L’UNESCO annonce une crise mondiale de l’éducation avec des conséquences économiques désastreuses en Afrique. Dans un rapport publié le 17 juin 2024, l’institution indique des pertes économiques dues à la déscolarisation, qui pourront atteindre 10 000 milliards de dollars par an d’ici 2030.
L’Afrique subsaharienne est touchée par la déscolarisation. Un tiers des enfants non scolarisés dans le monde vivent dans cette région. En tout, 250 millions d’enfants dans le monde, dont 128 millions de garçons et 122 millions de filles, n’ont pas accès à l’éducation. Beaucoup de ceux qui sont scolarisés ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires pour réussir dans la vie, telles que la lecture et les compétences socio-émotionnelles.
Cette situation révèle de pertes économiques, d’ici 2030, d’environ 10 000 milliards USD par an, soit plus que le PIB combiné de la France et du Japon, en raison du décrochage scolaire et du manque de compétences de base. Cette analyse a été révélée grâce à un rapport intitulé « Le coût de l’inaction » de l’UNESCO, mis en place avec l’OCDE et le Secrétariat du Commonwealth, pour analyser pour la première fois les pertes dues au déficit de compétences dans le monde.
Le rapport a évalué les pertes privées, fiscales et sociales. Les pertes privées annuelles, autrement dit, les coûts économiques supportés par les individus, représentent 6 300 milliards de dollars pour le décrochage scolaire et 9 200 milliards de dollars pour le manque de compétences de base. Ces chiffres représentent respectivement 11 % et 17 % du PIB mondial.
Les pertes fiscales annuelles, par contre, impactent directement les gouvernements et sont estimées à 1 100 milliards de dollars pour le décrochage scolaire et à 3 300 milliards de dollars pour le déficit de compétences de base. Les coûts sociaux, englobant les coûts privés et fiscaux moins le coût de l’augmentation des impôts, atteignent 6 000 milliards de dollars pour les jeunes en décrochage scolaire et 10 000 milliards de dollars pour ceux sans compétences de base.
Au-delà des pertes financières, le rapport de l’UNESCO alerte sur les conséquences sociales de la déscolarisation. Les enfants non scolarisés sont plus susceptibles de subir des grossesses précoces (augmentation de 69 %), de tomber dans la criminalité (augmentation de 57 %), et de se retrouver ni en emploi, ni formation (augmentation de 38 %).
« L’Afrique subsaharienne, qui est la région la plus impactée du monde, et le Maghreb se privent respectivement de 42 % et 38 % de revenus fiscaux, ce qui diminue presque de moitié les richesses de ce continent », explique Matthias Eck, coauteur du rapport.
Bien que gravement touchée, l’Afrique subsaharienne possède toutefois un potentiel économique significatif si des progrès sont réalisés dans l’éducation. Les gouvernements et organisations internationales sont, à cet effet, exhortés à investir dans l’éducation de qualité.
Mettre fin à la déscolarisation pourrait augmenter le PIB mondial futur de plus de 6 500 milliards de dollars par an et éliminer les obstacles à la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 4.