C’est une scène qui pourrait bien marquer l’histoire énergétique africaine : pour la première fois, de l’essence produite au Nigéria a traversé l’Atlantique pour rejoindre les installations de Sunoco, à New York Harbor. À son bord, le navire Gemini Pearl transportait 320 000 barils issus de la raffinerie de Dangoté, plus grande unité de raffinage d’Afrique, symbole des ambitions nigérianes sur le marché mondial.
Pour la première fois, une cargaison d’essence produite au Nigéria a été livrée aux États-Unis. Le navire Gemini Pearl a transporté environ 320 000 barils, réceptionnés par Sunoco dans ses installations de New York Harbor. L’opération a été menée par le négociant suisse Vitol, qui a acheté le produit avant de le revendre à Sunoco.
Jusqu’ici, le Nigéria, premier producteur africain de pétrole brut, était surtout connu pour sa dépendance aux importations de carburant, faute d’infrastructures locales de raffinage. Avec cette expédition, l’essence produite par la raffinerie de Dangoté peut rivaliser avec celle des grands centres de raffinage mondiaux.
L’acceptation du produit aux États-Unis, l’un des marchés les plus exigeants en matière de qualité, valide l’ambition de l’industriel Aliko Dangote de faire de son complexe le pivot énergétique non seulement du Nigéria, mais aussi de l’Afrique et au-delà. « Le fait que l’essence issue de Lagos soit acceptée aux États-Unis est un signe fort de crédibilité », commente un analyste du secteur pétrolier.
Cette première livraison n’est pas isolée. D’autres cargaisons sont attendues dans les prochaines semaines. Glencore, un autre géant suisse du négoce, a notamment vendu un lot à Shell, attendu autour du 19 septembre 2025. Un second navire devrait également accoster vers le 22 septembre. Ces transactions confirment la montée en puissance rapide de la raffinerie de Dangoté, qui ambitionne de jouer bien au-delà des besoins du marché local.
Malgré cette percée, l’élan pourrait connaître un ralentissement. Selon des informations de marché, l’unité de production d’essence de Dangote pourrait être arrêtée pour deux à trois mois de maintenance technique. Un contretemps qui n’entame toutefois pas la stratégie du groupe qui compte devenir un acteur important du commerce mondial de l’énergie et un fournisseur clé pour l’Afrique comme pour les grandes économies.