Le mouvement féministe Nifin’akanga a récemment initié une campagne de lutte contre le viol et l’inceste à Madagascar. D’imposants panneaux d’affichage ont été érigés dans diverses régions clés de l’île, dont la capitale Antananarivo ainsi que Tamatave sur la côte Est.
Les panneaux criants « Aimez les enfants, mais ne les violez pas. Stop à l’inceste. Stop à la pédophilie » sonnent l’alarme contre ces actes criminels, inhumains. Ces messages de sensibilisation retentissent à travers les quartiers, soulignant l’urgence de s’attaquer à ce fléau.
Un de ces panneaux présente une image déchirante : celle d’une enfant en larmes et enceinte, accompagnée du message « N’occultez pas la loi sur l’ITG ». Cette image est inspirée d’un événement récent, où une fillette de 10 ans, tombée enceinte après avoir été violée par un proche, a été contrainte de porter la grossesse.
« On n’a jamais demandé à cette petite fille si elle voulait garder la grossesse ou pas. Mais visiblement, son corps n’est pas prêt à devenir mère ni même à accoucher », a expliqué Mbolatiana Raveloarimisa, fondatrice du mouvement.
L’objectif central de la campagne de lutte contre le viol et l’inceste est de briser le silence des victimes et de faire évoluer ces affaires d’agressions sexuelles et d’inceste de simples faits divers à des enjeux sociaux majeurs.
Yvette Liva, une cuisinière du quartier, considère cette campagne comme vitale : « Je pense qu’il faut libérer la parole sur ce sujet. On le cache parce que des fois ça se passe au sein de la famille, par exemple, il y a un viol et on ne veut pas en parler. Je pense qu’il faut mettre en place d’autres panneaux comme celui-ci. Il faut en parler pour protéger nos enfants ».
Les responsables de la campagne de lutte contre le viol et l’inceste souhaitent que les élus et responsables politiques prennent cette question à bras-le-corps. L’ambition du mouvement Nifin’akanga est que cette proposition de loi soit débattue démocratiquement à l’Assemblée nationale, plutôt que d’être mise de côté. Selon eux, il s’agit d’une question de santé publique et de préservation de la vie des mères dans le besoin.
Cette proposition de loi, qui permettrait l’interruption de grossesse en cas d’inceste, de viol ou de risque médical, reçoit également le soutien de l’Ordre des médecins. Bien qu’elle aurait dû être examinée à l’Assemblée nationale depuis plusieurs mois, elle a été retirée de l’ordre du jour. Nifin’akanga met par ailleurs en avant l’importance d’une information égale pour tous les citoyens concernant cette loi.
Le mouvement rappelle que les complications liées aux avortements non sécurisés sont la deuxième cause de décès maternel à Madagascar.