Meta, la multinationale américaine, est au cœur d’un scandale sur les conditions de travail des modérateurs de contenu opérant depuis Accra, au Ghana. L’affaire a été révélée à la suite d’une enquête conjointe du Guardian et du Bureau of Investigative Journalism.
Meta fait l’objet de poursuites judiciaires au Ghana en raison des conditions de travail jugées inadéquates des modérateurs de contenu. Ces travailleurs, employés par Majorel, un sous-traitant de Teleperformance, assurent une mission cruciale pour la modération des contenus diffusés sur Facebook et Instagram.
Mais ils dénoncent des conditions de travail jugées inhumaines, face à la nature extrêmement sensible des contenus auxquels ils sont exposés, des scènes de meurtres, de violences graves, de maltraitances sur mineurs. Des images qu’ils sont chargés d’évaluer et de supprimer, mais qui, selon les témoignages recueillis, laissent des séquelles profondes.
Derrière leurs écrans, ces employés subissent une pression constante. L’exposition répétée à des images traumatisantes aurait provoqué chez plusieurs d’entre eux des troubles psychiques sévères : anxiété, dépression, troubles du sommeil, addictions… Certains sont allés jusqu’à tenter de se suicider. Et pourtant, leur rémunération reste extrêmement faible, environ 1 300 cedis ghanéens par mois, soit moins de 60.000 F CFA.
Les conditions décrites dans une enquête de Guardian et du Bureau of Investigative Journalism précise également une surveillance intrusive, une prise en charge psychologique quasi absente et des licenciements brutaux de modérateurs jugés instables ou fragilisés par leur charge émotionnelle.
Face à cette situation, le cabinet britannique Foxglove, engagé dans la défense des droits numériques, s’apprête à lancer deux poursuites judiciaires contre Meta et ses partenaires. Le premier vise une indemnisation collective pour le préjudice psychologique subi. Le second conteste les licenciements abusifs dont certains modérateurs disent avoir été victimes, après avoir exprimé leur détresse.
De leur côté, Meta et Majorel affirment respecter les standards en matière de rémunération et de conditions de travail.
