À 23 ans, Mohamed Aarif Tiama a déjà expérimenté l’échec et l’innovation, l’erreur et la leçon, et surtout, l’envie de transformer son environnement. Né à Ouagadougou, mais établi à Abidjan, il découvre dès le lycée le goût de l’entrepreneuriat avec la création d’un groupe WhatsApp payant pour aider ses camarades à réviser les épreuves des examens du Baccalauréat. Une initiative modeste, mais révélatrice d’un esprit déterminé à créer de la valeur.
Arrivé à Dakar pour ses études en finance et actuariat au Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (CESAG), Mohamed Aarif Tiama passe ses soirées à coder et à tester de nouveaux projets. C’est ainsi qu’il développe Tickets-Place.net, une plateforme de billetterie en ligne qui vend des milliers de tickets pour des concerts. Mais un problème persiste. Les spectateurs perdent leurs billets. Papier froissé, QR code illisible… et l’idée lui vient alors, simple et lumineuse. « Et si un visage peut remplacer un ticket de concert, pourquoi ne pourrait-il pas devenir un moyen de paiement ? », raconte-t-il.
Cette intuition se transforme en projet concret, matérialisé sous le nom Kanam Pay, la première solution de paiement par reconnaissance faciale en Afrique, lancée en 2025 à Abidjan. La plateforme permet de régler achats et services sans carte, sans téléphone ni terminal. Il suffit de scanner le visage pour que le paiement soit validé en moins de cinq secondes. Interopérable avec Visa, Mastercard, GIM UEMOA et les principaux wallets mobile money, Kanam Pay se prépare à connecter toutes les banques et fintechs de la zone UEMOA.
Le déclic de Mohamed Aarif Tiama ne s’est pas limité au monde de la billetterie. Une expérience personnelle a révélé le véritable enjeu. Un jour, confronté à l’urgence d’un ami nécessitant des soins, il réalise que le paiement, en Afrique, peut être une question de vie ou de mort. Si un visage peut remplacer un billet, il peut aussi sauver des vies en servant de moyen de paiement universel. Face aux exigences de la BCEAO, il a choisi un pivot stratégique. Il veut faire de Kanam Pay un opérateur technologique, en partenariat avec les institutions financières. Cette approche lui permet de respecter la réglementation en accélérant l’accès à l’inclusion financière.
Aujourd’hui, avec une équipe de six personnes, Mohamed Aarif Tiama teste et déploie sa solution. Les premiers pilotes au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire ont été concluants, et les ambitions sont grandes. Le jeune entrepreneur burkinabè compte faire le lancement officiel de Kanam Pay fin 2025 avec une extension à toute la CEDEAO, l’intégration à plus de 50 000 sites e-commerce, et une connexion avec des plateformes internationales comme Netflix et Amazon.
Unique entrepreneur burkinabè du palmarès 2025 du programme L’Afrik De Demain, Mohamed Aarif Tiama confie que ce programme a joué un rôle décisif dans son jeune parcours. « L’Afrik De Demain nous offre visibilité, crédibilité et accompagnement. Grâce à L’Afrik De Demain, nous avons une voix plus forte pour dire que l’inclusion financière en Afrique a un visage. Et ce visage, c’est Kanam Pay », a-t-il déclaré.
Avec Kanam Pay, un visage suffit désormais pour payer. Et derrière ce geste simple se cache la promesse de Mohamed Aarif Tiama de rendre le paiement en Afrique plus sûr, inclusif et universel.
* Cet article est réalisé dans le cadre de la cinquième édition du programme L’Afrik De Demain (ADD 2025), une initiative qui révèle, forme et accompagne chaque année vingt (20) jeunes entrepreneurs africains. ©️ OCEAN’S NEWS – TOUS DROITS RÉSERVÉS.