À l’issue du communiqué conjoint des ministères du transport et celui de la sécurité, à la date du 03 avril 2020, relatif aux nouvelles mesures concernant les transports urbains, des voix indignées se sont jointes à celles des membres des corporations concernées pour dénoncer le caractère abusif desdites mesures.
En effet, l’ordonnance prise à l’endroit des conducteurs d’engins à deux et trois roues exigeait l’interdiction formelle de transport de passagers à compter du 04 avril 2020. Les mouvements d’humeur ayant été entendus, au lendemain de l’entrée en vigueur des mesures sus-citées, au travers d’un énième communiqué du gouvernement, la population a appris avec soulagement la levée temporaire de cette interdiction impopulaire. Une décision que l’Union syndicale des conducteurs de taxis-motos (USYNCTAT) a salué le lundi 6 avril 2020.
La grogne s’explique, d’une part, par l’appréhension des populations dont la majorité dépend des services des conducteurs d’engins à deux roues pour leurs courses quotidiennes, des répercussions négatives de cette décision. D’autre part, les personnes visées par ces mesures évoluent dans l’informel. Une cessation de leurs activités constituerait une menace existentielle pour eux ainsi que leurs familles.
Aux regards, de ces considérations, le gouvernement prévoit pour le 11 avril prochain des mesures d’accompagnement afin de permettre à ces travailleurs de moins ressentir les contraintes de la décision. Rappelons que le communiqué du 03 avril faisait suite à l’état d’urgence décrété le 1er avril par le Président de la République Faure Essozimna Gnassingbé, dans le contexte de la lutte contre la propagation de la maladie à coronavirus au Togo.
Un tête-tête est prévu ce mardi 7 avril 2020 entre les autorités du pays et et le syndicat des conducteurs de taxi-moto pour trouver la bonne formule d’accompgnement.
Les concernés s’expriment
La rédaction du magazine Ocean’s News a tendu le micro à certains conducteurs de taxi-moto qui ont bien voulu s’exprimer sur la situation ainsi que leurs attentes. Notre premier homme ne semble toujours pas avoir décoléré en dépit du retrait de la décision du gouvernement.
« Le gouvernement a bien fait de retirer cette décision. Ce n’est pas du tout réaliste. Comment allons-nous nous en sortir avec nos familles sans travail ? J’attends de voir les mesures d’accompagnement annoncées. J’espère que ça arrangera chaque partie ; sinon on protestera à nouveau », martèle Messan avec conviction.
Étsè, rencontré dans la zone Adidogomé, quant à lui est plus conciliant : « Je parle au nom de mes collègues. Nous sommes conscients de la situation et de la menace. Nous savons que chaque jour, nous sommes exposés dans l’exercice de notre fonction, mais on n’a pas d’autre choix que de sortir pour que les nôtres aient de quoi manger. À la fin de la journée, je fais de mon mieux pour avoir au moins 3000 FCFA (environ 5 Euros). Si le gouvernement peut nous accompagner à cette hauteur ou plus, ça sera une bonne nouvelle. Si non, qu’on nous laisse travailler ».
Masque au visage pour se protéger le nez et la bouche, il rappelle qu’ils observent les mesures barrières. « Comme vous l’avez remarqué, nous portons tous le masque et nous nous lavons régulièrement les mains comme recommandé. Le reste, c’est Dieu qui protège ».
Fo Yovo quant à lui analyse la situation : « Nous n’avons pas contesté la décision du gouvernement pour le plaisir de le faire. J’aurais bien aimé rester chez moi et profiter me reposer de ce pénible travail, mais j’ai des responsabilités en tant que père. Les mesures d’accompagnement sont une bonne chose. Si elles sont d’ordre financier, je crains qu’il y’ait des injustices, des problèmes de leadership, de la corruption et des infiltrations de personnes malhonnêtes, surtout que la plupart d’entre nous ne sont pas organisés. Aussi n’avons-nous pas de syndicat à proprement parler. J’ignore comment le gouvernement pourra s’en sortir. En tout cas, le 11 n’est pas loin », confie-t-il.
Si beaucoup observent la situation avec calme depuis la suspension de la décision qui fait couler les salives, ce n’est pas le cas pour Zopapa ; un homme visiblement désabusé qui nous lance depuis sa position d’un ton tranchant : « Moi je ne peux me prononcer avant le 11. Même si on nous promettait des choses, je ne suis pas certain que cela tiendra sur le long terme. Je n’ai pas confiance au gouvernement ».
À ce jour, le Togo compte 58 cas confirmés de coronavirus, dont 32 cas actifs, 23 guérisons et 3 décès (mise à jour du 6 avril 2020, à 21h15). Qu’on soit satisfait ou non des mesures prises à différents niveaux par le gouvernement, la réalité de la propagation de la maladie est un fait.
En plus des gestes-barrières observés par les populations, nous espérons que le gouvernement saura apporter la solution qui satisfera les secteurs visés par des restrictions afin qu’ensemble le Covid-19 soit bouté hors du Togo. Rendez-vous le 11 avril pour connaître la suite de ce dossier.