Angela Tabiri, surnommée la “reine des mathématiques” au Ghana, redéfinit les normes des mathématiques et inspire une nouvelle génération de jeunes filles et femmes.
Lauréate de l’édition 2024 de The Big Internet Math Off, un concours international qui récompense les mathématiciens les plus innovants, Angela Tabiri, 35 ans, est bien décidée à ouvrir la voie aux femmes africaines dans un domaine encore majoritairement masculin.
Originaire d’Ashaiman, l’un des quartiers les plus défavorisés de Tema, Angela Tabiri a grandi dans un environnement où les opportunités étaient rares. Malgré un départ académique qui l’a éloignée de ses ambitions initiales en administration des affaires, elle a trouvé sa voie dans les mathématiques, une discipline qu’elle considère aujourd’hui comme une “bénédiction déguisée”.
Son talent pour résoudre des énigmes l’a menée à un doctorat en algèbre quantique obtenu à l’université de Glasgow. Inspirée par des figures comme Katherine Johnson, la mathématicienne afro-américaine mise en lumière dans Les Figures de l’Ombre, Angela Tabiri a compris l’importance de persévérer, même lorsque la reconnaissance tarde à venir.
Aujourd’hui chercheuse à l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS-Ghana), Angela Tabiri ne se contente pas de s’imposer par ses réalisations personnelles. Elle est également responsable du programme Girls in Mathematical Sciences, lancé en 2020 pour encourager les lycéennes et étudiantes ghanéennes à explorer les opportunités qu’offrent les sciences mathématiques. « Beaucoup de jeunes filles pensent que les mathématiques mènent uniquement à l’enseignement. Mon objectif est de leur montrer que cette discipline ouvre des portes dans l’industrie, la recherche et l’innovation », explique-t-elle à nos confrères de BBC.
Passionnée par les sciences quantiques, Angela Tabiri milite pour que l’Afrique prenne part à cette révolution technologique mondiale. Avec l’appui de l’UNESCO et d’organismes locaux, elle organise des ateliers, des hackathons et des cours spécialisés pour initier les étudiants aux concepts de l’informatique quantique. Cette année, elle prévoit de lancer une tournée éducative à travers le Ghana, afin de sensibiliser les écoliers à l’impact des sciences quantiques sur des domaines tels que la médecine, la cybersécurité et l’environnement. « Préparer les jeunes Africains à cette révolution est crucial, car ils seront la plus grande force de travail mondiale d’ici 2040 », a–t-elle affirmé.
Ajouter à son travail académique, Angela Tabiri dirige l’organisation à but non lucratif FemAfricMaths, où elle offre mentorat et cours en ligne pour rendre les mathématiques plus accessibles. Elle partage également des interviews inspirantes avec des mathématiciennes du monde entier via les réseaux sociaux pour renforcer sa mission d’autonomisation des femmes dans les STEM.