Robert Nouzaret fait partie de ces techniciens européens qui sont tombés amoureux du football africain avec son lot de mystère. Le technicien français a pris sa retraite à 76 ans, après un parcours plus ou moins fourni. Sur son CV d’entraineur, on compte au moins sept (07) années passées à la tête de différentes sélections africaines, notamment la Côte d’Ivoire, à deux (02) reprises.
Après 46 ans passés sur les bancs de clubs français mais aussi à la tête de trois sélections africaines, Robert Nouzaret a décidé de prendre sa retraite. Il a dirigé l’équipe de Côte d’Ivoire de 1996 à 1998, puis de 2002 à 2004, de la Guinée en 2006 et la République démocratique du Congo de 2010 à 2011.
Dans une récente interview accordée à nos confrères de RFI, Robert Nouzaret est revenu sur ses expériences à la tête de ces sélections africaines. Le français garde de beaux souvenir du continent, notamment de son passage à la tête du Syli national de Guinée. Il l’explique : « Ce fut un passage très agréable. Mais dans des conditions très différentes. La Guinée n’avait pas le potentiel financier et administratif que pouvait avoir la Côte d’Ivoire. Elle avait d’autant plus de mérite. Je suis aussi tombé sur une période avec un effectif très bon. Des bons gamins, et surtout très complémentaires : Pascal Feindouno, Ismaël Bangoura, Habib Baldé. Lors de mes trois années passées en Guinée, j’ai connu un contexte totalement différent : je venais d’un pays beaucoup plus ambitieux et développé (la Côte d’Ivoire), et j’ai découvert un autre pays bien plus miséreux, avec des difficultés financières et autres. Mais j’ai rencontré des superbes personnes au niveau des dirigeants, et des bons joueurs, surtout dans leur tête. Je n’ai que des bons souvenirs dans ce domaine-là. »
Robert Nouzaret a confié que la génération Pascal Feindouno avait un grand potentiel et surtout, elle était facile à gérer : « Ce n’était pas compliqué : les joueurs avaient trop de talent, et surtout étaient très réceptifs. Ils n’étaient pas du tout compliqués à gérer. Vous savez les joueurs africains, le seul moment où il faut les surveiller, c’est quand ils ont envie de sortir. Parce que ce sont vraiment des fêtards. Et comme c’étaient des gamins très intelligents, et bien cela faisait partie de leur oxygène et de leur motivation. Ils avaient besoin de ça et il fallait le comprendre. »
Le Technicien français garde également de bons souvenir de ses deux passages à la tête des Eléphants. Il est d’ailleurs celui qui a donné la chance à Didier Drogba de se révéler au public ivoirien lors des matchs de qualification de la CAN 2004. Il a expliqué qu’il y avait une grande différence entre son premier passage à la tête de l’équipe (1996-1998) et le second (2002-2004). « La grande différence, c’est que lors de la première période j’avais 90% de joueurs qui jouaient en Afrique. Et la 2ème période j’avais 100% de joueurs qui jouaient en Europe », a-t-il confié avant de poursuivre en ces termes : « Aujourd’hui être responsable d’une sélection africaine, ça ne représente plus le football africain, ça représente les qualités individuelles des joueurs que vous essayez de faire jouer le mieux possible ensemble. Alors que lors de mon premier passage, c’était vraiment quelque chose lié à la culture africaine, aux coutumes africaines, avec des gars que je voyais déjà beaucoup plus souvent parce que j’étais sur place ».
S’il y a l’une de ses expériences sur le continent dont les souvenirs ne sont pas ce qu’il avait espéré, c’est bien son passage sur le banc de la RDC (2010 et 2011). Avec regret, il est revenu sur cette période de sa carrière. « Ça c’est mal passé d’abord par ma faute. Car, entre le moment où j’ai été contacté et le moment où ils m’ont demandé de venir, il y a eu trop de temps. Et dans le doute, j’ai fait l’erreur de ne pas me mettre au courant du football de RDC et des joueurs congolais, pour gagner du temps lorsque j’arriverais. Parce que je n’étais pas du tout sûr qu’ils allaient accepter mes propositions. C’était ma première erreur. »
Une erreur en appelant une autre, Robert Nouzaret ‘’récidive’’ et s’enfonce. Lors de son premier match à la tête de la RDC, il se prend une raclée face aux Lions de la Teranga. « Après, lorsque je suis arrivé, j’ai fait une deuxième erreur. Le premier match c’était contre le Sénégal, et c’était la première fois de toutes mes expériences africaines que je ne connaissais pas du tout la plupart des joueurs congolais. Et je me suis basé sur un ou deux adjoints que j’avais à ma disposition et là j’ai fait une erreur. J’aurais dû carrément prendre l’équipe du TP Mazembe et remplacer les 2 ou 3 étrangers qu’ils avaient dans l’équipe par des joueurs congolais. Et je pense qu’on y serait allé d’une manière beaucoup plus sûre et beaucoup plus réaliste et efficace », s’est-il remémoré.
Robert Nouzaret n’a pas manqué de louer l’évolution du football africain. Interrogé sur comment il voyait l’évolution du football du continent, et surtout le niveau des entraineurs africains, il a déclaré : « Je suis bien content. Je pense que beaucoup d’entraîneurs africains ont les qualités pour arriver au niveau des européens […]. Et vous verrez de plus en plus d’Africains qui viendront entraîner en Europe, c’est logique. C’est le juste retour des choses par rapport aux Européens qui viennent en Afrique. »s