Au Cameroun, plus de 25 à 30 milliards FCFA ont été investis dans la fibre optique, soit l’équivalent de 45 à 54 millions de dollars, selon l’Agence de régulation des télécommunications (ART).
Pourtant, cette infrastructure stratégique reste largement sous-exploitée. Les abonnés continuent de dénoncer une qualité de service internet et mobile en baisse, marquée par des appels interrompus, une navigation instable et des débits souvent insuffisants.
Ces difficultés étaient au cœur d’une rencontre tenue le 16 septembre 2025 entre l’ART et les opérateurs de téléphonie mobile MTN Cameroun et Orange Cameroun. Le directeur général de l’ART, a appelé à une meilleure coordination entre les acteurs, prônant la mutualisation des infrastructures pour une efficacité économique accrue.
Les opérateurs, de leur côté, estiment que l’accès à la fibre optique n’est pas financièrement soutenable dans les conditions actuelles et demandent des tarifs plus compétitifs.
Pour les opérateurs mobiles, la fibre optique n’est pas un service commercial direct mais une infrastructure essentielle pour le backhaul, c’est-à-dire l’acheminement du trafic entre les antennes et les nœuds centraux des réseaux. Or, MTN et Orange ne peuvent pas déployer la fibre jusqu’aux abonnés, cette prérogative revenant exclusivement à Camtel, l’opérateur historique.
Ce dernier gère un réseau national de 15 812 km et assure la fourniture de la capacité internationale. Mais Camtel fait face à une situation financière préoccupante : une dette estimée à 600 milliards FCFA en 2022 et un manque chronique de liquidités pour entretenir ou moderniser son réseau.
En février 2025, Camtel a reproché à Orange Cameroun de privilégier la fibre noire (non activée) sans recourir aux solutions dites « managées », qui intègrent une redondance automatique en cas de panne. L’opérateur public estime que l’adoption de ces services alternatifs permettrait de renforcer la continuité et la sécurité du réseau, limitant ainsi les interruptions fréquentes constatées par les abonnés.
Au-delà des enjeux liés à la fibre optique, d’autres défis persistent : l’alimentation électrique irrégulière des sites télécoms et l’insécurité dans certaines régions, qui compliquent l’entretien des infrastructures.
