Un consortium dirigé par la société américaine Hydro-Link, filiale de Symbion Power, et le groupe suisse Mitrelli, s’apprête à lancer l’un des projets énergétiques les plus ambitieux d’Afrique centrale. Il s’agit d’une “ligne électrique Angola-RDC” de 1 150 kilomètres, d’un coût estimé à 1,5 milliard de dollars américains qui relie l’Angola à la République Démocratique du Congo (RDC). Cette infrastructure, d’une capacité de 1,2 gigawatt, fonctionne sous 400 kilovolts et permettra d’acheminer l’électricité issue des barrages hydroélectriques angolais vers la région minière du Copperbelt congolais.
Le projet de “ligne électrique Angola-RDC” est une initiative portée par la société américaine Hydro-Link, filiale de Symbion Power, et le groupe suisse Mitrelli. Ce projet vise à combler le déficit énergétique chronique dont souffrent les provinces minières du sud de la RDC, notamment Kolwezi et Lubumbashi, où les besoins en électricité ne cessent de croître.
Ces zones, riches en cuivre et en cobalt, subissent encore de fréquentes coupures de courant qui ralentissent la production industrielle et découragent les investissements. Avec l’importation de l’énergie hydroélectrique excédentaire de l’Angola, la RDC pourrait enfin garantir une alimentation stable et durable à ses exploitations minières, tout en favorisant la transformation locale de ses ressources naturelles.
L’entreprise Hydro-Link, basée aux États-Unis, et son partenaire Mitrelli, groupe d’ingénierie et d’investissement suisse, ont signé un mémorandum d’entente pour le développement de cette infrastructure électrique. Leur ambition commune est de relier les réseaux énergétiques des deux pays par une interconnexion régionale moderne et sécurisée. Selon les informations publiées sur Mitrelli.com et African Business, la ligne électrique sera construite en double circuit 400 kV afin d’assurer une transmission continue et efficace de l’électricité sur plus de 1 150 kilomètres de terrain, traversant des zones parfois difficiles d’accès.
Ce projet de ligne électrique Angola-RDC n’est pas directement financé par le gouvernement américain, mais il s’inscrit dans une dynamique de partenariats public-privé (PPP) et pourrait bénéficier du soutien d’institutions financières telles que la U.S. International Development Finance Corporation (DFC) ou l’US Export-Import Bank. L’investissement de 1,5 milliard USD montre l’engagement du secteur privé américain et européen dans la modernisation énergétique du continent africain.
L’impact attendu du projet dépasse largement le cadre énergétique. L’interconnexion Angola-RDC contribuera à renforcer l’intégration régionale et à stimuler la compétitivité économique de la zone. L’énergie transmise permettra de réduire le coût de production du cuivre et du cobalt, d’attirer de nouveaux investisseurs dans la Copperbelt et de soutenir la croissance d’entreprises locales dépendantes de l’électricité.
Sur le plan social, le chantier de la ligne électrique de transmission créera des milliers d’emplois directs et indirects, et favorisera le développement d’infrastructures locales comme des routes, bases techniques, logements de chantier et réseaux de communication. À plus long terme, une meilleure stabilité énergétique pourrait encourager l’installation d’industries de transformation et réduire la dépendance du pays aux importations de produits finis.
Ligne électrique Angola-RDC : un projet à dimension stratégique géopolitique pour l’Afrique centrale
Au-delà des aspects économiques, ce projet revêt une forte dimension géopolitique. Dans un contexte où la maîtrise de l’énergie devient un enjeu stratégique mondial, la ligne électrique Angola-RDC de 1,5 milliard USD permettra de consolider la coopération entre deux pays frontaliers et de renforcer la souveraineté énergétique de la région. Elle symbolise aussi le retour d’investisseurs américains et européens sur un terrain où la Chine occupe depuis des années une position dominante dans le financement des infrastructures africaines.
Selon des experts cités par Enerdata et AllAfrica, ce type de projet pourrait à terme s’intégrer au réseau électrique de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et contribut à l’interconnexion énergétique du continent. Les études de faisabilité et les évaluations d’impact environnemental sont en cours. Les promoteurs visent un démarrage effectif des travaux en 2027, pour une mise en service complète d’ici 2029. Si le financement global est finalisé comme prévu, la ligne Angola-RDC deviendra l’une des plus longues et des plus puissantes lignes de transmission haute tension du continent africain.
À travers ce projet, Hydro-Link et Mitrelli entendent prouver que l’investissement privé peut jouer un rôle central dans le développement des infrastructures énergétiques africaines. Pour la République démocratique du Congo, c’est une occasion de transformer durablement son paysage énergétique, d’asseoir son indépendance industrielle et de bâtir une économie plus résiliente face aux défis de demain.