L’univers de la musique africaine et camerounaise pleurent une icône. À 86 ans, Manu Dibango, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz est décédé. Il était hospitalisé depuis plusieurs jours, après avoir été contrôlé positif au coronavirus.
La mort de Manu Didango a été annoncée par ses proches sur sa page Facebook ce mardi 24 mars 2020. « Il est décédé au petit matin, dans un hôpital de la région parisienne », a déclaré à l’AFP Thierry Durepaire, gérant des éditions musicales de l’artiste.
« Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible », peut-on lire sur la page Facebook du chanteur.
Parcours de l’artiste
Né au Cameroun en 1933, c’est dans la chorale du temple, où sa mère est professeur, que Manu Dibango s’initie au chant. Dans la même période, le gramophone parental lui fait découvrir les musiques françaises, américaines et cubaines, importées par les marins débarquant dans le port de Douala. Manu Didnago a 15 ans quand son père l’envoie étudier en France. Le voyage en bateau pour arriver à Marseille dur trois semaines
Arrivé en France, Manu Dibango fait la découverte du jazz. Passionné par cette musique, il ne s’en défait plus et, le saxophone devient son instrument fétiche. Il fait plus tard la rencontre du musicien Francis Bebey, un compatriote Camerounais. Ensemble, ils forment un groupe et se produisent dans des clubs. Dans la foulée, Manu Dibango rate son bac. Son père furieux lui coupe les vivres.
Il décide alors de se consacrer à la musique et prend la direction de la Belgique. Là-bas, son jazz s’africanise au contact de la communauté congolaise en pleine effervescence. Quand le Congo belge devient indépendant en 1960, Manu Dibango part pour Léopoldville, où il dirige un club et lance le twist.
Début 1960, le Cameroun est en guerre civile, Manu Dibango rentre en France. Il découvre le rythm and blues, des stars françaises de l’époque comme Dick Rivers ou Nino Ferrer l’engagent comme musicien. Il finit par enregistrer dans les années 90, un album de reprises des plus grands tubes africains Wakaafrika, un voyage de Dakar à Cape Town. De grands noms de la musique africaine et des stars en devenir à l’instar de Youssou N’Dour, Salif Keita, Angélique Kidjo, Peter Gabriel y participent. S’ensuivent beaucoup d’autres albums pour cet artiste qui deviendra plus tard une icône de la musique Camerounaise et africaine.
Manu Dibango a consacré entièrement sa vie à la musique. Il s’est fait connaitre avec un tube planétaire, quelques accords au saxophone et un refrain entêtant, en 1972, Soul Makossa entre dans la légende.
Étonnant destin pour cette face B d’un 45 tours, dont le titre phare était un hymne pour l’équipe de foot du Cameroun à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations. Repéré par des DJ new-yorkais, le titre fera la conquête des États-Unis et connaitra mille vies. Manu Dibango accusera même Michael Jackson de plagiat sur un morceau de l’album « Thriller » avant qu’un accord financier soit trouvé.