Sidi Ould Tah a prêté serment à Abidjan, en tant que neuvième président de la Banque africaine de développement (BAD). Il succède à Akinwumi Adesina, dont le mandat de dix ans a marqué une étape importante pour le continent.
Élu président de la BAD le 29 mai 2025, avec plus de 76 % des voix, Sidi Ould Tah a officiellement pris ses fonctions le lundi 1er septembre à Abidjan. La cérémonie solennelle, organisée au Sofitel Hôtel Ivoire, a réuni un parterre d’autorités de haut rang. Parmi elles figuraient le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, venus spécialement assister à l’événement.
À leurs côtés, les anciens présidents de la BAD, Akinwumi Adesina et Donald Kaberuka, ont rejoint les membres du Conseil des gouverneurs et du Conseil d’administration pour accueillir le nouveau dirigeant. La cérémonie était placée sous la présidence de Ludovic Ngatsé, ministre congolais de l’Économie et président du Conseil des gouverneurs.
Économiste de formation, le neuvième président de la BAD arrive avec plus de quarante ans d’expérience dans la haute finance internationale. Ancien ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, il a dirigé avec brio la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) entre 2015 et 2025. Son mandat y a été marqué par une croissance des actifs, passés de 4 à près de 7 milliards de dollars et l’obtention d’une notation AA+/AAA.
Initiateur de la vision stratégique BADEA 2074, alignée sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le neuvième président de la BAD s’est également fait remarquer par sa gestion de crise en relocalisant le siège de l’institution de Khartoum à Riyad au plus fort du conflit soudanais. Son parcours s’appuie sur des bases académiques solides. Un doctorat en économie obtenu à Nice Sophia Antipolis, complété par des formations exécutives à Harvard, à la London Business School et au Swiss Finance Institute.
Sidi Ould Tah : une vision articulée autour de l’ambition et de l’audace
La Banque africaine de développement est une institution robuste, dotée d’un capital de 318 milliards de dollars et forte d’une notation AAA maintenue depuis une décennie. Mais cette solidité ne la met pas à l’abri des défis qui se dressent devant elle.
Dans son allocution, Ludovic Ngatsé a rappelé les obstacles à venir, notamment l’instabilité géopolitique, l’insécurité alimentaire, la crise énergétique, le changement climatique, la pression de la dette et le recul de l’aide internationale. Conscient de ces enjeux, le nouveau président de la BAD a promis d’exercer ses fonctions « avec honnêteté, discrétion et conscience », en veillant à ce que l’intérêt supérieur de la Banque guide ses décisions.
Pour faire face à ces défis, Sidi Ould Tah a esquissé les grandes lignes de son mandat. Il entend libérer les ressources financières du continent, rebâtir sa souveraineté financière, transformer sa démographie en véritable dividende et investir dans des infrastructures résilientes, capables de générer une valeur durable.
Son ambition est de positionner la BAD non seulement comme un bailleur de fonds, mais aussi comme un moteur d’investissements massifs, apte à canaliser l’épargne africaine et internationale vers des projets structurants. La prise de fonction du neuvième président de la BAD arrive dans un climat où l’Afrique montre des signes encourageants de résilience économique.
La croissance devrait atteindre 3,9 % en 2025, contre 3,3 % l’année précédente, et plus de vingt pays dépasseront le seuil des 5 %. Pour Sidi Ould Tah, qui prône « l’ambition élevée et l’audace », il s’agit de transformer cette dynamique en une véritable souveraineté économique.
Au-delà des chiffres et des stratégies, l’élection de Sidi Ould Tah porte une valeur symbolique forte. C’est la première fois que la Mauritanie accède à la présidence de la Banque africaine de développement. Un signe que le continent, dans sa diversité, cherche désormais à bâtir son avenir financier avec une représentativité élargie et une ambition commune.
