Dans l’univers entrepreneurial en Afrique, les Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME) dirigées par des femmes se heurtent à des défis majeurs en matière de financement. Cette réalité complexe met en lumière les obstacles spécifiques auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures sur le continent.
Au Togo, le secteur financier est l’un des plus dynamiques et compétitifs en Afrique de l’Ouest. La capitale togolaise, Lomé, qui a accueilli la deuxième édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), abrite le siège social de grandes institutions financières, telles que la BOAD, BIDC, ETI, BCEAO… Dans cet écosystème, érige également une dizaine de grands groupes bancaires, à l’instar d’ECOBANK, Orabank, BSIC, et autres.
Mais le potentiel pour accélérer l’accès au financement des entreprises reste sous-exploité. À la différence des secteurs du BTP et des services qui font le plus souvent recours au crédit bancaire, les autres secteurs d’activités, se tournent plus souvent sur les services de microfinance pour une demande de financement. Dans cette catégorie de demandeurs, s’inscrivent les micro-entreprises dirigées par des femmes.
Ces femmes entrepreneures sur le continent se confrontent à de nombreuses difficultés telles que les réglementations, les taux d’intérêt élevés, ou encore le manque d’instruments de financement à long terme.
Financement : l’obstacle principal pour les femmes entrepreneures en Afrique ?
Les données du 5e Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5), révélées en avril 2023, indiquent une prédominance féminine au sein de la population togolaise, à l’image de celle mondiale, avec 4 150 988 femmes contre 3 944 510 hommes.
Selon les données du Centre des Formalités d’Entreprises (CFE), parmi les 8 408 entreprises créées en 2022, 2 717 ont été fondées par des femmes, soit une proportion dépassant les 32 %. Et au premier trimestre de l’année 2023, 844 femmes entrepreneurs ont enregistré leur entreprise. Les entrepreneures togolaises sont présentes dans tous les secteurs de l’économie, couvrant l’agriculture, l’artisanat, l’industrie et la finance.
Malgré cette situation qui semble aller dans le bon sens, l’entrepreneuriat féminin au Togo demeure largement dominant dans le secteur informel, et représente environ 52 % de la participation totale des femmes. Par ailleurs, d’après le Conseil National du Patronat du Togo, en 2021, seulement 26,5 % des femmes entrepreneures ont formalisé légalement leurs entreprises. À cela s’ajoute, un taux très faible d’accès au financement.
Contribution des TPME dans l’économie nationale
Indiquées dans la charte des TPME, les Très petites et moyennes entreprises (TPME) constituent la base du tissu économique du Togo et elles représentent plus de 90% des unités économiques du pays, d’après les chiffres officiels du ministère en charge du Commerce. Ces entreprises participent de manière sensible à la croissance économique et créent environ 60% des emplois. L’apport des TPME à l’économie nationale (en moyenne 40% du produit intérieur brut) est significatif, d’où l’importance d’une nouvelle charte pour mieux accompagner la transformation structurelle de l’économie du pays.
Néanmoins, le financement des Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME) demeure un défi majeur qui entrave leur croissance. Ces entreprises rencontrent d’importants obstacles pour obtenir des crédits des banques, qui demeurent réticentes. Cette situation freine la performance et la production, et le développement de la chaine de valeur.
« Les statistiques ont démontré par exemple qu’à peine 20 % des financements des PME sont assurés par les systèmes financiers traditionnels et qu’il faudrait 300 milliards de dollars au moins pour accompagner les PME sur le continent. Ce sont des montants énormes et aucun État en Afrique n’arrive à mobiliser autant de ressources pour accompagner les entrepreneurs, les PME et les start-up. C’est pour cela qu’on ne peut pas avoir de grands champions, parce que nous ne soutenons pas nos champions locaux, en revanche, nous soutenons davantage les champions étrangers », avait déclaré Didier Acouetey, PDG du Groupe AfricSearch, à Ocean’s News.
Financement des TPME au Togo
En 2022, selon le Fonds Monétaire International, les crédits bancaires représentaient 30,12 % du PIB, tandis que les dépôts constituaient près de 60 %, indiquant un large potentiel pour le renforcement du crédit bancaire qui reste fortement concentré sur le commerce, le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) et les services divers. Malgré cela, les prêts aux MPME ne représentaient que 13.4% du crédit bancaire, et les niveaux de financement sont restés très en deçà des attentes des entrepreneurs.
Dans le cadre des réflexions à mener pour l’amélioration de l’accès aux services financiers visant à renforcer le secteur privé, la Banque mondiale a organisé, le 30 janvier 2024, une table ronde de consultation portant sur la problématique de l’accès au financement. « Ce déficit d’accès au financement du tissu entrepreneurial au Togo nous interpelle tous – à la fois le gouvernement, les institutions financières, les partenaires techniques et financiers que nous sommes, de même que les acteurs du secteur privé – pour réfléchir ensemble à des canaux alternatifs d’accès au crédit pour les MPME », a expliqué Monsieur Fily Sissoko, Représentant Résident de la Banque mondiale au Togo.
Au Togo, la Banque mondiale et sa filiale financière, la Société financière internationale (IFC) notamment, se sont engagés à poursuivre les efforts, en vue de renforcer l’inclusion financière, promouvoir la finance digitale et soutenir davantage l’accès des MPME aux financements dont elles ont besoin pour créer plus d’emplois et réduire la pauvreté.