Une loi européenne votée la semaine dernière interdira l’exportation vers l’UE de produits agricoles liés à la déforestation. Une des mesures de l’Union Européenne pour lutter contre le changement climatique à travers le monde entier qui pourrait porter un véritable coup aux exportations agricoles africaines.
La loi en question a été adoptée le 19 avril dernier avec un soutien écrasant de 552 voix pour, 44 contre et 43 abstentions et les entreprises disposent de 18 mois à compter de l’entrée en vigueur du règlement pour s’y conformer. Elle couvre le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja, le bois, le caoutchouc, le charbon de bois et les produits en papier imprimé. Une nouvelle législation qui oblige les entreprises à garantir que leurs produits vendus dans l’espace Schengen n’ont pas conduit à la déforestation et à la dégradation des forêts.
Selon des études, une superficie plus grande que l’UE a été perdue à cause de la déforestation entre 1990 et 2020, la consommation de l’UE représentant environ 10 % de celle-ci. Bien qu’aucun pays ou produit spécifique ne soit interdit, les entreprises ne seront autorisées à vendre des produits dans l’UE que si le fournisseur du produit a émis une déclaration dite de « diligence raisonnable » confirmant que le produit ne provient pas de terres déboisées ou a conduit à la dégradation des forêts, y compris des forêts primaires irremplaçables, après le 31 décembre 2020.
Les entreprises devront également vérifier que les produits sont conformes à la législation sur les droits de l’homme dans le pays de production et que les droits des peuples autochtones concernés ont été respectés. Les exportations agricoles africaines ne seront pas épargnées.
L’Afrique, un des gros exportateurs agricoles, menacée ?
Le continent occupe une place importante dans les exportations agricoles de l’UE. Par exemple, l’Afrique n’est pas le premier exportateur de Soja vers l’espace Schengen mais se nourrit d’une partie considérable des exportations des Européens dans ce secteur. Cependant, pour les exportations agricoles africaines, l’UE reste un marché crucial et plusieurs pays comme la Tunisie, l’Egypte ou encore le Togo sont les premiers à importer des produits agro-alimentaires bio vers le vieux continent.
En 2021, le Togo, par exemple, est devenu la première puissance en termes d’exportations de soja bio vers le marché agricole de l’UE avec une importante partie du business occupée estimée à 37,1%. Mieux encore, trois pays africains figurent dans le Top 7 à savoir l’Ouganda (6,4%), le Bénin (4,6%) et le Burkina Faso (3,8%). La production togolaise a devancé l’Ukraine (20,9%), l’Inde (11,3%) et le Kazakhstan (8%).
Tous ces chiffres prouvent que l’Europe constitue un marché de consommation très important pour l’Afrique et que les effets de cette nouvelle loi sur les exportations pourraient porter un coup aux exportateurs de Soja en particulier. De façon générale, l’agro-alimentaire africain subira un coup si les pays n’arrivent pas à prouver que leur produits ne proviennent pas des conséquences d’une déforestation. Vérifier la conformité des exportations agricoles africaines ou les conformer dès maintenant serait raisonnable et prudent.