre, il fallait étudier et travailler à la foi, apprendre et s’ajuster à la culture d’ici », a-t-il expliqué.
Comme tous les migrants francophones, Komi Afetse a dû faire face à la barrière de la langue. Et c’est sans doute l’une des raisons qui l’avait conduit vers la détention. « A mon arrivée, je ne comprenais pas trop l’Anglais et on me posait des questions sur le pourquoi j’étais en retard en allant à l’université. Du coup je répondais avec hésitation ’’oui ou non’’ à des questions que je ne cernais pas », a-t-il confié à nouveau. Il fallait donc qu’il réapprenne l’Anglais et maitriser la langue pour espérer continuer ses études. Et c’est ce qu’il fera à force de persévérer.
…De Lomé au Pentagone
Dix (10) ans après son arrivée aux États-Unis et après une formation de cinq (5) mois, Komi Afetse rejoint les rangs de l’armée américaine. Plusieurs fois sur le terrain, il faisait partie de la troupe américaine présente sur le sol Djiboutien en octobre 2014. Il est actuellement ingénieur des systèmes de base de données pour l’armée américaine (département de la défense) et travaille au Pentagone.
Au début de cette aventure sur le sol américain, personne aurait parié que Komi Afetse pouvait avoir une aussi brillante carrière et de surcroît qu’il atterrirait au Pentagone. Lui-même ne l’avait pas envisagé. À cette question, il répond : « Non, pas du tout ce que moi je voulais c’était de venir et mener ma petite vie pour en faire quelque chose d’utile. Je suis moi-même positivement surpris par le rang que j’occupe actuellement. »
…Une carrière d’écrivain à l’horizon
À ses qualifications professionnelles, il faut désormais ajouter celle d’écrivain, car il publié en septembre 2018 son premier livre : « A la poursuite de mon rêve », de l’anglais « Chasing my dream. » Dans cette autobiographie, il raconte son histoire. Il parle de son enfance, sa famille, sa croyance, ses tentatives échouées de demande de visa, son premier jour en Amérique, son arrestation, sa vie en détention, il nous raconte comment il est parti de cuisinier à sa fonction actuelle d’ingénieur, officier travaillant au PENTAGONE.