DossiersEntrepreneuriat

Dossier : les défis des jeunes entrepreneurs africains

Le chômage fait rage et les jeunes en pâtissent le plus. Face à une telle situation, nombreux sont-ils à se lancer dans l’entrepreneuriat. Monde du possible et des opportunités, mais aussi un monde plein de défis à relever. Les jeunes entrepreneurs africains nous parlent de leurs quotidiens dans ce dossier réaliser par la rédaction du magazine Ocean’s News.

L’entrepreneuriat connait un essor considérable en Afrique. Constituée d’une population jeune en majorité, l’Afrique se tourne de plus en plus vers l’écosystème entrepreneurial. Cependant, l’entrepreneuriat en Afrique relève d’un vrai parcours de combattant. Les jeunes entrepreneurs africains doivent faire face aux lenteurs administratives, à un environnement des affaires inaccessibles sans oublier l’environnement culturel et social qui ne cesse de les ralentir.

Tant d’obstacles à braver qu’il n’est pas donné à tout le monde de réussir dans l’entrepreneuriat en Afrique. Et comme le dit Jacques Lerouieil, spécialiste financier basé à Kigali. « Lancer son affaire ne suffit pas, encore faut-il la pérenniser ». Il faut pour cela faire preuve de sérieux, de courage, de détermination, d’abnégation et de résistance aux pressions et chocs extérieurs. L’expression américaine « Only the strongests survive » (Seul les plus forts survivent) prend tout son sens dans la sphère entrepreneuriale africaine et dans le quotidien des jeunes entrepreneurs africains.

On pourrait classer les entrepreneurs par catégorie : les entrepreneurs par défaut et les entrepreneurs par vocation. Pour les premiers, entreprendre est une option provisoire en attendant de trouver le boulot parfait ou encore, ces jeunes entrepreneurs africains ont choisi cette voie parce que toutes les portes étaient fermées à eux. Ceux-ci ont peu de chance de réussir. Les entrepreneurs par vocation par contre ont de fortes chances de réussir car l’entrepreneuriat est avant tout une question de vocation. D’autres vont jusqu’à parler de passion. Deux catégories différentes d’entrepreneurs qui ont conduit un bon nombre de personnes à tirer la conclusion que « l’entrepreneuriat africain est davantage subi que choisi car c’est souvent en l’absence d’opportunités au sein du secteur formel, que certains finissent par se lancer dans l’entrepreneuriat pour générer un revenu minimum. »

Les difficultés dans l’univers entrepreneurial

Il faut dire qu’autant les jeunes entrepreneurs que les entrepreneurs ayant déjà de l’expérience professionnelle avérée sont confrontés aux mêmes difficultés quand ils décident d’entreprendre en Afrique. Pour vous plonger dans cet univers entrepreneurial et vous permettre de prendre connaissance de tout ce qu’il renferme, nous avons approché quelques jeunes entrepreneurs africains pour qu’ils partagent avec nous leurs difficultés au quotidien.

« Au quotidien il faut dire que la première difficulté c’est sur le plan moral et mental dû au manque de soutien de la famille. Parce que rares sont les familles qui accompagnent les jeunes entrepreneurs dans leur choix, rares sont les familles qui les comprennent et les soutiennent moralement dans leur décision. La plupart refusent catégoriquement l’idée. Ils n’ont pas cette vision de commencer maintenant et d’attendre 3, 4 voire 10 ans pour atteindre la liberté financière. Les entrepreneurs africains se battent tous les jours pour faire réussir leurs entreprises », témoigne DIASSO Serges, jeune entrepreneur burkinabè dans le domaine de l’élevage et l’agriculture.

Aux difficultés quotidiennes, il ajoute la question des imprévus. « Le deuxième obstacle est logique au niveau de toute activité. Ce sont les imprévus et l’inconnu parce que quand tu es dans une activité, il y a des prévisions faites sur certaines recherches mais tu ne peux pas dire de quoi sera fait demain, tu ne peux pas dire si tes plans vont marcher, donc il y a vraiment un inconnu total, une insécurité financière mais aussi mentale. »

Dans le même ordre d’idées, Princesse POADIAGUE Miss Burkina 2017, entrepreneure, promotrice de la marque de vêtements As’soué nous relève le point suivant : « En tant que jeune entrepreneur africain, il n’est souvent pas facile d’atteindre ses objectifs et réaliser le chiffre d’affaires prévisionnel. Si je prends le cas de notre structure qui se veut faire la promotion de l’artisanat et du textile burkinabè, nous remarquons que les populations apprécient plus les produits importés, ce qui fait baisser la vente. »

Quant à la jeune styliste Ruth Kokoé GABIAM, entrepreneure togolaise et promotrice de la maison de mode M’RODFASHION, pour elle, « les principales difficultés résident dans le manque de la main d’œuvre, des matières premières pour répondre aux besoins des clients et dans la difficulté à pouvoir évacuer les produits car la consommation locale est peu prisée. » Tant de difficultés qui de part et d’autres freinent souvent certains jeunes entrepreneurs africains dans leur lancée. Et que dira-t-on de cette incessante problématique de financement à laquelle les jeunes entrepreneurs africains sont confrontés ?

De cet aspect, Atobine Ibrahim NEBIE, jeune entrepreneur burkinabè dans l’élevage (production, commercialisation et distribution) nous parle à cœur ouvert. « Souvent tu as un marché et pour l’exécuter, il te faut un fond. Dans cette démarche de la recherche de ce fond, tu seras face aux problèmes de banques parce qu’on va te demander une garantie qu’il te sera difficile de rembourser. Et même au tout début de ton entreprise, tu fais tes estimations, ton business plan, ton planning et tout mais, pour trouver le financement c’est compliqué. Les gens ici n’ont pas le goût du risque. Souvent, ils peuvent voir un projet porteur, tu le mets sur papier tu fais tes estimations mais tu ne trouveras personne pour te financer. Et comme je le disais plus haut, les institutions de micro finance, elles proposent de faibles ressources de financements pour des taux d’intérêts élevés. »

DIASSO Serges cité plus haut évoque aussi cet aspect financier. « On te donne des sommes qui ne peuvent même pas t’aider à démarrer. Surtout dans le domaine de l’élevage qu’on le veuille ou pas, il faut de gros moyens sinon ce n’est pas la peine, tu n’auras pas des ouvriers pour travailler avec toi ni un appui technique ».

Des réactions qui nous conduisent à tirer la conclusion que les jeunes entrepreneurs africains doivent tout d’abord compter sur eux-mêmes, et leurs propres ressources car le financement public est très limité.

Nous retenons que l’Afrique regorge sans doute d’innombrables hommes et femmes aux projets émergents. Cependant, la réalité de l’entrepreneuriat sur le continent est telle qu’il faut plus que de l’ingéniosité pour tirer son épingle du jeu et aller au bout de l’aventure.

Nouvelle parution du bimestriel panafricain Ocean's News

Ocean's News

La rédaction du magazine Ocean's News est composée de Journalistes et Rédacteurs Web Togolais avec des correspondants dans certains pays d'Afrique : +228 9221 3818 / contact@oceans-news.com

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *