À partir d’os provenant de dépouilles d’animaux, Pitika Ntuli, un artiste sud-africain a fabriqué 45 sculptures. Utiliser les dépouilles d’animaux pour concevoir des sculptures est un nouveau concept qui s’inscrit dans le « Recycl’Art ». Il ouvre la voie à une activité économique responsable dans le domaine artistique, tout en interpellant sur les actions humaines qui détruisent l’environnement.
Pitika Ntuli est un artiste sud-africain connu pour avoir conçu des sculptures à partir d’os d’animaux morts. Il travaille avec des matériaux qu’il collecte dans les décharges et les dépôts de ferraille, et des os qu’il récupère dans des réserves naturelles. Sa collection composée de 45 sculptures est baptisée « Azibuyele Emasisweni », qui se traduit par « Retour à la source ». Elle appelle la société à revenir à la source du savoir africain pour trouver le moyen de résoudre les problèmes contemporains.
Il a monté cette exposition en vue d’interpeller l’humanité sur la protection de l’environnement. Selon lui, les actions humaines sont à l’origine des catastrophes que connaît la planète. « Nous devons nous préparer à d’autres pandémies, parce que nous avons tout simplement manqué de respect à la nature. Nous l’avons noyée dans du plastique et des nappes d’huile. Nous avons laissé s’installer des pratiques de safaris pour touristes. Ils viennent et ils tuent des animaux justes pour accrocher des trophées à leurs murs », a-t-il déploré sur la DW.
En Afrique du Sud, le safari-chasse est particulièrement prisé. Cette pratique décriée consiste à chasser de grands animaux sauvages en vue de s’offrir des trophées, qui se négocient ensuite entre 400 et 600 dollars, en fonction des organisateurs de safaris. Strictement encadré, le safari-chasse est légal dans une vingtaine de pays africains. Selon le sculpteur de 80 ans, de telles pratiques sont une menace pour la faune locale. Son travail vise à attirer l’attention sur tout ce qui met en danger la survie des animaux.
D’autres artistes sur le continent utilisent des méthodes similaires à celles de Pitika Ntuli. En Éthiopie, Lij Yared et Estifanos Beley se servent d’os d’animaux et de plastique pour créer des sculptures et des tableaux. L’association de l’art et du recyclage a permis de développer de nouvelles techniques artistiques. Le mouvement est considéré comme une évolution pour le recyclage comme pour l’art. Au-delà de l’aspect environnemental, le recyclage dans l’art permet de monter de nouvelles activités, créant de nouvelles opportunités fondées sur une économie responsable.
L’utilisation d’os provenant d’animaux morts pour créer des œuvres d’art peut être un sujet sensible, tout comme la taxidermie (méthode artistique qui consiste à empailler les animaux). Toutefois, ce concept est avant tout un excellent moyen pour les artistes comme Pitika Ntuli, de créer tout en interpellant sur la protection de la faune.
Le travail de Pitika Ntuli a été exposé dans des musées pour des visiteurs venus de différents coins du monde, mais aussi sur une plateforme en ligne où les sculptures sont associées à des poèmes et de la musique produite par certains des plus grands promoteurs culturels sud-africains. Il a participé à de nombreuses expositions en Europe et aux États-Unis, et nombre de ses sculptures se trouvent dans des collections d’art privées et publiques. Plusieurs musées sud-africains prévoient de l’accueillir en 2021.
Source : agenceecofin