La crise diplomatique entre le Niger et le Bénin a atteint un point culminant. Le Niger a décidé de fermer le pipeline qui acheminait le pétrole vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Cette décision a été confirmée par Mahaman Moustapha Barké, ministre nigérien du Pétrole, lors de sa visite dans la région de l’Agadem.
Le 6 juin 2024, en réponse aux tensions croissantes, le Niger a mis en œuvre la fermeture du pipeline reliant le nord-est du pays au port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Le ministre du Pétrole a effectué une inspection sur le terrain pour s’assurer que les instructions du général Abdourahamane Tiani, chef de l’État, étaient bien respectées.
Barké a constaté la fermeture effective des vannes à la station de Mélec et a ordonné l’arrêt immédiat du flux pétrolier dans d’autres stations où le pétrole continuait à couler malgré les directives. « Nous sommes prêts à assumer toutes les conséquences de cette décision », a affirmé le ministre, déterminé à exécuter les ordres de fermeture.
Cette fermeture a des implications majeures pour les économies des deux pays ainsi que pour Wapco, l’entreprise chinoise qui exploite ce pétrole. La semaine dernière, cinq employés nigériens de Wapco-Niger ont été arrêtés au port de Sèmè-Kpodji au Bénin, une arrestation que Niamey a dénoncée comme un kidnapping.
Les autorités nigériennes exigent la libération inconditionnelle de ces employés et souligne que l’équipe était en mission officielle pour superviser le chargement de pétrole. Le Bénin accuse toutefois certains des détenus d’être des agents utilisant de faux badges pour accéder au site. Cette arrestation alimente les tensions déjà vives entre les deux nations.
Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023 qui a renversé le président Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et le Bénin se sont dégradées. Le Niger a rouvert ses frontières avec le Nigeria, mais refuse de faire de même avec le Bénin, accusant ce dernier d’abriter des bases françaises dans le nord pour entraîner des terroristes visant à déstabiliser le pays. Ces accusations sont rejetées par le Bénin et la France.
« Nous ne pouvons pas tolérer que notre pétrole soit exploité sans notre supervision adéquate », a déclaré Barké, exprimant la position ferme du Niger face aux accusations de vol de pétrole.
La fermeture du pipeline et l’escalade des accusations mutuelles menacent de perturber davantage la stabilité régionale. Les impacts économiques de cette interruption de l’exportation de pétrole se feront sentir des deux côtés de la frontière, aggravant les tensions politiques et économiques.
La communauté internationale suit de près cette situation, espérant une résolution négociée pour éviter une détérioration supplémentaire des relations entre le Niger et le Bénin. En attendant, la fermeture du pipeline reste un symbole puissant des tensions actuelles et des défis à venir pour la région.