En avril dernier, le 8 avril 2024 plus précisément, le Zimbabwe a introduit une nouvelle monnaie, le ZiG zimbabwéen, dans l’espoir de stabiliser son économie en crise. Pour soutenir cette initiative, un artiste de reggae, Ras Caleb, a enregistré une chanson intitulée « Zig Mari » qui vante les mérites de l’or du Zimbabwe. La chanson, largement diffusée à la télévision et à la radio d’État, a valu à l’artiste une voiture et 2 000 dollars, ironiquement payés en billets verts, de la part d’un homme d’affaires proche du gouvernement.
En proie à une crise économique persistante depuis plus de vingt ans, le Zimbabwe a lancé le 8 avril 2024 le « ZiG », une nouvelle monnaie, pour tenter de juguler l’inflation galopante et de rétablir la stabilité financière. Plus d’un mois après son introduction, le ZiG zimbabwéen peine toujours à gagner la confiance du public malgré une campagne promotionnelle intensive.
L’argent n’a généralement pas besoin de publicité, mais le ZiG, la sixième monnaie nationale du Zimbabwe en 15 ans, nécessite une aide considérable pour gagner la confiance du public. Le gouvernement, désireux de mettre fin à une crise monétaire persistante, a lancé cette nouvelle monnaie garantie par l’or pour remplacer le dollar zimbabwéen, souvent rejeté par la population.
De hauts responsables de la Banque de réserve du Zimbabwe et du parti au pouvoir, la ZANU-PF, ont organisé une série de rassemblements et de réunions publiques pour encourager l’adoption du ZiG zimbabwéen plutôt que du dollar américain, qui reste en usage légal. Des jingles publicitaires et la chanson de Caleb inondent les ondes, mais malgré cette offensive de charme, le ZiG peine à convaincre.
Pour rappel, les billets du ZiG zimbabwéen, sont ornés de motifs qui représentent des lingots d’or et des symboles emblématiques du pays. Ils sont disponibles en huit coupures allant de 1 à 200 ZiG, mais le manque de confiance du public et les barrières structurelles persistent. Bien que la monnaie ait largement conservé sa valeur sur le marché officiel, il s’est effondré sur le marché noir, où un dollar américain s’échange contre 17 ZiG.
Les autorités ont également recours à des mesures coercitives, pour arrêter des dizaines de trafiquants de monnaie de rue et gelant les comptes d’entreprises accusées de nuire au ZiG zimbabwéen. Le porte-parole de la police nationale, Paul Nyathi, a déclaré dans un communiqué que plus de 200 cambistes de rue avaient été arrêtés pour avoir enfreint la réglementation sur le change. Parmi eux, les frères jumeaux Tapiwa et Justice Nyamadzawo, accusés d’avoir vendu des crédits de téléphonie mobile à un taux supérieur au taux officiel. Les jumeaux restent en détention provisoire et risquent jusqu’à 10 ans de prison.
Cette répression contraste avec l’histoire longue et tumultueuse du Zimbabwe en matière d’instabilité monétaire. Le ZiG zimbabwéen est la sixième monnaie depuis l’effondrement spectaculaire du dollar zimbabwéen en 2009, marqué par une hyperinflation de 5 milliards de pourcent. John Mushayavanhu, gouverneur de la banque centrale, présente le ZiG comme une première étape vers une dédollarisation éventuelle, mais le dollar américain représente encore plus de 80 % des transactions dans le pays.
Les autorités du pays ont annoncé des amendes sévères pour les entreprises qui n’acceptent pas le ZiG au taux de change officiel et a gelé les comptes bancaires de certaines entreprises accusées de rejeter la nouvelle monnaie. Malgré les efforts du gouvernement pour encourager l’utilisation du ZiG, la méfiance persiste. Le marché noir continue de prospérer, alimenté par la demande de dollars américains. Les économistes et les groupes d’affaires avertissent que l’utilisation de la force n’augmentera pas la confiance dans le ZiG.