Lomé, la capitale togolaise a accueilli du 26 au 28 mai 2021, les Etats Généraux de l’Eco. Un colloque international autour de la future monnaie ouest-africaine. L’évènement organisé par la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) de l’université Lomé avait pour thème : quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’Ouest : Eco 2021 ». (TÉLÉCHARGER LE NOUVEAU NUMÉRO DU MAGAZINE OCEAN’S NEWS)
Le monde entier avait les yeux rivés à Lomé, du 26 au 28 mai dernier, pour suivre le colloque international sur l’Eco. L’évènement ouvert le mercredi 26 mai par la deuxième vice-présidente de l’université de Lomé, Professeur Kafui Kpegba a vu la participation d’imminentes personnalités du monde financier, économique, politique, mais aussi d’universitaires chevronnés. Ont pris part à ce colloque le Professeur Kako Nubukpo, commissaire du Togo à l’UEMOA, Didier Acouetey, président du groupe Afric Search ou encore Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin. L’homme politique sénégalais Ousmane Sonko, Carlos Lopes, économiste de la Guinée-Bissau, Cristina Duarte, Conseillère spéciale pour l’Afrique à l’ONU ont quant à eux participé aux débats par visio-conférence.
Trois jours durant, ces personnalités et acteurs politiques ont planché, dans le cadre des sessions dédiées, sur des communications qui se situent pour la plupart à la frontière de la recherche en matière monétaire. Ces échanges ont abouti à la rédaction d’une feuille de route qui sera proposée dans les jours à venir aux Chefs d’Etats de la CEDEAO, afin qu’ils puissent s’en inspirer dans leurs discussions et décisions relatives à la mise en place effective de la monnaie Eco de la zone CEDEAO.
L’Afrique de l’Ouest est en train de réussir
Il est important de rappeler que ce colloque international s’est tenu dans un contexte marqué par les divisions des pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Nigeria, première puissance économique du continent qui pour l’instant, ne souhaite pas adhérer à cette nouvelle monnaie. Les spécialistes de la question monétaire reconnaissent pourtant, qu’une unicité d’action aidera à aboutir à une monnaie unique. C’est le cas de Lionel Zinsou.

Pour l’ancien Premier ministre béninois, l’Afrique de l’Ouest est en train de réussir et il faut que les autres pays membres de la CEDEAO intègrent le système : « Que cette monnaie en cours de changement, devienne un objet de croissance, de développement, d’inclusion, de lutte contre la pauvreté. Il y a les huit pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo, ndlr) qui ont décidé de bouger les premiers et cela a créé des controverses. Il faudra un jour ou l’autre que les plus proches rentrent dans le système, que le système soit accueillant vis-à-vis du Cap-Vert, de la Guinée, du Ghana. Puis se posera un jour la question d’avoir une monnaie commune avec le Nigeria », a expliqué Lionel Zinsou avant de conclure : « Pour que l’Eco s’élargisse au Nigeria, il va falloir que les hydrocarbures prennent de moins en moins d’importance dans l’activité économique ».
Un avis non partagé par plusieurs, notamment les hommes politiques sénégalais Ousmane Sonko et tchadien Succès Masra. « S’il est vrai qu’avec tout ce qui se passe en termes de gestion (…), il y a de quoi nourrir des inquiétudes. Nous sommes venus dans ce débat pour vous dire nous, la génération que nous présentons, que nous refusons d’êtres ces majeurs non émancipés sous tutelle. Nous avons besoin d’un instrument monétaire comme l’instrument budgétaire, mais il faudrait que cela soit permanent », a lâché Ousmane Sonko.
Succès Masra de son côté a attiré l’attention sur une monnaie qui pourrait ne pas être au service du peuple qui l’utilise : « Une monnaie dont les peuples n’ont pas les leviers en commençant par le nom jusqu’aux mécanismes de gouvernances ne peux pas être une monnaie qui est au service de ses peuples ».

Un objectif clair pour aboutir à une monnaie unique
L’économiste Kako Nubukpo, ancien ministre togolais de la Prospective, connu pour ses positions contre le franc CFA a rappelé que l’Eco des Président français et ivoirien concerne pour l’instant seulement les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Mais selon lui, il faudra que l’ensemble des pays de la région se fixent un objectif clair pour aller vers une monnaie vraiment unique. « La déclaration de Lomé va permettre de déclencher le dialogue avec les politiques. Nous n’avons pas le droit de nous lier les mains. Il faudrait aller à une monnaie commune puis à une monnaie unique », a laissé entendre Kako Nubukpo. Il a insisté par ailleurs sur l’importance de la poursuite des discussions et a émis le souhait d’une rencontre chaque deux ans, pour aborder d’autres aspects des questions monétaires.

L’université de Lomé, à travers sa vice-présidente s’est réjoui de la tenue du colloque et à remercier le comité scientifique, le comité d’organisation ainsi que les participants. Pour les organisateurs, les objectifs sont atteints avec la rédaction de cette feuille de route qui sera proposée aux Chefs d’Etats de la CEDEAO, afin qu’ils puissent s’en inspirer dans leurs discussions et décisions relatives à la mise en place effective de la monnaie Eco de la zone CEDEAO.
Ce document (À TÉLÉCHARGER ICI) est un ensemble de propositions a adopté pour la création de la monnaie Eco-Cedeao. Plusieurs points importants ont été évoqués dont la création d’une Banque centrale qui sera chargée de conduire la politique monétaire et de change des pays membres de la Zone Éco-Cedeao. Rendez-vous dans quelques mois pour jauger le niveau réel d’impact de ce colloque international qui, quoi qu’on dise, marque un pas décisif dans le processus d’adoption de la monnaie Eco.