Jessica Nguessan a une particularité. Très discrète, son énergie est généreuse, positive et surtout contagieuse. Après avoir travaillé dans un groupe de communication, elle décide de prendre les commandes de sa vie professionnelle. Elle lance en 2019 sa propre entreprise JEN’S CORPORATION, un cabinet d’études, de conseils et d’intermédiation spécialisé dans l’accompagnement au développement des entreprises et des acteurs politiques.
Véritable partisane du travail bien fait, Jessica Nguessan se passionne à confirmer son expertise au quotidien. À la tête de sa structure, elle est de celles qui confirment que la jeune femme africaine est engagée à participer efficacement à la croissance économique du continent.
Ses services aident au renforcement de capacité et à la structuration des projets d’entreprise. Elle intervient auprès des acteurs politiques avec ses solutions adaptées au contexte africain. Dans cette interview accordée à la rédaction de Ocean’s News, elle nous parle plus en détails des activités de son cabinet.
Bonjour Jessica Nguessan, avec vos propres mots, présentez-vous aux lecteurs de Ocean’s News qui vous découvrent pour la première fois.
Jessica Nguessan : Bonjour, je suis Jessica Elodie Nguessan, j’ai 32 ans, de nationalité ivoirienne, célibataire sans enfant, je suis le Manager général du cabinet JEN’S CORPORATION.
Que pouvez-vous nous dire de votre structure JEN’S CORPORATION ?
Jessica Nguessan : JEN’S CORPORATION est un cabinet d’étude, de conseil et d’intermédiation. Notre expertise vise au management des situations de crise de niveau stratégique, susceptibles d’atteindre les entreprises, les entités publiques, et les acteurs politiques. Nous favorisons également les échanges de coopération entre les différents environnements (économique, politique et social).
Plus concrètement, et de manière pratique, en quoi consiste votre travail ?
Jessica Nguessan : Nous offrons des services enrichis dans le domaine des entreprises et des acteurs politiques. Pour les entreprises, nous savons que le développement du secteur privé est un enjeu majeur pour la création d’emplois en Afrique et que le secteur de l’informel représente plus de 80% des emplois selon les estimations du Bureau International du Travail. Nos réalités africaines freinent une meilleure structuration et l’accompagnement efficace de ce secteur. Notre travail dans ce cas consiste à développer des programmes de renforcement de capacités et de structuration d’une approche émergente des entreprises du secteur informel dans l’objectif de créer une transition vers le secteur formel; ce qui favorisera donc des emplois plus structurés et fonctionnels sur le long terme.
Pour l’aspect politique, la montée de la parole publique, des acteurs politiques, et le niveau de vie sociale précaire des africains a permis de produire des débats et des révolutions autour des grands enjeux de la politique africaine qui voit son seuil de tolérance de plus en déclin. La transformation des pouvoirs africains est l’un des principaux défis politiques du continent, et aujourd’hui, la médiatisation des hommes politiques est de plus en plus importante et la tendance n’est pas près de s’inverser.
JEN’S CORPORATION comprend ce climat et offre une approche plus personnalisée qui répond aux réalités du contexte africain. Nous accompagnons les acteurs politiques dans la structuration politique, économique et sociale de leurs différents projets, dans la gestion de crise, la gestion de réputation, le lobbying, etc.
Pourquoi le choix des entreprises et des politiciens ?
Jessica Nguessan : Pour nous, ces deux entités représentent respectivement le pilier fondamental du développement et la boussole de notre société. L’Afrique ayant besoin d’un nouveau type de leaders pour engager sa transformation structurelle et notamment faire face à ses nombreux défis, nous avons trouvé nécessaire de nous inscrire dans ce modèle de redressement déjà entamé.
Avec l’environnement politique en Afrique, en tant que femme, pensez-vous avoir les capacités de devenir un leader dans ce domaine ?
Jessica Nguessan : Vous savez, je ne me pose pas cette question parce que pour moi, c’est une évidence.
Aujourd’hui à tort ou à raison, l’entrepreneuriat est devenu un effet de mode pour la jeunesse africaine. Vous qui soutenez cet écosystème et aidez les jeunes entreprises à prendre leur envol, quel est votre avis sur le sujet ?
Jessica Nguessan : Ah ! j’en parlais dans mon article qui figure sur mon site internet personnel sur la différence entre le besoin d’entreprendre et l’esprit d’entreprendre. Il y a une très grande différence. Tout le monde ne deviendra pas entrepreneur même si l’environnement économique africain y voit une issue de sortir. Nous avons beaucoup de chance en tant qu’africains, d’avoir des ressources naturelles et beaucoup de domaine inexploité.
Mon constat est simple, c’est l’état d’esprit qui fait la différence quant à ce qu’un entrepreneur devient. L’entrepreneur motivé par la nécessité crée une entreprise parce qu’il n’existe pas d’autres opportunités d’emploi rémunérées viables. Il recourt généralement à des techniques et à des processus anciens et peu productifs, et n’a pas d’idées innovantes ni de perspectives de forte croissance
L’entrepreneur motivé par l’esprit d’entreprendre aspire au profit et à l’indépendance, mais surtout apprend, et se développe. Parce qu’une jeunesse qui ignore son potentiel demeure une jeunesse sacrifiée. Aujourd’hui, nous devons tenir compte de notre responsabilité dans le développement de notre pays. Mais une responsabilité, engendre un engagement envers notre continent, mais surtout envers notre histoire. Un processus qui produit le même effet dévastateur ne doit plus être appliqué ! Il faut oser le changement !
En tant que professionnelle, quelle est selon vous la cause de l’échec de nombreuses jeunes entreprises africaines ?
Jessica Nguessan : Je pense que les causes de l’échec des entreprises sont multiformes. Les entreprises sont principalement sensibles aux problèmes liés aux retards de paiement des clients, souffrent d’un manque de structuration et d’un manque de compétences managériales qui conduit à de mauvais choix managériaux (une diversification excessive) ou financiers (montant de prêt trop élevé, coût de la dette trop important), etc. Ils sont également sensibles aux problématiques liées aux infrastructures locales (routières et énergétiques, ponctuelles ou chroniquement défectueuses), mais aussi aux crises politiques.
Quel est le message que vous pouvez adresser à cette catégorie de jeunes entrepreneurs dont les initiatives et les efforts sont louables, mais qui ont du mal à s’en sortir ?
Jessica Nguessan : Il est très important pour nous jeunes entrepreneurs de respecter le processus de développement à l’instar d’un bébé qui vient de naître. L’évolution d’une entreprise n’est pas linéaire, elle demande beaucoup de réajustement, et une forte connaissance de l’environnement. Je leur dirai tout simplement de ne pas abdiquer. Nous pouvons faire une pause, prendre du recul, mais nous ne devons jamais abandonner. Nous sommes de cette génération que je qualifierai de « génération rallye » avec unique objectif : Être le plus rapide. Pour ma part, je reste constante dans mon approche parce que c’est de la constance que résulte le véritable pouvoir.
Loin d’être une exagération, vous êtes aujourd’hui un modèle de persévérance et d’abnégation et l’une des femmes qui confirment cette maxime “que la femme peut tout accomplir si elle s’en donne les moyens”. Qu’en est-il de votre appréciation du débat sur le leadership et de l’autonomisation de la femme africaine, et la place qu’occupent les femmes dans nos instances de prise de décision ?
Jessica Nguessan : Je suis très contente de voir à quelle vitesse de croissance les femmes africaines évoluent malgré les obstacles d’ordre financier, légaux et sociaux. Selon le rapport du global entrepreneurship monitor, le taux d’entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne atteint 25,9 % de la population féminine adulte, ce qui signifie qu’une femme sur quatre, lance ou gère une entreprise. Les femmes dirigent désormais un tiers de toutes les entreprises de l’économie formelle à travers le monde. Cependant, la majorité des entreprises qui opèrent dans les économies en développement et de transition sont des très petites ou des microentreprises au potentiel de croissance limité. Le travail reste encore à faire, mais nous sommes déjà en marche. Nous devons continuer d’oser et mieux structurer notre perception sur notre réel rôle dans la société.
Quelles sont vos perspectives pour ces prochaines années ? Avez-vous des projets en cours de réalisation ou à venir que vous désirez partager avec nos lecteurs ?
Jessica Nguessan : Oui, bien sûr, dans le domaine professionnel, nous allons continuer de nous adapter à l’environnement africain et dans les prochaines années diversifier notre activité en touchant des secteurs de production. Sur le plan personnel, je pense continuer à me former et à développer mes compétences pour être en phase avec mes ambitions, mais surtout être plus outillée pour faire face aux défis de demain.
Ce fut un plaisir madame Nguessan, merci pour ce temps que vous nous avez accordé. Quel est votre mot pour mettre fin à cet entretien ?
Jessica Nguessan : Je remercie toute la rédaction de Ocean’s news pour cette marque d’intérêt en mon égard.