La République de Madagascar entame une révolution monétaire avec le lancement officiel de la phase pilote de l’e-Ariary, première version numérique de sa monnaie nationale.
La Banque centrale de Madagascar a officiellement lancé, le 23 mai 2025, la phase pilote de sa monnaie e-Ariary. Ce projet vise à élargir l’accès aux services financiers formels, en particulier dans les zones rurales, tout en prenant en compte l’enjeu économique de taille (le coût élevé et l’inefficacité de la gestion du cash).
«Nous espérons qu’à l’issue du processus, l’usage des billets sera réduit, car leur gestion coûte très cher à la Banque centrale. Le billet de 100 Ariary (0,022 $), par exemple, ne vaut pas le coût de son impression. De plus, les billets de banque ne durent que six mois, et il faut renouveler chaque fois l’impression de ces billets, et Madagascar n’en imprime pas », déclare Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar.
Contrairement aux idées reçues, l’e-Ariary ne vise pas à remplacer les solutions existantes comme le mobile money, mais à les compléter. La monnaie numérique malgache sera utilisable à travers plusieurs supports notamment smartphones, téléphones basiques, QR codes, cartes à puce.
Elle devra permettre à tous les citoyens, quel que soit leur niveau de connectivité ou leur statut économique, de l’utiliser au quotidien pour les achats marchands, le paiement des transports, les salaires ou les aides sociales.
Au-delà de la réduction des coûts liés au cash, l’e-Ariary ambitionne d’accroître la traçabilité des flux financiers, un enjeu pour la lutte contre l’économie informelle et l’optimisation de la fiscalité. En impliquant dans ce projet divers acteurs comme les banques commerciales, microfinances, entreprises publiques, la Banque centrale de Madagascar entend poser les bases d’un écosystème financier plus interopérable et sécurisé.
Cette première phase d’expérimentation permettra d’évaluer la fiabilité des infrastructures, la sécurité des transactions, mais aussi les usages concrets et l’acceptabilité sociale du dispositif. La réussite du projet dépendra en grande partie de la sensibilisation des usagers.
