Le 11 avril 2020, une nouvelle terrible a secoué tout le Togo, l’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo venait de rendre l’âme. Homme politique et homme de lettres, il a été un visage important de la scène politique et administrative aussi bien togolaise qu’africaine. Il faisait partie de ces hommes qui ont marqué l’histoire de son pays, le Togo.
Qui était l’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo ? Quel a été son parcours et qu’est-ce qui lui a valu une si grande renommée aussi bien au Togo que dans le reste du monde ? La rédaction du magazine Ocean’s News a pris le soin de vous dresser dans ce portrait ce qu’il faut savoir de ce grand homme.
Le parcours d’un jeune politicien
L’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo est né le 23 mai 1938 à Sokodé. À l’état civil, il est connu sous le nom d’Edouard Kodjovi Kodjo. À 19 ans, soit en novembre 1957, le jeune Edem Kodjo débarque en France. Il s’inscrit à la faculté des sciences économiques et de gestion à Rennes. Dès son arrivée à l’université, il intègre la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF). Cette dernière était un passage obligatoire pour la plupart des étudiants africains à l’époque.
Dans la foulée, il fait la rencontre d’Henri Lopès, l’ancien Premier ministre et ambassadeur congolais qui militait dans la branche parisienne de la FEANF. Il devient diplômé de l’École nationale d’administration française (ENA) en 1964, promotion Blaise Pascal. Cinq (05) ans plus tard, soit en 1969, Edem Kodjo devient l’un des dirigeants du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), parti unique du feu général Eyadema, ancien Président de la République Togolaise. Il y reste jusqu’en 1971. Il est ensuite nommé ministre de l’Économie, puis des Affaires étrangères dans les années 1970.
Pendant cette même période, à l’international, de 1967 à 1973, il est gouverneur du Fonds Monétaire International (FMI). Il occupe le poste de secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1978 à 1983. Aux rênes de l’organisation africaine, il fait face à la crise du Sahara occidental et est l’instigateur du Plan de Lagos. La démocratie dans l’âme, l’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo s’insurge contre l’autocratie grandissante au sein du parti unique RPT vers la fin des années 1970. Pour contester son influence, le général Eyadema se dresse contre son action à la tête de l’OUA. Dès que son mandat prend fin à la tête de l’Organisation, Edem Kodjo s’exile en France.
Au début des années 1990, quand commence le combat pour l’avènement d’une démocratie multipartite, Edem Kodjo crée l’Union togolaise pour la démocratie (UTD). Candidat unique de l’opposition aux élections présidentielles de 1993, il finit par boycotter le scrutin. En 1994, lors des élections législatives de 1994, son parti, l’UTD gagne sept (07) sièges sur 81. Toutefois, Edem Kodjo fait une alliance avec l’ancien parti unique du général Eyadéma et devient Premier ministre. Deux ans plus tard, il quitte la primature. Il renforce son parti grâce à la fusion avec trois autres partis d’opposition et crée la Convergence patriotique panafricaine (CPP).
Une deuxième fois Premier ministre
Alors qu’il vient fraîchement d’être élu, le président Faure Essozimna Gnassingbé fait appel à Edem Kodjo pour former un gouvernement. Ce qu’il fait le 9 juin 2005 dans le but de rétablir le calme dans le pays après les tumultes qui ont suivi la mort de Gnassingbé Eyadema. Le 20 septembre 2006, Edem Kodjo est succédé par Yawovi Agboyibo. En 2009, l’homme de lettres annonce publiquement qu’il se retire de la scène politique togolaise. Il avait alors 71 ans.
Une facilitation impossible
En janvier 2016, l’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo est sollicité pour une mission « impossible ». La sud-africaine Nkosazanna Dlamini-Zuma, alors présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA) lui demande d’être le facilitateur du dialogue politique en République Démocratique du Congo. La mission se révèle être difficile, voire « impossible ». Au bout de dix mois, après avoir été âprement critiqué par l’opposition congolaise, il finit par abandonner.
Un homme de lettres
Outre sa présence sur la scène politique africaine, un autre atout a valu à l’ex-premier ministre Edem Kodjo sa notoriété. Il était, en effet, un homme de lettre et pas des moindres. Il est auteur de plusieurs ouvrages dont « Et demain l’Afrique » qui a été récompensé par le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1985. Il a écrit entre autres « L’Occident, du déclin au défi », « Au commencement était le glaive » et « Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire ».
Un départ dans la maladie
L’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo a tiré sa révérence le samedi 11 avril 2020, à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine où il était hospitalisé depuis neuf mois suite à un accident vasculaire-cérébral, a-t-on appris.
Des hommages dignes de l’homme
La nouvelle de sa mort a attristé toute la scène politique africaine. Plusieurs personnalités de la scène politique africaine lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux et différents canaux.
« Brillant universitaire, et panafricain convaincu, notre Bien aimé Edem Kodjo est décédé à Paris après une longue maladie. Tu resteras toujours une référence pour nous. À la veille de Pâques, toi chrétien pratiquant tu retournes vers ton créateur. Condoléances à sa famille », a écrit le Prof Robert Dussey, ministre togolais des Affaires Étrangères.
« Brillant intellectuel africain, Edem Kodjo a été homme d’État distingué et chevalier infatigable de la Paix. En cette circonstance douloureuse, le président de la Commission de l’Union Africaine, au nom de l’ensemble du personnel de l’Organisation continentale au service de laquelle, Edem Kodjo, a beaucoup sacrifié, et en son nom personnel, formule ses plus sincères et profondes condoléances, à sa famille, au peuple togolais et à tous les peuples africains. Que son âme repose en paix et que son exemple continue d’inspirer le continent », lit-on dans un communiqué de la Commission de l’Union africaine.
« Je m’incline devant la mémoire du grand Africain et grand intellectuel que fut Edem Kodjo, ancien PM du Togo et ancien Secrétaire Général de l’OUA. L’Afrique perd un de ses valeureux fils. Mes condoléances les plus attristées à sa famille. Que son âme repose en paix », a écrit le président Malien Ibrahim Boubacar Keita dans un post Twitter.
L’ex-premier ministre Togolais Edem Kodjo s’employait à rédiger ses mémoires, a confié l’ancienne ministre de la Communication du Togo, l’honorable Germaine Koumeaolo Anate, jointe par la rédaction du magazine Ocean’s News.
Vivement qu’elles [les mémoires] puissent être publiées pour le plus grand bien de ceux qu’il a laissé derrière lui.