Après trois jours d’émulation autour des solutions durables pour le climat, la deuxième édition du Climathon Lomé, qui s’est tenue du 3 au 5 avril 2025 dans la capitale togolaise, a tiré sa révérence. Pour dresser le bilan de cet événement, la rédaction Ocean’s News est allée à la rencontre de la Responsable des programmes chez Impact Hub Cotonou, Annick Andrée Akobe, Coordinatrice du programme Climathon Togo et Bénin.
Annick Andrée Akobe revient dans cette interview sur les moments forts de la deuxième édition du Climathon Lomé, les idées qui ont émergé, et partage avec nous sa vision pour la suite de cette dynamique engagée en faveur du climat.
Le Climathon est un événement qui s’affirme dans le domaine de l’innovation pour le climat. Quelle est sa mission principale et comment il s’inscrit dans la lutte contre le changement climatique ?
Annick Andrée Akobe : Climathon est un mouvement mondial, orchestré par EIT Climate-KIC, engageant des personnes de tous horizons et cultures qui cherchent à impulser le changement pour accélérer la transition vers une société zéro carbone et résiliente au climat. Grâce aux centaines de Climathons organisés de manière indépendante, nous rassemblons les gens pour sensibiliser et fournir des apprentissages pertinents pour le climat, renforcer les écosystèmes locaux, inspirer davantage d’actions climatiques à travers des projets et initiatives locales.
En ce qui concerne l’édition 2025, particulièrement à Lomé, quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ? Et comment ces objectifs s’intègrent-ils dans la stratégie régionale de transition énergétique ?
Annick Andrée Akobe : Les objectifs de la deuxième édition du Climathon Lomé sont multiples. Il s’agit tout d’abord de sensibiliser aux défis climatiques locaux et de partager des connaissances utiles pour la protection du climat. Ensuite, le programme vise à construire ou renforcer les écosystèmes locaux, afin de créer un environnement favorable aux initiatives durables.
Il ambitionne également d’inspirer des projets et des actions concrètes qui s’attaquent aux causes profondes du changement climatique à l’échelle locale. Par ailleurs, il entend former les jeunes talents à formuler des problématiques claires et précises.

Le processus inclut aussi la sélection des meilleures idées de produits ou de projets innovants, puis l’accompagnement de ces jeunes talents dans la création de prototypes et de croquis. Les idées sont ensuite testées et affinées pour être améliorées. Le programme soutient également les jeunes talents dans la production, la diffusion, la distribution, la commercialisation et la vente de leurs solutions, afin de répondre aux besoins réels des utilisateurs et des clients actuels.
Retour sur la deuxième édition du Climathon Lomé. Quel bilan en tirez-vous ? Est-ce que les objectifs initiaux ont été atteints selon vous ?
Annick Andrée Akobe : Je dirais que nous avons largement dépassé nos objectifs initiaux, car la jeunesse a montré un intérêt particulier pour l’initiative. Cela prouve que les jeunes Togolais sont conscients des défis urgents auxquels leur société est confrontée et souhaitent s’impliquer pleinement pour trouver eux-mêmes des solutions. C’est d’ailleurs dans ce contexte que la méthodologie du Human-Centred Design Thinking prend tout son sens pour atteindre ces objectifs.
Par ailleurs, nous sommes très heureux d’avoir pu co-créer avec la majorité des acteurs de l’écosystème engagés dans les domaines des énergies renouvelables et de la lutte contre le changement climatique. Parmi eux, on compte notamment WASCAL, Energy Generation, l’ONG JVE, Hello Woe Labs, et l’ONG STADD, qui ont tous rejoint cette noble cause. Nous saluons également la présence des autorités et des experts du secteur. Le Climathon n’était pas seulement porté par le consortium composé d’Impact Hub Cotonou, Sangai et AIESEC, mais a bénéficié de l’engagement de nombreuses structures qui se sont mobilisées pour assurer le succès de cet événement.
Cette édition avait pour thème : “Les énergies renouvelables et la réduction des émissions”. Quelles étaient vos principales ambitions à travers ce thème ?
Annick Andrée Akobe : Comme vous l’avez souligné, le thème de cette année était “Énergies renouvelables et réduction des émissions” avec pour sous-thèmes :
- Les enjeux des énergies propres à Lomé et dans les zones rurales du Togo
- L’amélioration de l’efficacité énergétique
- La transition vers des sources d’énergies renouvelables et l’Internet des objets (IoT)
Les Climathoniens disposaient de plusieurs angles d’approche, selon leur profil, pour proposer des solutions bien ciblées. La vision du Climathon est d’encourager les participants à relever leurs propres défis et à travailler ensemble dans une démarche de co-création, afin de résoudre les problématiques qu’ils ont eux-mêmes identifiées. Notre ambition est de permettre aux populations d’accéder à l’énergie renouvelable, qui constitue une solution pour connecter nos villages, campements et autres localités aux réseaux électriques.
Combien de participants ont pris part à la deuxième édition du Climathon Lomé ? Pouvez-vous nous expliquer le processus de sélection des participants ?
Annick Andrée Akobe : En dehors du premier jour qui était ouvert au public et qui a vu la participation de près de 80 personnes, les 04 et 05 avril 2025 ont été consacrés à l’Hackathon où 7 équipes de 6 personnes ont travaillé pour nous proposer des solutions durant les deux jours d’hackathon.
Au-delà du coaching et de l’accompagnement, la deuxième édition du Climathon Lomé a récompensé également des projets. Donnez-nous des détails sur le processus et les critères de sélection de ces projets.
Annick Andrée Akobe : Les critères d’évaluation des idées et d’identification de leur potentiel à créer un changement positif sont les suivants :
- En rapport avec le défi : L’idée démontre une bonne compréhension des défis locaux et propose des solutions concrètes pour y répondre.
- Pertinence locale : L’idée montre clairement comment elle pourra avoir un impact sur la ville ou la communauté concernée.
- Équipe : L’équipe qui a développé l’idée possède les compétences et l’esprit de collaboration nécessaires, ce qui augmente les chances que le projet ait un impact réel après le Climathon.
- Potentiel de développement : L’idée inclut une ébauche des parties prenantes et des hypothèses qui sont, ou devront être, validées après le Climathon.
- Potentiel transformateur : Il est évident que l’idée ne se limite pas à résoudre un problème isolé, mais qu’elle s’attaque à des enjeux systémiques plus larges, en encourageant un changement comportemental ou sociétal vers l’objectif de zéro émission nette.
Quelles solutions innovantes ont émergé lors de cette édition ? Parmi elles, lesquelles vous paraissent les plus prometteuses pour l’avenir ?
Annick Andrée Akobe : À l’issue des délibérations, trois meilleurs projets ont été retenus :
- Kekeli Tech – Prix de la meilleure inclusion sociale
- Eco’Inov – Prix de la meilleure innovation
- AKADI – Prix du meilleur impact durable
Cela dit, nous tenons à souligner que toutes les solutions présentées étaient intéressantes. Cependant, il fallait sélectionner les meilleures. Les équipes dont les projets n’ont pas été retenus sont encouragées à poursuivre le développement de leurs solutions afin d’intégrer un programme de pré-accélération.

Comment ces projets peuvent-ils répondre concrètement aux défis énergétiques locaux ? Plus largement, quel rôle peuvent-ils jouer dans la promotion des énergies renouvelables au Togo et dans la région ?
Annick Andrée Akobe : Ces projets peuvent apporter des réponses concrètes, à condition que les jeunes poursuivent l’aventure avec nous jusqu’à la mise en œuvre complète de leurs idées. Le programme CATAL1.5T° vise à installer au moins 30 entreprises dans le secteur du climat et du développement durable d’ici 2 à 3 ans. C’est très encourageant de voir que le Climathon représente le point de départ pour la création d’entreprises qui continueront leur parcours à travers le programme de pré-accélération, puis d’accélération, en bénéficiant des financements prévus à cet effet.
Quel impact immédiat et durable estimez-vous que la deuxième édition du Climathon Lomé aura, tant sur la communauté locale que sur les entreprises participantes ?
Annick Andrée Akobe : L’impact durable, c’est de voir qu’à la fin du processus que des entreprises issues de la deuxième édition du Climathon Lomé œuvre de façon concrète au Togo. Le deuxième impact est de voir les communautés, les organisations locales prendre la relève afin d’adresser d’autres défis liés aux climats, aux énergies renouvelables, à l’économie verte et circulaire.
Pour conclure, quels sont vos espoirs pour l’avenir des énergies renouvelables au Togo ? Et comment Climathon Lomé 2025 peut-il contribuer à cette dynamique ?
Annick Andrée Akobe : Prendre conscience de nos défis et chercher à les relever est déjà un grand pas vers le changement. La deuxième édition du Climathon Lomé n’est que le point de départ d’une mobilisation, destinée à passer le relais aux acteurs locaux et aux autorités afin de poursuivre le travail amorcé avec le Climathon.