C’est une transaction qui amorce un important changement dans l’écosystème minier ivoirien. Le conglomérat Atlantic Group, dirigé par l’homme d’affaires Koné Dossongui, a conclu un accord avec le géant canadien Barrick Gold pour l’acquisition de la mine d’or de Tongon, située dans le nord du pays, pour un montant qui pourrait atteindre 305 millions de dollars.
La vente de la mine d’or de Tongon consacre l’entrée d’un acteur africain de premier plan dans une industrie longtemps dominée par des multinationales étrangères. Pour la Côte d’Ivoire, c’est aussi le signe d’une africanisation progressive du secteur extractif, désormais portée par des capitaux locaux et régionaux.
Selon les informations rendues publiques par le groupe minier aurifère Barrick Gold, la transaction comprend un paiement initial de 192 millions de dollars, qui inclut le remboursement d’un prêt d’actionnaire de 23 millions de dollars dans les six mois suivant la clôture.
À cela s’ajoutent des paiements conditionnels qui pourraient atteindre 113 millions de dollars, liés à l’évolution du prix de l’or sur une période d’environ 2,5 ans et à la conversion des ressources minières sur près de cinq ans.
Cette structuration progressive montre la volonté des deux parties de sécuriser la valeur réelle de l’actif dans un contexte de fluctuations du marché de l’or et d’incertitudes liées aux ressources restantes.
Mine d’or de Tongon : de Barrick à Atlantic, le passage de témoin
Pour Barrick Gold, la cession de la mine d’or de Tongon s’inscrit dans une stratégie de recentrage sur ses actifs les plus rentables à travers le monde. Entrée en production en 2010, la mine devait initialement cesser ses activités en 2020 avant que de nouvelles explorations n’en prolongent la durée de vie.
« Tongon a contribué de manière significative à la croissance du secteur aurifère ivoirien. Nous sommes heureux qu’elle entre désormais dans une nouvelle phase sous un acteur local », a indiqué la société dans son communiqué officiel.
Pour le patron d’Atlantic Group, Koné Dossongui, ce rachat est loin d’être une opération isolée. L’homme d’affaires, déjà présent dans les télécoms, la banque et l’énergie, confirme son ambition de bâtir un empire industriel africain intégré, capable de rivaliser avec les groupes internationaux.
À travers Atlantic Group, il consolide sa stratégie d’investissement multisectorielle et renforce son ancrage national. L’opération est perçue par de nombreux observateurs comme un signal de confiance dans le potentiel minier ivoirien, à un moment où le gouvernement cherche à attirer davantage d’investisseurs locaux.
La mine d’or de Tongon compte parmi les sites aurifères les plus productifs de Côte d’Ivoire. L’État y détient 10 % du capital, tandis que des investisseurs locaux en possèdent environ 0,3 %. L’arrivée d’Atlantic Group devrait logiquement permettre une meilleure redistribution des bénéfices au niveau national et local, notamment en matière d’emplois et de développement communautaire.
Des questions demeurent cependant sur la durabilité environnementale de l’exploitation et sur la gestion post-extraction, un défi récurrent dans le secteur minier africain.
La finalisation de l’accord est prévue d’ici la fin de l’année 2025, sous réserve de l’approbation des autorités ivoiriennes. D’ici là, les deux groupes poursuivent leurs discussions sur les modalités techniques et administratives.
Si elle aboutit, cette transaction fera de Koné Dossongui le propriétaire de l’un des plus grands sites aurifères de l’Afrique de l’Ouest. Et cela confirmer la montée en puissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs africains capables de reprendre la main sur les richesses du continent.