La mode africaine a de beaux jours devant elle et le marché de son textile s’annonce prometteur. Selon la banque africaine de développement (BAD), la taille du marché s’élèverait à 31 milliards de dollars. La diaspora n’est pas en reste non plus, à l’instar de Wazal Couture, créée par Joseph-Marie Ayissi Nga.
Il n’est jamais à court d’idées, Joseph-Marie Ayissi Nga, fondateur de Wazal Couture, voit grand pour « son » Afrique. « À travers mes collections, je mets en valeur l’artisanat et le design africain. Depuis plusieurs années, je promeus notre excellence auprès de la diaspora et des acteurs de la mode », a-t-il expliqué à la rédaction du magazine Ocean’s News.
Il faut dire qu’il n’est pas le seul à emprunter ce chemin. Alphadi, célèbre couturier nigérien, en a fait son cheval de bataille. « La mode africaine inspire les créateurs du monde entier. Et la diaspora peut servir de relais auprès des créateurs africains en les valorisant à l’intérieur comme à l’extérieur du continent », a expliqué Alphadi.
Un message visiblement bien reçu par Joseph-Marie Ayissi Nga, un créateur issu de la diaspora camerounaise établie en France. « Wazal couture est le fruit d’une longue réflexion. Elle est aussi née de ma passion pour le stylisme que m’a transmis mon père, Pierre Célestin Ayissi, dans les années 80 », explique-t-il. Puis, il poursuit : « Notre concept a été inspiré du célèbre parc naturel de WAZA, situé dans l’extrême nord du Cameroun. Je souhaitais me démarquer, en montrant ma détermination tout en reflétant la beauté du parc. Pour ce faire, j’ai ajouté le “L” en référence au lion. Comme vous le savez, le lion est un animal féroce, mais très beau, un roi calme tant qu’on ne l’embête pas », a-t-il conclu.
L’exemple rwandais
Si Wazal Couture vise d’abord le marché européen, Joseph-Marie Ayissi Nga souhaite rapidement s’étendre vers le continent. Mais plusieurs obstacles peuvent freiner les envies d’expansion. « Les obstacles juridiques et administratifs ne sont pas toujours évidents à lever. Mais j’ai la persévérance pour les surmonter », explique-t-il alors qu’il espère créer une usine dans les prochaines années au Cameroun.
Pourtant, certains États semblent avoir pris conscience du potentiel du secteur du textile. Le Rwanda a fait montre de sa volonté de produire localement ses vêtements. Kigali a ainsi créé des zones franches avec exemptions de taxes pour les entreprises désireuses d’implanter leurs usines de fabrication de vêtements au Rwanda. Une démarche qui a été fortement critiquée par Washington, mais elle est largement approuvée par les acteurs du système. « Les Africains doivent promouvoir leur savoir-faire à l’intérieur de notre continent. Ce genre de mesures va dans le bon sens », affirme Joseph-Marie.
Joseph-Marie Ayissi Nga, un parcours bien enraciné
Sa conviction panafricaniste, le styliste l’a développé très jeune. « Depuis l’adolescence, j’ai toujours voulu porter le rayonnement de l’Afrique au cœur de mon combat. C’est presque une mission », dit-il. Et concernant sa vocation, il n’a pas tardé pour la mettre rapidement en œuvre dans le secteur de la mode. « J’ai créé Wazal Couture en 2005. Mais ma passion pour la couture remonte aux années 1980 au Cameroun, pays où je suis né. Je passais mon temps dans l’atelier de mon père qui était lui-même couturier », se remémore-t-il.
Puis c’est en 2005 qu’il intègre finalement l’école de mode de Vanessa Ruiz à Paris. Un apprentissage qui lui a été nécessaire. « J’ai pu me construire un réseau et peaufiner mes techniques », se réjouit le styliste, aujourd’hui compté parmi les meilleurs de sa génération.
Depuis sa création, la marque Wazal a fait son chemin, bousculant les codes de la mode à travers ses multiples collections : Braguette Tété, Africafutur, Wazal Rock (2013), Ova Tété et Wazal (2016-2017), Kaliflagilistik (2018-2019). Inutile de dire que Wazal Couture n’a pas fini de frapper les esprits du monde de la mode.