Dette africaine – L’Institut africain de développement, organisation d’apprentissage du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), a officiellement lancé l’African Debt Managers Initiative Network (ADMIN). Ce nouveau programme vise à apporter des solutions locales aux défis de la dette auxquels font face les pays africains.
À Addis-Abeba, l’African Debt Managers Initiative Network (ADMIN) a vu le jour, jeudi 13 juin 2024. Le nouveau programme lancé par l’Institut africain de développement vise à apporter des solutions locales aux défis de la dette africaine. Lors de la cérémonie de lancement et du premier atelier d’apprentissage entre pairs, Coulibaly Abdoulaye, Directeur du département de la gouvernance et des réformes économiques à la BAD, a souligné l’importance de cette initiative.
Selon Coulibaly Abdoulaye, l’African Debt Managers Initiative Network (ADMIN) fournira des solutions locales sur mesure pour renforcer la capacité de gestion de la dette africaine. Une initiative qui permettra de résoudre rapidement les problèmes d’endettement, de rétablir la stabilité macroéconomique et de promouvoir une croissance inclusive.
Eric Ogunleye, Directeur de l’Institut africain de développement, a pour sa part mis en lumière les enjeux actuels. Les besoins croissants de financement pour le développement des infrastructures, la réduction de la pauvreté, l’atténuation du changement climatique et la lutte contre l’insécurité poussent les pays africains à emprunter davantage. Cette tendance accroît la vulnérabilité liée à la dette africaine, dégradant les résultats macroéconomiques et entravant l’efficacité des réponses politiques aux chocs.
Le 30 avril 2024, sur les 38 pays africains pour lesquels des données d’évaluation de la viabilité de la dette sont disponibles, treize présentaient un risque élevé de surendettement et six étaient déjà en situation de surendettement. Une part de cette dette est due à des détenteurs d’obligations et à des créanciers extérieurs au Club de Paris, qui imposent un lourd fardeau du service de la dette, en moyenne 18 % des recettes publiques.
La réunion a également identifié le développement des marchés intérieurs de la dette africaine comme une solution essentielle pour accéder à des sources de financement plus stables et moins coûteuses. Johan Krynauw, ancien Directeur de la gestion de la dette au Trésor national d’Afrique du Sud, a encouragé les pays africains à collaborer étroitement pour partager les connaissances et soutenir mutuellement la gestion de la dette africaine. « Ces dernières années, de nombreuses initiatives institutionnelles extérieures au continent ont été lancées pour aider les pays africains. La question est toujours de savoir pourquoi cela n’a pas fonctionné et pourquoi nous avons encore aujourd’hui des problèmes de finances publiques et de gestion de la dette », a-t-il déclaré M.
Jean Yves Naka, Directeur de la recherche et de la stratégie à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), a également souligné l’importance des marchés domestiques pour relever les défis de la dette africaine. Il a noté que le développement de ces marchés est crucial pour atteindre les objectifs de développement, tels que les Objectifs de développement durable des Nations unies et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Cette réunion a réuni des gestionnaires de la dette, des opérateurs de marchés de capitaux, des responsables de banques commerciales et des régulateurs, dont des commissions de valeurs mobilières et de change ainsi que des banques centrales. Les participants ont échangé sur les moyens pratiques de développer et d’approfondir les marchés de la dette intérieure en Afrique et partagé des expériences et des enseignements pour les pays disposant de marchés naissants ou inexistants.
L’African Debt Managers Initiative Network (ADMIN) se présente donc comme une initiative clé pour aborder les défis complexes de la dette en Afrique, favorisant la coopération et l’apprentissage mutuel entre les gestionnaires de la dette sur le continent.