Face au Covid-19 qui gagne de plus en plus l’Afrique, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète de la pénurie d’équipements médicaux adaptés. Une inquiétude partagée par les experts du Programme alimentaire mondial.
Lors d’une communication organisée le 2 avril 2020, conjointement avec le Programme alimentaire mondial (PAM), l’OMS a indiqué que « la pandémie du coronavirus en Afrique est à un tournant. » Alors que le cap du million de malades est sur le point d’être franchi au plan mondial, le continent n’en compte encore que quelques milliers.
Aujourd’hui, le nombre de malades augmente vite, comme il fut le cas dans d’autres régions du monde touchées plus tôt par le coronavirus. Face à cette situation, l’OMS s’interroge et s’inquiète du sous-équipement chronique du continent en respirateurs, nécessaires pour maintenir en vie les personnes les plus sévèrement atteintes par la maladie.
Les principaux sujets de préoccupation identifiés par les experts de ces organisations
Selon le responsable des opérations d’urgence de l’OMS en Afrique, Michel Yao, l’Afrique a mis longtemps à atteindre les 1 000 cas mais, ces dix derniers jours, ce nombre a été multiplié par quatre (et même plus de six à ce jour, ndlr). C’est une progression rapide, « qui correspond à ce qui a été observé en Chine et en Europe ». L’augmentation est liée à la fois au plus grand nombre de tests effectués et à la propagation de la maladie et, bien sûr, elle est « préoccupante ».
Le confinement, une solution mais difficile à mettre en œuvre
Le Docteur Matshidiso Moeti observe qu’un nombre croissant de pays imposent des mesures de confinement total ou partiel : Afrique du Sud, Botswana, Nigeria, Congo… Toutefois, elle reconnaît que la question de la faisabilité se pose, notamment pour les familles vivant dans de petits espaces ou les personnes dont la survie dépend d’une activité quotidienne. Matshidiso Moeti plaide pour des mesures adaptées susceptibles, au moins, de limiter la propagation : garder ses distances, fournir aux populations de quoi se laver les mains…
Permettre la circulation des denrées alimentaires
Lola Castro, directrice régionale du PAM pour l’Afrique australe, travaille sur les questions alimentaires au sud du continent et souligne deux catégories de problèmes. D’abord, le fait que le virus frappe des régions et des populations déjà en état d’insécurité alimentaire. Ensuite, les difficultés rencontrées par les agriculteurs et les producteurs de produits alimentaires. Son équipe est basée en Afrique du Sud et, grâce aux autorités qui ont ouvert des corridors humanitaires depuis l’aéroport de Durban, le PAM parvient à fournir le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi ou la Zambie.
Pour elle, le plus important est de permettre la circulation des semences et des produits agricoles, de laisser certains marchés ouverts, de ne fermer ni les ports ni les frontières… Les populations urbaines sont souvent les plus touchées, comme à Brazzaville où le PAM a identifié 20 000 personnes à qui fournir une aide alimentaire dès qu’il sera possible de l’acheminer.
Pas de respirateurs made in Africa
La question du nombre de respirateurs et de lits de réanimation disponibles est cruciale, car ces équipements permettent de limiter la mortalité des patients atteints de formes sévères du coronavirus. Mais Matshidiso Moeti est franche : il est très difficile d’obtenir des données fiables : « Nous y travaillons. Ce qui est sûr c’est qu’il y a un écart énorme entre les besoins et ce dont nous disposons, d’autant que la demande est mondiale et que les transports sont perturbés ».
Le problème, ajoute Michel Yao, c’est que l’Afrique ne fabrique pas de respirateurs : « Nous sommes en relation avec les pays et les entreprises qui en produisent, mais il faut que la répartition mondiale se fasse de façon solidaire. Ce qui est très difficile quand certains pays comptent actuellement plus de 3 000 patients en soins intensifs. »
Source : Jeuneafrique