Création fictive, mais révélateur des réalités sociales. Les auteurs des œuvres littéraires, comme la bande dessinée, participent à la résolution des problèmes sociaux en s’inspirant du quotidien de leur entourage. C’est le cas de Bill Masuku, qui crée Captain South Africa, une super-héroïne noire non-violente.
Interpellé par la situation politique en Afrique du Sud, le Zimbabwéen Bill Masuku fait relayer Captain America. Il met la super-héroïne Captain South Africa en aventure pour interpeller la conscience collective sur la situation politique en Afrique du Sud. Pour le bédéiste, la nouvelle exploratrice noire, représentée par les cheveux naturels et bandana aux couleurs du drapeau sud-africain, est un symbole d’un nouveau départ en Afrique du Sud. « C’est une super-héroïne politique, non violente, diplomate : elle ne cogne pas sur les criminels », a expliqué Bill Masuku.
Confirmant le fait selon lequel, il n’y a pas d’œuvre littérature ex-nihilo, Bill Masuku affirme que l’idée de création de Captain South Africa est née de l’inspiration de faits réels. En effet, il a été influencé par les manifestations des étudiantes contre l’augmentation des frais de scolarité qui ont secoué l’Afrique du Sud à partir de 2015. « J’ai été inspiré par les gens avec qui j’ai étudié à l’université, par ces mouvements qui réclamaient un changement politique sans inciter à la violence. Et les femmes qui m’ont inspiré m’ont poussé à écrire leur histoire à ma manière, en bandes dessinées », a confirmé le bédéiste.
Captain South Africa, written and illustrated by me. Coming soon! pic.twitter.com/3nP00fdUiS
— Bill Masuku Art (@billmasukuart) June 24, 2022
Le super-héros, imaginé en 2018 comme une version sud-africaine du super-héros évoluant dans l’univers Marvel, Captain America, était représenté au départ dans un costume bleu et rouge. Cependant, son nouveau visage en héroïne, dans une tenue, dont les motifs noirs et blancs reflètent son héritage xhosa, une des ethnies sud-africaines, attire plus l’intérêt du public.
Captain South Africa : une œuvre révélatrice de la situation et du talent des Sud-africains
Les chevaux de bataille de son personnage, la pauvreté, les inégalités, le mal-logement, est un révélateur du statut de l’Afrique du Sud, au climat économique et social morose. Dix tomes et près de 5 000 exemplaires plus tard, Captain South Africa est l’une des créations de l’éveil africain.
Satisfait de son décollage, Bill Masuku est convaincu que Captain South Africa pourrait devenir un guide pour de jeunes auteurs et illustrateurs du continent. Une dizaine de candidats ont déjà répondu à son appel pour collaborer au prochain tome des aventures de son héroïne. Selon Loyiso Mkize, créateur du premier super-héros sud-africain Kwezien 2014, il y a une demande croissante pour ce genre de contenus. « On est à l’aube d’un âge d’or où l’on commence à montrer ce qu’est la bande dessinée sud-africaine », présage-t-il.
Qui est Bill Masuku ?
Né au Zimbabwe, Bill Masuku est un jeune artiste numérique indépendant autodidacte de 30 ans. Ses domaines de prédilection sont la conception de personnages, la scénarisation, l’art conceptuel et la conception d’actifs de jeux 2D.
Étudiant à l’université Rhodes à Grahamstown (sud-est) en 2015, il s’est trouvé utile de faire contribuer son savoir-faire, à la conscientisation des autorités sud-africaines qui voient leur population sous l’emprise des faits sociaux. Il est l’auteur des comics « Razor-Man » et a dessiné la première super-héroïne africaine noire « Captain South Africa ». Avec ses personnages et ses scénarios africains, il a fait une véritable percée dans le monde de la bande dessinée.