Son nom circule dans l’écosystème de la santé mondiale avec un mélange d’admiration et de curiosité. À seulement quelques décennies de vie, Dr Elsa Zekeng a déjà traversé les zones rouges d’épidémies meurtrières, fondé une start-up de santé innovante et brisé plus d’un plafond de verre dans les laboratoires et les salles de décision. Camerounaise d’origine, scientifique par passion, entrepreneuse par conviction, elle est de ces figures qui redonnent au mot « avenir » tout son éclat. Portrait.
Elsa Zekeng est reconnue pour son audace et son engagement. Née au Cameroun, elle a grandi dans un environnement où l’éducation était considérée comme la clé des opportunités. Très tôt, elle développe une fascination pour le corps humain et le fonctionnement des maladies. Sa rigueur et son esprit analytique se font aussitôt remarquer à l’école.
Avant même ses vingt ans, la jeune Elsa comprend que son parcours se dessinera dans la science, mais pas seulement derrière un bureau ou dans une salle de classe. Elle souhaite agir sur le terrain, là où chaque décision peut avoir un impact direct sur les vies. Aujourd’hui, elle œuvre pour rendre la recherche médicale véritablement inclusive et accessible à tous.
Après des études en maladies infectieuses et santé mondiale à l’Université de Liverpool, Elsa Zekeng s’engage dans la recherche sur le terrain. Sa mission en Guinée, durant l’épidémie d’Ébola, l’amène à travailler dans des conditions extrêmes. Consultante pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle manipule des échantillons à haut risque pour soutenir la lutte contre la maladie. « Ce n’est pas un travail pour les cœurs fragiles », confiera-t-elle plus tard.
Son expertise et son courage lui valent une reconnaissance, la médaille de service Ébola remise par la reine Élisabeth II. Un honneur rare qui consacre son rôle dans l’une des urgences sanitaires les plus marquantes du siècle.
Elsa Zekeng : l’envol avec la naissance de SökerData
De retour au Royaume-Uni, Elsa Zekeng refuse de rester spectatrice. Consciente que la recherche médicale traditionnelle ignore souvent la diversité des populations, elle fonde SökerData, une start-up qui vise à rendre les essais cliniques plus représentatifs, notamment pour les femmes et les minorités ethniques. À travers cette initiative, elle combine technologie et plaidoyer pour créer des pratiques plus équitables dans un domaine souvent rigide. Son credo, une science qui soigne tout le monde doit inclure tout le monde.
Mais Elsa Zekeng ne s’arrête pas là. Elle cofonde la Northwest Biotech Initiative, un programme destiné à aider les étudiants en sciences à explorer des carrières au-delà du milieu académique. Elle intègre aussi l’équipe dirigeante de Jobseekrs, plateforme qui combat les biais inconscients dans le recrutement grâce à l’intelligence artificielle. Dans le même élan, elle lance Solidarity in Tech, une initiative dédiée à la diversité dans les domaines STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics), avec un accent sur les communautés BAME (Black, Asian, Minority Ethnic), la neurodiversité et les femmes.
Les distinctions s’accumulent, mais elles ne semblent pas affecter son humilité. Elsa Zekeng fait partie des 40 futurs leaders noirs de moins de 40 ans selon la British Cultural Archives et figure dans le Top 50 des voix noires les plus inspirantes du UK Tech selon TechNation. La Commission européenne l’a désignée Jeune Leader en 2016. Pour Forbes Afrique, elle est considérée comme « l’apôtre d’une recherche médicale inclusive », un titre qui lui correspond parfaitement.
Même si ses activités l’emmènent fréquemment à Londres, Bruxelles ou Genève, l’entrepreneure camerounaise reste attachée à ses racines africaines. Elle milite pour le renforcement des capacités locales en matière de recherche et d’innovation afin que l’Afrique puisse développer ses propres solutions de santé. Pour elle, l’avenir de la santé mondiale dépend autant des initiatives africaines que des institutions internationales.
En Elsa Zekeng, on retrouve la détermination de ceux qui savent que la science n’est pas qu’une affaire de laboratoire, mais aussi de justice, de courage et d’humanité. Et si, dans quelques années, l’histoire de la recherche médicale africaine s’écrit en lettres plus inclusives, il y a fort à parier qu’un chapitre portera son nom.
