Dépréciation du franc congolais – Le franc de la République Démocratique du Congo a enregistré une dépréciation notable cette année, malgré une augmentation significative des réserves extérieures du pays. Cette situation place les autorités administratives et la Banque centrale de la République démocratique du Congo (RDC) dans des choix économiques complexes.
Depuis le début de cette année 2024, la valeur moyenne du franc congolais a chuté de 6,6 %, qui s’échange actuellement à 2863,3 FC pour un dollar américain, contre 2686,7 FC au 1er janvier. La dépréciation du franc congolais intervient malgré une hausse des réserves extérieures du pays, une situation inhabituelle qui met en lumière les défis économiques actuels de la RDC.
Le Congo, caractérisé par une forte dollarisation de son économie, continue de voir une grande partie des dépôts bancaires effectués en devises étrangères. En mai 2024, les dépôts ont atteint environ 12,87 milliards de dollars, dont 89,8 % en dollars américains.
En août 2023, la Banque Centrale du Congo a augmenté ses taux directeurs de 11 % à 25 % pour lutter contre l’inflation, tout en imposant des réserves obligatoires de 10 % sur les avoirs en monnaie locale. Si ces mesures ont permis de limiter l’inflation, elles ont également réduit la disponibilité de liquidités en francs congolais, ce qui impacte négativement la consommation et l’investissement des ménages et entreprises.
Malgré une augmentation des exportations, la croissance économique de la RDC ralentit, avec un PIB prévu à +4,8 % pour 2024, contre 8,8 % en 2023. Cette situation est aggravée par une inflation faiblement contenue et une opinion publique majoritairement négative (plus de 60 %), qui continue de peser sur la valeur du franc congolais à travers la spéculation.
Les banques congolaises sont appelées à jouer un rôle clé dans cette situation de dépréciation du franc congolais, bien que leurs marges de manœuvre soient limitées par les politiques de la Banque Centrale du Congo. L’augmentation des réserves en devises, notamment grâce à l’excédent commercial de 3,7 milliards de dollars au premier semestre 2024, offre une certaine stabilité, mais la création de liquidités en monnaie locale reste un défi.
