Avec Clapier d’Or, la jeune entrepreneure ivoirienne Alimata Diabaté fait de l’élevage de lapins un levier d’inclusion sociale et d’agriculture durable.
De Moscou à Bingerville, le parcours d’Alimata Sahadiya Diabaté défie les stéréotypes. Diplômée en administration publique, elle a troqué les bureaux climatisés pour les clapiers et fondé Clapier d’Or, la première ferme cunicole moderne de Côte d’Ivoire. Lauréate du programme L’Afrik De Demain 2025, elle porte l’ambition de modrniser un élevage souvent méconnu en un véritable modèle d’autonomisation pour les jeunes et les femmes.
Rien ne la prédestinait à l’entrepreneuriat agricole. Née à Agou, dans le sud de la Côte d’Ivoire, Alimata Sahadiya Diabaté grandit dans une famille de commerçants où le travail bien fait prime sur les rêves atypiques. Première de sa fratrie à poursuivre des études supérieures, elle part à Moscou pour un Bachelor en Administration Publique et Territoriale. Comme beaucoup de jeunes Africains, elle pense d’abord que l’avenir se construit ailleurs. Pourtant, c’est en rentrant au pays qu’elle découvre sa véritable vocation.
Malgré son diplôme et ses ambitions, la jeune diplômée se heurte à l’attente interminable d’un emploi dans la fonction publique. « Aucun stage, aucun poste ne se libérait. J’ai compris que si je ne créais pas ma propre opportunité, personne ne le ferait à ma place », a confié Alimata Sahadiya Diabaté à notre rédaction. C’est alors qu’elle s’intéresse à un secteur inattendu : la cuniculture, l’élevage de lapins, une filière presque inexistante dans son pays.
Contre l’avis de ses proches, qui la voyaient déjà fonctionnaire, Alimata Sahadiya Diabaté décide de fonder Clapier d’Or en octobre 2023, à Bingerville, dans la périphérie d’Abidjan. Son idée est de moderniser la production, valoriser chaque dérivé de l’animal : viande, engrais biologique, peaux, sang, viscères et bâtir une chaîne économique locale où rien ne se perd. « J’ai voulu prouver qu’on pouvait faire de la cuniculture un secteur rentable, durable et même désirable », dit-elle avec un sourire.
En un an, son pari est en passe d’être gagné. Clapier d’Or a déjà produit plus de 3 000 lapins, séduit plusieurs restaurants et maraîchers, et formé une dizaine de jeunes en insertion. Avec quatre employés permanents, la ferme s’impose comme un modèle d’entreprise inclusive et écologique. Les résultats lui ont valu plusieurs distinctions, dont celles de Mère Gage du Vert, Golden Impact et CDC-CI Capital, avant sa consécration comme lauréate du programme L’Afrik De Demain 2025.
Pour Alimata Sahadiya Diabaté, ce programme a marqué un changement. « L’Afrik De Demain m’a permis de structurer mon ambition. Avant, j’avais une idée. Aujourd’hui, j’ai une vision. », a-t-elle déclaré. Son ambition dépasse les murs de sa ferme. D’ici 2026, l’entrepreneure ivoirienne veut former 100 jeunes à la cuniculture et créer un réseau national d’éleveurs partenaires, appuyé par une application mobile de suivi et de rachat des lapins produits.À travers cette initiative, Alimata Sahadiya Diabaté change l’image de l’agriculture moderne africaine : une agriculture innovante, inclusive et fièrement portée par les femmes. Et derrière chaque clapier, elle voit bien plus. « C’est une promesse de dignité et d’autonomie pour ceux qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi », précise-t-elle.
