De la finance parisienne aux infrastructures numériques africaines, Selena Souah a choisi de déplacer le centre de gravité de sa carrière vers le continent. Fondatrice de Revolution’Air, opérateur télécom basé au Rwanda, et de RegCard, une solution numérique pour l’hôtellerie, la Franco-Gabonaise construit des outils concrets pour renforcer la souveraineté numérique de l’Afrique.
Lorsque Selena Souah évoque l’Afrique, sa voix se charge d’une énergie qui dépasse les chiffres et les business plans. Pour elle, le numérique est un instrument d’autonomie. « Tant que nous dépendrons d’infrastructures construites ailleurs, nous ne maîtriserons pas notre destin », a-t-elle confié lors d’un forum sur la souveraineté numérique.
Selena Souah n’a pas choisi la voie la plus confortable. Diplômée de l’ISC Paris et passée par la finance, elle quitte les tours vitrées de la capitale française pour se confronter à un autre type de calcul, celui de la connectivité en Afrique. Ce choix a été nourri par le constat du déséquilibre de la dépendance numérique africaine face aux grands acteurs internationaux.
Revolution’Air : l’audace d’une opératrice panafricaine
En 2020, Selena Souah fonde Revolution’Air Ltd, un opérateur télécom rwandais obtenu sous licence d’exploitation de 15 ans. Le pari est immense : construire un réseau Internet africain pensé par et pour les Africains. Au fil des années, l’entreprise est devenue un acteur émergent, avec l’ambition de connecter les zones rurales et d’apporter une qualité de service accessible à tous.
Le Rwanda, pays symbole d’innovation numérique, devient son laboratoire. Depuis Kigali, elle pilote une équipe multiculturelle et tisse des partenariats à travers la région. Dans ses interventions publiques, elle martèle que « l’Afrique doit cesser d’être un marché de consommation pour devenir un espace de production technologique. »
À côté de ce défi d’infrastructure, l’entrepreneure Franco-Gabonaise lance RegCard, une solution digitale qui simplifie l’enregistrement des voyageurs grâce à un QR code unique. La plateforme vise à moderniser le secteur hôtelier africain, souvent ralenti par des processus manuels et chronophages.
Son objectif est de faire gagner du temps, sécuriser les données, et donner à l’Afrique les standards de fluidité technologique qu’elle mérite. Ce projet s’inscrit dans la même philosophie que celle de la souveraineté numérique, où les données africaines sont hébergées et traitées par des acteurs africains.
Selena Souah : De la finance à la souveraineté numérique
Ce passage du monde financier à celui des télécommunications n’a rien d’improvisé. Selena Souah fait partie de ces modèles d’entrepreneurs hybrides, capables d’assembler la rigueur économique et la vision technologique. Administratrice à l’Aspen Institute France, elle participe régulièrement à des forums internationaux (de l’Europe-Africa Forum à Women in Tech), où elle plaide pour un modèle africain d’innovation fondé sur la résilience et la coopération régionale.
À ceux qui doutent encore de la capacité du continent à rivaliser dans le domaine du numérique, elle répond par des faits, des équipes locales, des technologies développées sur place, des partenariats régionaux solides. Et surtout, une foi inébranlable dans la jeunesse africaine.
Derrière son ton calme et sa diction précise, on devine une détermination forgée par les obstacles. Selena Souah ne se revendique pas militante, mais actrice du changement. Elle fait partie de ces femmes qui, sans fracas, réécrivent la place de l’Afrique dans l’économie mondiale.
