Maram Kairé est devenu en quelques années une figure centrale de l’astronomie et du spatial au Sénégal. Ingénieur de formation et astronome autodidacte, il a coordonné plusieurs campagnes scientifiques avec la NASA et conduit le pays vers ses premières réalisations spatiales. Portrait.
À douze ans, un livre d’Hubert Reeves tombe entre ses mains. Cette découverte allume une passion que rien n’éteindra. À quatorze ans, il assemble son premier télescope artisanal dans la cour familiale à Dakar. Le ciel nocturne devient son laboratoire. Autour de lui, certains s’inquiètent. « Tu regardes trop les étoiles, tu vas devenir fou », entend-il parfois. Son père, pragmatique, lui conseille une voie plus « sérieuse ». Mais Maram garde sa passion intacte.
Ce rêve d’adolescent marque le début d’un parcours singulier ; celui d’un passionné qui mènera le Sénégal jusqu’aux missions de la NASA et au lancement de son premier satellite. Il choisit des études en ingénierie, spécialisé en systèmes et réseaux, une orientation qui rassure ses proches et lui offre des bases solides.
De retour au Sénégal en 2006, il fonde l’ASPA (Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie). Là, il partage son émerveillement. Dans les écoles, dans les villages, il installe ses télescopes. Les enfants découvrent pour la première fois les cratères de la Lune, les anneaux de Saturne. Ces soirées d’observation deviennent des rendez-vous populaires et éveillent des vocations.
En 2018, la NASA choisit le Sénégal comme terrain d’observation pour une occultation stellaire. Maram Kairé coordonne la mission. Des dizaines de scientifiques étrangers débarquent à Dakar. Caméras, télescopes, équipements sophistiqués. C’est une aventure scientifique inédite pour le pays.
Deux autres campagnes suivront, en 2020 et 2021, liées à la mission Lucy. Quelques années plus tard, un hommage lui est rendu. Un astéroïde est officiellement baptisé (35462) Maramkaire par l’Union Astronomique Internationale. Son nom figure désormais dans le ciel, gravé parmi les étoiles.
Maram Kairé : de Dakar aux étoiles

Chez lui, à Dakar, les murs affichent autant de souvenirs célestes que de décorations officielles. En 2023, Maram Kairé est élevé au rang de Commandeur de l’ordre national du Lion. Mais ce qui le rend le plus fier reste ses projets de vulgarisation. Le spacebus qu’il a lancé sillonne le pays, et amène l’astronomie jusque dans les villages reculés.
Maram Kairé aime rappeler la clarté des nuits de son enfance. Aujourd’hui, en tant que directeur de l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), il œuvre pour que la prochaine génération ne soit pas obligée de partir à l’étranger pour toucher aux sciences spatiales.
Le public sénégalais l’a aussi vu intervenir lors d’événements marquants. Quand un phénomène lumineux traverse le ciel en 2024, il rassure la population qu’il s’agit d’une rentrée atmosphérique, un objet spatial qui brûle dans l’atmosphère.
Dans un autre registre, son observation du croissant lunaire pour les grandes fêtes religieuses avait fait de lui une figure populaire. Désormais, en tant que responsable institutionnel, il doit s’abstenir, mais il reste une référence en matière de précision scientifique.
Plus récemment, le 24 juillet 2025, le Sénégal, représenté par Maram Kairé, a signé les Artemis Accords à la Maison Blanche, un geste diplomatique et scientifique qui inscrit le pays dans les coopérations internationales pour l’exploration lunaire et spatiale. Cette signature symbolise l’ambition sénégalaise de jouer un rôle actif dans les futures missions et dans la gouvernance spatiale.