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Tunisie : Yamen Manaï, une plume au service de la société

Yamen Manaï Yamen Manaï
Yamen Manaï, une plume au service de la société

Une trentaine de minutes d’entretien ont suffi pour comprendre le combat que mène Yamen Manaï, avec amour et passion. Ce combat entamé avec la sortie de son premier roman “La Marche de l’incertitude”, en 2008, porte ses fruits, presque 13 ans après. Aujourd’hui, l’auteur est lu et apprécié. Il est considéré comme le “porte-flambeau” de cette catégorie d’écrivains tunisiens qui mettent leurs plumes au service du peuple en détresse. Mais qui l’aurait cru !

Yamen Manaï est un écrivain tunisien de langue française, auteur de 4 ouvrages dont le dernier en date, “Bel Abîme” est paru le 2 septembre 2021 aux éditions Elyzad. Aujourd’hui, sa vie est partagée entre la France, où il vit et travaille comme ingénieur, et la Tunisie, la terre qui l’a vu naître, où réside encore sa famille. Un rêve devenu possible grâce à un travail acharné et à l’audace d’un jeune tunisien, originaire de la banlieue sud de Tunis.

Le voyage du destin pour Yamen Manaï 

En 1994, à la faveur d’un voyage en France, Yamen Manaï découvre, dit-il, un pays avec une ambiance culturelle très forte, avec des musées, des librairies, des médiathèques, des bibliothèques… Une ambiance très stimulante pour l’esprit qui lui donne envie de revenir, puis de s’y installer. Chose pas impossible, mais le jeune Yamen est conscient que pour y parvenir, fils d’enseignant, aux moyens limités, il va falloir qu’il se consacre à ses études, être le meilleur de sa promotion pour espérer obtenir une bourse qui lui ouvrira les portes de l’Hexagone. « Je me suis dit que c’est un environnement culturel qui me convient et je suis passé par le biais de mes études pour réaliser ce vœu », se remémore-t-il, heureux. 

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De retour à Tunis, Yamen Manaï nourrit ce vœu et se donne corps et âme pour le réaliser. « En Tunisie, quand on était bon à l’école et qu’on avait son baccalauréat avec une bonne moyenne, on pouvait postuler à une bourse pour aller étudier en France. J’ai donc travaillé très bien jusqu’en classe de Terminale pour pouvoir réaliser ce vœu », confie Yamen. Il finit par le rendre possible en 1999, après l’obtention de son baccalauréat. L’an 1999, Yamen Manaï débarque en France pour y poursuivre ses études. Celui qui a toujours eu un amour fou pour la chose littéraire et les livres choisit plutôt de faire des études scientifiques et obtient un diplôme d’ingénieur de Télécom SudParis, en 2004. Il explique son choix : « J’aimais autant les sciences que les littératures, mais pour mes études, j’ai choisi plutôt les études scientifiques tout en continuant d’entretenir ma passion pour les littératures, en lisant et en profitant des dissertations que nous proposaient les professeurs ». 

Écrire pour proposer mieux 

Si Yamen Manaï a opté pour des études scientifiques, son amour pour la littérature ne s’est pas éteint pour autant. Lecteur insatisfait, il se lance à 24 ans dans l’écriture, à la fin de ses études d’ingénieurs. Une décision prise après être tombé sur des “œuvres médiocres” suite à un achat de livres à la FNAC Paris. « Comme quoi, c’étaient des livres à lire absolument et quand je m’en suis emparé, je ne les ai pas trouvés si bons que ça. J’ai donc commencé à les critiquer, à surligner des lignes, à dire qu’il y avait un manquement avec tel ou tel paragraphe, ou que je n’étais pas d’accord avec telle ou telle idée ou tournure de phrase ». À la suite de cette expérience, Yamen Manaï est convaincu qu’il peut faire mieux. « Ce sont donc les moins bons livres qui m’ont encouragé à écrire, je me suis dit que je pouvais proposer mieux, qu’il y avait une place entre le chef-d’œuvre et la médiocrité », confie Yamen. 

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Il commence alors par écrire son premier manuscrit, une nouvelle de 80 pages qu’il couche sur papier pour se familiariser avec l’exercice littéraire. Ce premier exercice satisfaisant, il se met véritablement à l’écriture de son premier roman “La Marche de l’incertitude”, publié aux éditions Elyzad, en 2008. « J’ai mis environ deux à trois ans à écrire ce livre », lâche Yamen. Ce coup d’essai s’avère être un coup de maître. L’ouvrage est salué à sa sortie et remporte le Prix Comar d’Or en Tunisie et le Prix des lycéens Coup de cœur de Soleil en France. Trois (03) ans plus tard, en 2011, Yamen enchaîne et publie “La Sérénade d’Ibrahim Santos” puis “L’Amas ardent” en 2017, récompensé par huit prix littéraires dont le Prix des Cinq Continents et le Grand Prix du Roman Métis. C’est justement ce troisième roman qui révèle l’auteur tunisien au monde. Dans cet ouvrage, en véritable conteur, Yamen Manaï dresse avec vivacité et humour le portrait aigre-doux d’une Tunisie vibrionnante, où les fanatiques de Dieu ne sont pas à l’abri de sa foudre. Une fable moderne des plus savoureuses. 

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Bel Abîme pour se dresser contre l’injustice Après le succès retentissant de “L’Amas ardent”, Yamen Manaï était très attendu pour confirmer son statut d’écrivain plébiscite. Une attente comblée par l’auteur avec la publication de son nouvel ouvrage “Bel Abîme”, paru aux éditions Elyzad, le 02 septembre 2021. Un récit de 110 pages, saisissant, qui se dresse contre l’injustice et déjà en lice pour le Prix Jacques Allano 2022. Tiré d’une histoire vraie, Bel Abîme est une critique féroce de la société tunisienne, des violences faites aux enfants, du mépris de la nature et du rejet des livres. Le narrateur du livre, un adolescent tunisien…

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