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Elisabeth Moreno : briser les plafonds pour connecter les femmes africaines et afro-descendantes

Elisabeth Moreno Elisabeth Moreno
Elisabeth Moreno, Portrait de la semaine n°66.

Elle n’a jamais aimé les trajectoires toutes tracées, ni les destins assignés. Avant d’être une figure publique, avant les tribunes officielles, avant les cabinets ministériels et les grandes salles où l’on décide, il y a eu une enfance marquée par le déplacement et l’adaptation. Elisabeth Moreno a d’abord été une enfant qui a appris très tôt à observer le monde depuis ses marges. Observer sans bruit, comprendre sans se plaindre et avancer sans demander la permission. Portrait. 

Elisabeth Moreno naît au Cap-Vert, dans une famille modeste, avant d’arriver en France encore enfant. Très tôt, elle apprend ce que signifie changer de pays, de codes, de repères. Née dans un environnement modeste, elle grandit avec cette conscience aiguë que tout n’est pas donné à parts égales. Que certaines portes s’ouvrent naturellement, quand d’autres exigent d’être poussées, parfois jusqu’à l’épuisement. Cette lucidité précoce forge son caractère. Elle apprend à travailler deux fois plus, à douter parfois, mais à ne jamais renoncer.

À l’école comme plus tard dans la vie professionnelle, elle avance avec cette conscience de devoir faire ses preuves, et de ne jamais perdre de vue d’où elle vient. Son parcours ne suit pas une ligne droite. Il est fait d’essais, de détours, de remises en question. Elisabeth Moreno connaît les moments de fragilité, ceux où l’on se demande si l’effort finira réellement par payer. Elle connaît aussi les silences pesants, quand les compétences sont là, mais que la reconnaissance tarde à venir. Être femme. Être noire. Être ambitieuse. Trois réalités qui, longtemps, ont semblé incompatibles dans certains cercles de pouvoir.

Elisabeth Moreno : Du secteur privé à l’expérience internationale

Elisabeth Moreno

Son ascension ne sera ni rapide ni linéaire. Après des études en gestion et en commerce, Elisabeth Moreno entre dans la vie active par la base, loin des projecteurs. Son premier poste est un poste commercial, un travail de terrain, exigeant et formateur. Elle y apprend la rigueur, l’écoute, la discipline. Elle y découvre aussi les plafonds invisibles qui freinent certaines trajectoires.

Pourtant, elle arrive à se construire une carrière solide dans le secteur privé, apprend les règles du jeu économique, les codes du leadership, les mécanismes de décision. Cette trajectoire dans le secteur privé la conduit, des années plus tard, à des postes de direction à l’échelle internationale, notamment en Afrique. Une expérience décisive. Elle y observe de près le potentiel du continent, mais aussi les freins structurels qui empêchent tant de talents, en particulier féminins, d’émerger pleinement. 

En juillet 2020, Elisabeth Moreno entre au gouvernement français, nommée ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Là, au cœur de l’appareil d’État, Elisabeth Moreno découvre la puissance, mais aussi les limites de l’action politique. Elle mesure à quel point une décision peut changer des vies, mais aussi combien certaines voix restent absentes des lieux où tout se décide. 

Elle exercera cette fonction jusqu’en mai 2022. Deux années intenses, exposées, exigeantes. Deux années qui la confrontent directement aux rouages du pouvoir politique, à la lenteur parfois des systèmes, mais aussi à leur capacité d’impact quand les décisions sont prises.

« Mon passage au gouvernement m’a profondément marquée. J’y ai vu à quel point une décision politique peut accélérer ou freiner l’égalité », confie-t-elle. Elle y comprend surtout que l’égalité ne se décrète pas uniquement depuis le sommet. Elle se construit dans l’articulation entre le terrain et le pouvoir. Entre celles qui vivent les réalités et celles qui ont la capacité d’influencer les systèmes. C’est de cette tension féconde qu’est née l’idée d’ADWIN.

ADWIN : connecter, autonomiser et rendre visibles les femmes africaines et afro-descendantes

Elisabeth Moreno

Lancée officiellement en juin 2025 dans la capitale ivoirienne, sous le Haut Patronage de la première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, ADWIN Foundation (African and African Descendant Women Impact Network) est une réponse à des années d’observations, de frustrations, d’espoirs accumulés. Une réponse à cette question obsédante : comment rendre visibles celles qui transforment déjà le monde sans reconnaissance ni moyens ?

Avec ses co-fondatrices George-Axelle Broussillon Matschinga, Experte Internationale en Management de la Diversité et Égalité femmes-hommes depuis les États-Unis et Prescillia Avenel-Delpha, Experte en Marketing Digital et EdTech depuis l’Afrique du Sud, Elisabeth Moreno choisit de bâtir un pont entre les femmes africaines et afro-descendantes du continent et celles de la diaspora. Un pont entre les réalités locales et les instances internationales. « Nous visions à connecter et autonomiser un million de femmes africaines et afro-descendantes d’ici 2030 », a confié Elisabeth Moreno.

Pour Elisabeth Moreno, le cœur du combat est de briser le plafond de l’invisibilité. Car, selon elle, le véritable plafond de verre ne se situe pas uniquement dans les conseils d’administration ou les sphères politiques. Il est aussi dans les récits dominants, dans l’accès au financement, dans la légitimité accordée ou refusée  aux femmes africaines et afro-descendantes.

ADWIN se structure autour de cinq piliers, non pas comme un slogan, mais comme une réponse aux besoins exprimés sur le terrain. Former avec WinSkills, pour transformer les compétences en leviers d’avenir. Accompagner avec WinConfidence, en créant des liens de mentorat intergénérationnels. Soutenir avec WinWell, pour le bien-être au cœur de la réussite. Accélérer avec WinCapital, pour lever le verrou du financement et ancrer avec WinHeritage, pour réconcilier mémoire, identité et leadership. Chaque pilier est un levier d’autonomie durable, mais pas comme une aide ponctuelle. 

Une portée mondiale et locale

Elisabeth Moreno

L’organisation se déploie à l’échelle mondiale, avec une fondation basée aux États-Unis et des chapitres implantés sur plusieurs continents. Ce choix n’est pas anodin. Il traduit la vision d’Elisabeth Moreno qui est de penser globalement sans effacer les spécificités locales

Le lancement d’ADWIN à Abidjan restera pour elle un moment fondateur. Dans la salle de la cérémonie, ce fameux 5 juin 2025, plus de mille cinq cents femmes venues d’Afrique, d’Europe, des Amériques et des Caraïbes se sont rassemblées, animées par la même énergie et des rêves qui se rejoignaient surtout. 

Aujourd’hui, Elisabeth Moreno ne parle plus seulement de parcours personnel. Elle parle d’héritage, de transmission et de responsabilité collective. ADWIN est le prolongement logique d’un chemin fait de luttes silencieuses, de réussites construites, d’échecs digérés et de la certitude que l’Afrique et sa diaspora n’ont pas besoin d’être sauvées. Elles ont besoin d’être reconnues, connectées et outillées.

Et c’est précisément à cette tâche qu’Elisabeth Moreno consacre désormais son énergie.

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