Après “l’amas ardent”, un roman parut en 2017, l’écrivain tunisien Yamen Manai revient avec “Bel Abîme”. Il relate dans ce roman de 110 pages la colère d’un adolescent contre le système oppressif.
Né en 1980 à Tunis, Yamen Manai est un Ingénieur de formation. Il travaille sur les nouvelles technologies de l’information. Après avoir publié chez Elyzad, “La Marche de l’incertitude” (poche, 2010) et La Sérénade d’Ibrahim Santos (2011, poche, 2018). Il a été récompensé par huit prix littéraires pour son dernier roman L’Amas ardent (2017) dont le Prix des Cinq Continents (2017) et le Grand Prix du Roman Métis (2017). Il revient avec Bel Abîme son quatrième roman, qui vient de paraître aux éditions Elyzad.
Bel Abîme est un récit de 110 pages. Dans cet ouvrage, Yamen Manai dresse une rage contre les injustices. Le narrateur est un adolescent tunisien dont la chienne “Bella” a été enlevé puis tuée… « L’histoire s’est imposée à moi et j’ai écrit ce livre en une semaine. Il venait de mes tripes, il fallait que les phrases sortent de ma tête ! J’étais pris d’une véritable fièvre, je ne dormais que deux ou trois heures par nuit et je gardais tout le temps un calepin à côté de moi pour saisir la parole de cet adolescent qui m’habitait », confie l’écrivain.
Maltraité par son père sous le regard complice de sa mère, l’enfant éprouve pour Bella, qu’il a sauvé et nourri, un amour pur. Cet amour est pour lui un refuge, une raison d’espérer. Malheureusement, le chien considéré dans d’autres contrées comme meilleur ami de l’homme n’est pas bien vue en Tunisie. « C’est une bonne musulmane et comme tout bon musulman, elle avait un problème avec les chiens, dit l’adolescent à propos de sa mère. Tout ça à cause de ces putains d’hadiths. Vous savez, ces paroles qu’on a écrites quasi trois cents ans après la mort du prophète. Certains chargent les chiens et rapportent qu’il n’est autorisé d’en avoir que pour la chasse. »
Quand, à force de ruse, le père parvient à se débarrasser du chien, c’est tous les responsables de la mort de l’animal que l’enfant voudra châtier ; le père, le ministre, le maire… « J’ai imaginé toute la rage que l’on peut avoir quand l’amour vous est enlevé », déclare Yamen Manai. « Mais en tant qu’auteur, je ne me mets pas à égalité avec mon personnage, il n’est pas dans la nuance où l’on doit être quand on est adulte. Je ne peux pas me permettre d’être dans la même colère, je reste persuadé comme Albert Jacquard, que l’optimisme est une nécessité », a-t-il poursuivi.
Bel Abîme est une critique féroce à l’endroit de la société tunisienne, des violences faites aux enfants en passant par le mépris de la nature et du rejet des livres. Yamen Manai affirme : « Après le succès, en Tunisie, de mes premiers romans, je me suis dit que je voulais avoir une parole plus engagée, que je pouvais soumettre ma plume à des ambitions que la littérature peut supporter. Les violences à l’encontre des enfants y sont communes, même si je ne dirais pas pour autant qu’on a des enfances malheureuses. La Tunisie se classe quand même au 4ᵉ rang des pays les plus brutaux en la matière ! »