Premier médaillé olympique de l’histoire du Gabon, champion du monde en 2013, double champion d’Afrique et triple qualifié aux Jeux olympiques, Anthony Obame est un véritable exemple de persévérance et de discipline. Derrière le combattant se dessine surtout un symbole national. Sa trajectoire depuis Libreville jusqu’aux grands rendez-vous mondiaux est à la fois une histoire de talent brut et de résilience. Portrait.
Londres, 11 août 2012. Sur le tatami, un colosse vêtu du dobok blanc du Gabon s’incline d’un geste humble après un combat d’une intensité rare. Il vient de perdre en finale face à l’Italien Carlo Molfetta, mais vient surtout d’écrire l’histoire. Ce 11 août de 2012, Anthony Obame a offert à son pays sa première médaille olympique, une médaille d’argent qui a fait de lui un héros instantané. À 24 ans, il a hissé le drapeau gabonais parmi ceux des grandes nations sportives.
Né le 10 septembre 1988 à Libreville, Anthony Obame découvre le taekwondo dans un petit club de la capitale gabonaise. Très tôt, il impressionne par sa carrure et sa concentration. Ses premiers entraîneurs racontent un jeune homme discret, déterminé, plus passionné par la rigueur de l’art martial que par la gloire du sport.
Sa progression est fulgurante. Il s’expatrie rapidement pour perfectionner sa technique, notamment en Espagne, sous la houlette de Juan Antonio Ramos, double champion du monde. Ce mentor l’aide à affiner sa stratégie de combat et à transformer son potentiel en redoutable efficacité.
Anthony Obame : du rêve olympique au symbole national

Les Jeux de Londres 2012 sont un tournant. L’athlète gabonais domine successivement ses adversaires jusqu’à la finale et propulse son pays dans une euphorie collective. Son retour au Gabon est triomphal. Accueilli en héros, décoré par les autorités, Anthony Obame devient l’image d’une nation unie autour d’un exploit sportif inédit.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’année suivante, en 2013, Anthony Obame décroche le titre de champion du monde à Puebla (Mexique), et confirme qu’il n’est pas un champion d’un jour, mais un athlète d’exception. Puis viendront deux titres de champion d’Afrique en 2014 et 2018, des dizaines de podiums internationaux et plus de 40 médailles remportées à travers le monde.
Derrière la gloire, Anthony Obame personnifie une certaine idée du sport africain, celle d’une excellence bâtie sur la résilience. Trois fois qualifié pour les Jeux olympiques (Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020), il n’a jamais cessé de porter haut les couleurs du Gabon, même lors des périodes de doute ou de blessures. Porte-drapeau de la délégation gabonaise à Rio, il symbolise la constance, la dignité et la foi en un rêve plus grand que soi. Son parcours inspire plusieurs jeunes sportifs qui voient en lui la preuve que la rigueur et la discipline peuvent hisser un Africain sur les plus hautes marches du monde.
Aujourd’hui, au-delà des tatamis, Anthony Obame se veut un ambassadeur du sport comme outil d’éducation et de cohésion. Il milite pour une meilleure structuration du sport au Gabon, plaide pour la professionnalisation des athlètes et se fait l’emblème de l’espoir d’une jeunesse africaine qui veut bâtir par le mérite. Dans un continent où le sport est encore perçu comme un loisir, il rappelle, par son exemple, qu’il peut être aussi un levier économique, social et identitaire. Sa trajectoire force le respect : celle d’un homme simple, déterminé et fidèle à ses racines.
Douze ans après sa médaille de Londres, Anthony Obame demeure la figure tutélaire du sport gabonais. Il est le symbole durable d’une Afrique qui s’impose par l’effort, la discipline et la foi en son propre talent. Un champion, mais surtout un repère.
