Sur les plages de Pointe-Noire, les vagues ramènent chaque matin des bouteilles vides, des sacs éventrés, des morceaux de plastique qui finissent par recouvrir le sable. C’est ici, face à cette scène quotidienne, qu’Henri Mercy Diéle a décidé de passer à l’action. Comptable de formation, il a choisi la voie du terrain, des gants de protection et du recyclage.
À Pointe-Noire, les montagnes de plastique qui défigurent les rues n’effraient pas Henri Mercy Diéle. Là où beaucoup ne voient qu’un fléau, lui voit une matière première, une promesse. Avec son entreprise Congo Plast, il transforme la pollution en pavés, les bouteilles en bancs publics, et les doutes en la certitude que le recyclage plastique en Afrique peut changer des vies.
Quand il marche dans les rues de Pointe-Noire, Henri Mercy Diéle ne voit plus les mêmes paysages qu’avant. Les sacs et bouteilles plastiques ne sont plus des déchets, mais des symboles d’un potentiel inexploité. « Chaque déchet jeté est une opportunité gâchée », aime-t-il répéter.
Rien ne destinait pourtant Henri Mercy Diéle à cette aventure. Diplômé en comptabilité et fiscalité d’entreprise, il a d’abord suivi un parcours classique dans le secteur privé. Puis, un jour de 2020, un spectacle familier l’a arrêté. Des enfants qui jouaient au milieu de tas de plastique. Cette image ne l’a plus quitté. « C’est là que j’ai compris que je devais agir. »
Quelques mois plus tard, Henri Mercy Diéle crée Congo Plast, une greentech locale qui collecte et recycle les déchets plastiques pour en faire des matériaux de construction écologiques. Pavés, tuiles, bancs publics, objets d’éco-construction, tout ce qui sort de son atelier prouve que la transformation est possible, ici, en Afrique.
Mais derrière cette réussite, il y a des nuits blanches, des machines en panne, des investisseurs frileux. « Il fallait convaincre que les déchets ont de la valeur », se souvient-il. Alors Henri Mercy Diéle a persévéré. Il a rassemblé des jeunes collecteurs, formé des femmes, et monté un réseau communautaire qui alimente aujourd’hui une véritable économie circulaire.
Et les résultats parlent d’eux-mêmes. En moins de cinq ans, Congo Plast compte plus de 150 tonnes de plastique recyclées, une quinzaine d’emplois créés, des partenariats signés avec trois municipalités, et surtout, une reconnaissance continentale. Avant de figurer dans le palmarès de la 5e édition du programme L’Afrik De Demain, l’entrepreneur congolais a enregistré plusieurs prix. En 2024, Congo Plast rafle le Prix Jeune Entrepreneur de la Fondation Almada, le 1er prix du salon OSIANE, et le Prix Startupper de l’année de TotalEnergies.
Mais pour Henri Mercy Diéle, ces trophées ne sont pas une fin. « Ma plus grande récompense, c’est quand je vois les enfants marcher sur nos pavés recyclés dans une école. C’est la preuve que notre travail a du sens », se réjouit-il. Aujourd’hui, il veut aller plus loin avec le développement d’une application mobile pour localiser les points de collecte, ouvrir une nouvelle unité de production, et inspirer d’autres jeunes Africains à s’engager pour le climat.
Henri Mercy Diéle n’a pas étudié à l’étranger, et il n’en éprouve aucun regret. Il a trouvé, chez lui, une cause à défendre et une vocation à suivre. Dans un monde qui consomme sans réfléchir, il a choisi de réparer, de réutiliser, de redonner vie. Et c’est sans doute là, dans cette simplicité pleine de conviction, que réside la véritable révolution du recyclage plastique en Afrique.
* Cet article est réalisé dans le cadre de la cinquième édition du programme L’Afrik De Demain (ADD 2025), une initiative qui révèle, forme et accompagne chaque année vingt (20) jeunes entrepreneurs africains. ©️ OCEAN’S NEWS – TOUS DROITS RÉSERVÉS.
C’est vraiment super. Merci pour cet honneur