Production de noix de cajou – La Côte d’Ivoire prévoit une récolte record de 1,3 million de tonnes de noix de cajou en 2025. C’est une hausse importante par rapport à 2024, où la production était de 944 673 tonnes. Le chiffre initialement prévu était de 1,15 million de tonnes. Cette révision à la hausse montre que la filière se porte bien, du moins sur le plan local.
La Côte d’Ivoire trace une nouvelle voie avec sa production de noix de cajou. Le pays, déjà premier producteur mondial de la filaire, annonce une révision à la hausse de sa production pour 2025. Elle devrait atteindre 1,3 million de tonnes, contre 1,15 million estimées en début d’année. Mamadou Berté, Directeur général du Conseil du coton et de l’anacarde (CCA), se dit confiant. Une performance qui confirme la dynamique agricole ivoirienne, malgré un climat commercial mondial particulièrement tendu.
Ce bond de plus de 37 % est aussi le fruit d’une lutte efficace contre la contrebande de noix brutes. Ces dernières années, de nombreux producteurs vendaient leurs récoltes aux pays voisins, comme le Ghana et le Burkina Faso. Le Conseil a pris des mesures pour freiner ce phénomène. Cela permet aujourd’hui d’avoir des chiffres plus justes et de garder plus de valeur sur le territoire.
« Cette montée en production est un signal fort pour la filière. Elle témoigne du potentiel réel de notre pays lorsqu’il y a un meilleur encadrement », a confié Mamadou Berté à l’agence Reuters. Mais cette bonne performance cache une autre réalité. Elle inquiète les acteurs de la filière. Car les exportations chutent fortement.
Production de noix de cajou en Côte d’Ivoire : une crise à l’exportation malgré la performance agricole
Le Vietnam, principal client de la Côte d’Ivoire, a considérablement réduit ses achats. En 2024, ce pays achetait entre 700 000 et 800 000 tonnes de noix ivoiriennes. En 2025, il n’en veut que 200 000 tonnes. C’est une baisse brutale.
Cette chute s’explique par un contexte commercial tendu. Les États-Unis ont décidé d’augmenter leurs droits de douane, notamment sur les produits transformés au Vietnam. Ces taxes pourraient atteindre 46 % dès le mois de juillet. Pour les industriels vietnamiens, cela devient un marché trop risqué.
Les causes sont multiples. Les tensions commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires asiatiques. L’administration américaine a annoncé une taxe de 21 % sur les importations de produits ivoiriens. Elle a invoqué une politique de protection du marché local. Si un moratoire de 90 jours a été accordé pour tenter d’aplanir les différends, un tarif général de 10 % est déjà appliqué, et un droit de douane de 46 % pourrait toucher les produits transformés au Vietnam à partir de juillet.
Une situation jugée insoutenable par les industriels vietnamiens, qui redoutent une perte de compétitivité sur le marché américain. Pour la Côte d’Ivoire, cela signifie une réduction drastique des débouchés, alors même que la production de noix de cajou en Côte d’Ivoire explose.
À cela s’ajoute la dépréciation du dollar, qui rogne les marges des producteurs ivoiriens. Nombre de contrats ont été signés à un taux de change plus avantageux. Cela a créé un écart entre les prévisions et les revenus réels. Pour un secteur aussi sensible aux fluctuations monétaires, cette instabilité représente un risque important.
Face à ces défis, les autorités ivoiriennes misent sur la valorisation locale de la production de noix de cajou en Côte d’Ivoire. La transformation sur place, encore marginale, pourrait devenir une priorité pour éviter la dépendance aux marchés étrangers. Mais les investissements nécessaires restent importants, et les infrastructures insuffisantes dans certaines régions productrices.
Cette situation place la filière ivoirienne de l’anacarde à un tournant. Entre succès agricole et incertitude économique, les décisions à venir seront décisives. L’enjeu est de sécuriser la chaîne de valeur pour protéger des milliers de petits producteurs et renforcer la souveraineté commerciale du pays.
La Côte d’Ivoire prouve qu’elle peut produire plus. Mais produire mieux et vendre intelligemment, dans un monde en recomposition, sera le vrai défi des mois à venir.