Le mercredi 24 février marquait l’ouverture de l’édition 2021 de la semaine de la mode de Milan, en Italie. À l’occasion de cette ouverture, cinq stylistes nés en Afrique et installés en Italie ont fait sensation.
Claudia Gisèle Ntsama, 29 ans, née au Cameroun – Fabiola Manirakiza, 50 ans, née au Burundi – Mokodu Fall, 45 ans, originaire du Sénégal – Joy Meribe, 43 ans, née au Nigeria et Karim Daoudi, Marocain d’origine ont fait montre de tout leur talent à l’ouverture de cette fête de la mode.
Tous nés en Afrique, mais vivant en Italie, ils ont ouvert ce mercredi 24 février 2021 la semaine de la mode de Milan. Une consécration pour ces créateurs, membres du collectif Black Lives Matter in Italian Fashion, luttant contre le racisme dans la mode italienne. Tous revendiquent le label « made in Italy ».
Claudia Gisèle Ntsama
Pour la Camerounaise de 29 ans, devenir styliste était un rêve d’enfance. Un rêve qui aujourd’hui est devenue plus qu’une réalité avec la présentation de sa collection sur l’édition 2021 de la semaine de la mode de Milan. Rien ne la prédestinait pourtant à atteindre ce niveau, si ce n’est sa détermination.
Très déterminée, Claudia a appris l’italien pendant huit ans avant de débarquer dans son pays d’adoption en 2012. Elle enchaîne des boulots de femme de ménage ou de contrôleuse à l’entrée de stades de football, puis décroche un diplôme de design à Bologne (nord), avant de « tomber amoureuse » du chanvre, « une des fibres les plus écologiques » et fonder sa propre marque. Pour la Camerounaise d’origine, « qui dit mode, dit Italie ».
Fabiola Manirakiza, un mélange entre l’Afrique et l’Italie
Fabiola Manirakiza a 50 ans, née au Burundi, c’est au Zaïre (devenu République démocratique du Congo) qu’elle apprend à coudre, dans une école tenue par des sœurs italiennes. Malgré la mort de ses parents en 1972 dans les massacres interethniques au Burundi, elle sort diplômée en médecine avant de tomber amoureuse de la mode.
En 2016, fonde sa marque Frida Kiza en Italie, un hommage à l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Elle décrit son art comme « un mélange entre l’Afrique et l’Italie », comme ses foulards en soie à imprimés motif Massaïs qui s’inspirent de la peinture Le Printemps, de Botticelli. « En général, on nous ignore, on est invisibles. Mais là, c’est une renaissance », a-t-elle déclaré.
Mokodu Fall
Venu en Italie à l’âge de 22 ans « pour vivre une expérience de l’art de la culture », Mokodu Fall, est originaire du Sénégal. Aujourd’hui âgé de 45 ans, le caricaturiste, acteur puis artiste-peintre était également présent sur le podium de l’édition 2021 de la semaine de la mode de Milan.
« Ma collection reflète surtout mes origines africaines. Ce sont des œuvres d’art que je transpose sur des vêtements », a déclaré fièrement ce fils de diplomate qui partage sa vie entre Rome et Dunkerque dans le nord de la France.
Joy Meribe
Née au Nigeria, Joy Meribe, 43 ans a obtenu un master en business international avant de se lancer dans la mode. Son inspiration ? « Des femmes africaines fortes et intelligentes, comme mes grands-mères. »
Elle a quitté son pays parce que selon elle, « les designers de mode n’y sont pas considérés comme prestigieux ». « Je ne suis pas une styliste ethnique, je vis en Italie, j’ai fait des études en Italie et je produis en Italie », a-t-elle souligné.
Karim Daoudi
Arrivé à l’âge de 13 ans avec sa famille à San Mauro Pascoli dans le nord de l’Italie, Karim Daoudi, né au Maroc il y a 27 ans a aussi rencontré des difficultés sur son chemin.
Celui qui était « à la recherche d’un avenir meilleur » est sur la bonne voie. À 17 ans, il commence à travailler dans un atelier de confection de chaussures pour de grandes marques, avant de remporter un concours de création de chaussures à Rome. Sa collection, baptisée « Voyage dans la forêt », présentée sur la semaine de mode de Milan, rassemble des chaussures dans des teintes vives qui lui rappellent son pays, le Maroc. Pour financer sa passion, il gagne sa vie comme postier.
Le fashion show a été retransmis mercredi matin en streaming.
