Mbaye Lèye a franchi une nouvelle étape pour les entraîneurs africains en Europe. Lundi 11 janvier 2021, l’ex-international sénégalais est officiellement devenu le nouvel entraîneur du club belge du Standard de Liège.
À 38 ans, Mbaye Lèye devient le troisième international africain à entraîner un club de première division d’un championnat européen. Son parcours au Standard de Liège sera suivi de près par une génération de jeunes managers africains qui espèrent qu’il marquera un point pour les entraîneurs africains.
La nomination de Mbaye Lèye avait été annoncée juste après Noël sur un contrat allant jusqu’à la fin de la saison, alors qu’il tente de sortir le Standard de la moitié inférieure du championnat belge. Le directeur technique du Standard, Alexandre Grosjean, a déclaré qu’ils recherchaient un entraîneur ayant une connaissance approfondie de la compétition belge et Lèye a parfaitement fait l’affaire : « Nous voulions aussi un entraîneur avec une bonne image de notre équipe et avec un peu de l’ADN du club en lui », a-t-il indiqué.
“Tout le monde veut travailler avec moi”
« Lors de mes premières discussions, j’ai senti que tout le monde veut travailler avec moi, et pour moi c’est le plus important », a-t-il confié aux journalistes lors d’une conférence de presse quelques jours après sa nomination. « Je sais à quoi m’attendre. Je prendrai les décisions et j’en assumerai la responsabilité. C’était un honneur pour moi de jouer pour ce club et c’est un honneur pour moi d’en être maintenant l’entraîneur« , a-t-il conclu.
Mbaye Lèye le footballeur
En tant que joueur, Mbaye Lèye a eu une carrière bien remplie. À partir de 2007, et ce pendant 12 ans, il a fait quasiment le tour de la Belgique, qui comprenait trois séjours au Zulte Waregem, et du temps également passé à Gand, au Standard de Liège, à Lokeren, au KAA Eupen et à l’Excelsior Mouscron.
Mbaye Lèye commence sa carrière à Amiens en France après avoir quitté Dakar à l’âge de 18 ans. Lors de ses premières saisons en Belgique, il convainc le sélectionneur national de l’époque, Lamine Ndiaye, de le convoquer en sélection. Il fait ses débuts avec les Lions de la Teranga contre l’Algérie lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde en 2008 et a été sélectionné la même année contre le Liberia et la Libye. Mbaye Lèye n’a malheureusement pas réussi à se forger une place régulière dans une équipe dont l’attaque était menée par El Hadji Diouf – Diomansy Kamara, sans oublier Papis Demba Cissé et Mame Biram Diouf.
Malgré son échec en équipe nationale, Lèye a fait ses preuves en club, puis est immédiatement passé au métier d’entraîneur après avoir pris sa retraite il y a deux ans, en 2019. Son premier rôle a été celui d’assistant de l’ancien gardien de but belge Michel Preud’homme au Standard de Liège, en vue de le préparer à assumer la fonction d’entraîneur à l’avenir. Il a donc subi un coup dur lorsqu’il a été snobé par Liège en juillet dernier, au profit de l’ancien entraîneur des moins de 20 ans de la France, Philippe Montainer, alors que Preud’homme venait de démissionner. « Mais je n’ai pas tenu tête au club. Le Standard a choisi la sécurité à ce moment-là et six mois plus tard, tout a changé », a-t-il confié.
Sur les traces de ses devanciers
Mbaye Lèye suit les traces de Lito Vidigal, l’international angolais qui a occupé plusieurs postes d’entraineurs au Portugal, et de Ndubuisi Egbo, l’ancien gardien de but du Nigeria, qui a remporté le titre en Albanie avec le SK Tirana la saison dernière et a qualifié le club pour les premiers tours de la Ligue des champions de l’Uefa. Ce sont les trois seuls véritables internationaux africains à avoir entraîné des joueurs de haut niveau en Europe, même si Vidigal a été, lui, élevé au Portugal. Bien que l’ancienne star ivoirienne Kolo Touré et le Camerounais Pierre Webo fassent partie des entraîneurs de Leicester City et d’Istanbul Basaksehir respectivement, les opportunités pour les entraîneurs africains en Europe restent rares.
Il y a quelques années, l’ancien entraîneur de la RD Congo, Florent Ibenge, qui a travaillé pendant de nombreuses années au niveau de la ligue inférieure en Belgique, déclarait à ce sujet : « Nous pouvons jouer mais ne pas diriger, peut-être que l’homme noir n’est fait que pour exécuter ».
En septembre dernier, l’ancien international de l’Inter Milan et de la Sierra Leone, Mohamed Kallon, a de nouveau souligné ces problèmes dans une interview accordée à BBC Sport Africa alors qu’il obtenait sa licence d’entraîneur de haut niveau. « Je sais qu’il y a des obstacles à surmonter si je veux entraîner en Italie, car il est difficile pour un entraîneur noir d’y avoir un emploi », a-t-il insisté.
Plusieurs entraîneurs espèrent que Lèye pourra changer la perception des Africains aux plus hauts niveaux du métier d’entraîneur. Parmi ces derniers, l’ancien international tunisien Mehdi Nafti, 42 ans, qui a été nommé entraîneur du club espagnol de deuxième division de Lugo en octobre. Un autre est le Sénégalais Omar Daf, qui a joué comme arrière latéral pour le Sénégal lors de sa qualification pour les quarts de finale de la Coupe du monde en 2002 et qui est maintenant à la tête de Sochaux en Ligue 2.
L’Africain qui a le mieux réussi dans le domaine du management reste Mario Wilson, né au Mozambique, qui a été entraîneur du Portugal entre 1978 et 1980. Il a également été le premier manager noir d’un grand club lorsqu’il a pris la tête de Benfica en trois périodes différentes entre 1975 et 1998. Wilson est mort à l’âge de 86 ans en 2016. Espérons que le Sénégalais Mbaye Lèye fera mieux.
