Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il succède au Nigérian Akinwumi Adesina, après une victoire nette et rapide.
Élu avec plus de 76 % des voix, le Mauritanien Sidi Ould Tah devient le neuvième président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Une victoire nette qui reflète une stratégie bien pensée, un parcours exemplaire et une vision prometteuse pour l’avenir du continent.
En seulement trois tours de scrutin, le suspense s’est dissipé : Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque Africaine de Développement, une large victoire face à ses concurrents. Avec 76,18 % des voix, il devance le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %). Une élection sans appel, qui prouve la confiance massive placée en ce haut fonctionnaire mauritanien, successeur du Nigérian Akinwumi Adesina.
Ancien ministre de l’Économie et des Finances de la Mauritanie, Sidi Ould Tah a surtout marqué les esprits par sa transformation de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), qu’il a dirigée pendant une décennie. Sous sa gouvernance, la BADEA a connu une spectaculaire croissance, avec les approbations annuelles qui ont été multipliées par douze et les décaissements par huit.
C’est fort de cette crédibilité que le nouveau président de la Banque Africaine de Développement (BAD) entend insuffler un nouvel élan à l’institution panafricaine, dont il prendra officiellement les commandes le 1er septembre 2025.
Une victoire bâtie sur des alliances
Entré en campagne tardivement, Sidi Ould Tah a su mobiliser les soutiens diplomatiques de son pays, la Mauritanie, qui a présidé l’Union africaine en 2024. Mais c’est surtout son ancrage dans le monde arabe, fort du soutien des puissances du Golfe, qui a fait la différence.
Le positionnement du nouveau président de la Banque Africaine de Développement, entre Afrique et monde arabe, lui confère un rôle de pont stratégique dans un environnement financier international en pleine mutation. « J’ai bâti la BADEA sur des fondations solides. Je veux aujourd’hui faire de la Banque Africaine de Développement un acteur central du financement innovant, au service de la transformation du continent », a-t-il déclaré lors de sa campagne.

Son programme, intitulé “Les quatre points cardinaux”, vise à repenser l’architecture financière africaine, valoriser le dividende démographique, accélérer l’industrialisation du continent et mobiliser massivement les capitaux internationaux. Selon lui, l’Afrique doit s’éloigner du modèle d’aide traditionnel pour s’appuyer sur ses propres forces et sur les ressources globales disponibles.
La Banque Africaine de Développement, forte d’un capital porté à 318 milliards de dollars sous la présidence d’Adesina, a déjà démontré sa robustesse avec un résultat net de 310 millions d’euros en 2024 et des engagements record de 10,6 milliards d’euros. Mais la marge de progression reste importante. « À taille comparable, la BAD fait encore moins que d’autres institutions régionales. Le nouveau président doit libérer tout son potentiel », a déclaré Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement.
Sidi Ould Tah : un nouveau souffle pour la stratégie décennale ?
Le nouveau président hérite de la stratégie décennale 2024-2033 fondée sur les High 5, chers à l’ancien président Akinwumi Adesina. (nourrir, éclairer, intégrer, industrialiser et améliorer la qualité de vie). Mais Sidi Ould Tah compte y ajouter sa touche personnelle. Il ne rejette pas les succès de son prédécesseur, mais veut aller plus loin. « La BAD peut faire mieux et doit faire plus », a-t-il déclaré pendant sa campagne.
Son style discret, à l’opposé de celui de son prédécesseur, pourrait bien être un atout pour engager en profondeur les réformes nécessaires. L’enjeu est d’accompagner une Afrique confrontée à une forte croissance démographique, aux défis climatiques et à une exigence d’inclusion économique qui prend de l’ampleur.
Le continent attend désormais des résultats concrets. Et les regards sont tournés vers Nouakchott, Riyad et Abidjan, là où se dessine peut-être l’avenir du financement du développement en Afrique.