Transformer la production agricole et permettre à l’Afrique de nourrir le monde. C’est l’appel lancé par le président du groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, le lundi 29 avril 2024, lors de la table ronde du Forum économique mondial (FEM) qui s’est tenue à Riyad en Arabie Saoudite sur le thème « De la nourriture et de l’eau pour tous ».
À Riyad, le président du groupe de la BAD a plaidé pour le financement de l’agriculture en Afrique afin de lui permettre de nourrir le monde. Il a lancé un vibrant appel à une coalition d’engagements publics et de financements du secteur privé pour libérer « l’impressionnant » potentiel agricole de l’Afrique, et ouvrir la voie à l’autosuffisance alimentaire du continent et à sa contribution à la sécurité alimentaire mondiale.
Au cours de cette table ronde, des dirigeants et des experts mondiaux ont reconnu que l’Afrique disposait des terres et de l’eau nécessaires pour réaliser cette noble ambition, mais qu’elle manquait d’investissements importants et de cadres réglementaires pour exploiter correctement ses abondantes terres inutilisées et ses vastes ressources en eau.
Selon le président du groupe de la BAD, l’Afrique a besoin d’une augmentation massive et générale des investissements dans les infrastructures agricoles, pour atteindre environ 78 milliards de dollars d’ici à 2050.
« Le potentiel est indéniable, mais nul ne se nourrit de potentiel […] Nous devons libérer ce potentiel », a déclaré Akinwumi Adesina, soulignant que le secteur privé est essentiel, mais qu’il devait être associé à la création d’organismes publics de régulation bien gérés et administrés.
« Nous avons besoin d’une plus grande participation du secteur privé, nos services publics sont faibles et fonctionnent mal, nous devons améliorer la gouvernance », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une action concertée significative aidera à créer un secteur agricole d’une valeur d’environ 1300 milliards de dollars d’ici à 2030.
Globalement, l’Afrique regorge d’eau, mais une partie est souterraine. Exploiter ce potentiel et recourir beaucoup plus largement aux techniques modernes d’irrigation, y compris celles offertes par l’intelligence artificielle (IA), sont des objectifs stratégiques clés.
Le panel a par ailleurs examiné la manière dont des investissements ciblés et des technologies de pointe pourraient répondre aux besoins urgents de 2,4 milliards de personnes qui ne disposent pas d’une alimentation adéquate et de 2,2 milliards de personnes qui manquent d’eau potable à travers le monde, mettant en évidence le rôle de l’Afrique dans ce défi mondial.
Le président de la Banque a indiqué que son institution avait investi trois milliards de dollars rien que dans des projets liés à l’eau au cours des trois dernières années, raccordant 15 millions de personnes à l’eau et 17 millions à l’assainissement. Mais des millions de personnes sont toujours confrontées à des pénuries.
Il a mis l’accent sur des initiatives telles que la Facilité africaine de l’eau et a appelé à davantage d’approches similaires. La Facilité africaine de l’eau, hébergée par la Banque, fournit des dons et une assistance technique spécialisée pour préparer des projets innovants et bancables dans le secteur de l’eau, prêts à attirer des investissements privés dans toute l’Afrique.
Les panélistes ont d’ailleurs dénoncé la prime que l’Afrique paie pour la sécurité de l’eau et la productivité agricole en raison de la vétusté des infrastructures, des défis climatiques et du sous-investissement. Ils ont appelé à un changement de paradigme dans la manière dont les investissements sont canalisés vers le continent, en plaidant pour des modèles de financement innovants, une meilleure gestion des risques et un soutien accru à l’adaptation technologique.