Depuis près de 15 ans, Israël Guébo travaille à former, encadrer et à accompagner des médias dans leur développement aussi bien technique, éditorial, qu’au niveau de leur business modèle. Il forme, coache et accompagne des équipes, des hommes politiques, des institutions et organisations locales et internationales dans la structuration et la mise en œuvre opérationnelle de leur communication.
Israël Guébo est diplômé de Sciences Politiques à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) d’Abidjan et titulaire d’un Master en Journalisme obtenu à l’École supérieure de Journalisme (ESJ Lille, 85e) en France. Auteur de trois livres : “La vie comme elle va” (2013), “Compagnie Caïman” (2016) & “Croire” (2021), il intègre, en juin 2019, le conseil d’administration de l’École supérieure de Journalisme de Lille. C’est le premier africain, à date, à y siéger depuis la création de l’établissement en 1924.
L’homme de médias ivoirien était à Lomé, en novembre 2021. L’occasion pour moi de faire sa connaissance, en vrai. À la veille de son départ pour Abidjan, il m’a accordé un long entretien pour le magazine Ocean’s News. Trois (03) heures d’échanges en deux (02) temps. Un premier entre 12 heures et 14 heures dans le hall de l’hôtel 2 février de Lomé. Et, un second entre 18 heures et 19 heures, dans un taxi qui nous conduisait au lycée Français de Lomé où il était attendu. Il fallait faire avec les contraintes de temps et un programme déjà bien chargé pour l’un comme pour l’autre.
En cette fin de journée du 19 novembre 2021, Israël Guébo a répondu à mes questions. De son parcours d’Abidjan – Lille – Abidjan, en passant par la création de “E-voir” et le lancement de “Génération Innovante”, le Directeur de l’Institut Africain des Médias (IAM) partage avec nous le secret de sa réussite. Entretien exclusif !
M. Guébo bonjour. C’est un réel plaisir pour notre rédaction de vous avoir comme invité de ce dernier numéro du magazine Ocean’s News, version 2021. Alors, avant d’entrer dans le vif de cet entretien, présentez-vous avec vos propres mots à nos chers lecteurs.
Israël Guébo : Je suis juriste de formation, journaliste de profession et de formation, formateur, entrepreneur, homme de médias et de communication ivoirien. J’ai commencé à faire du droit, après le droit, je me suis orienté en journalisme qui était mon rêve d’enfance. Aujourd’hui, je dirige l’Institut Africain des Médias (IAM) qui est une école de journalisme basée à Abidjan et qui forme également à la communication. Je suis aussi consultant en communication pour diverses institutions locales et internationales, ainsi que formateur et expert médias.
Vous êtes connu aujourd’hui pour être le fondateur de l’un des plus grands instituts de média en Afrique. Parlez-nous de ce parcours qui vous a permis d’avoir cette réputation qui vous précède partout où vous vous rendez.
Israël Guébo : Mon parcours est très long. J’ai un parcours segmenté, j’ai une partie journalistique, communicationnelle et entrepreneuriale. Je vais commencer par la partie journalistique. Comme je l’ai dit, je viens du droit et j’ai commencé à travailler en 2006 dans un journal qui s’appelle le Courrier d’Abidjan qui était basé à Abidjan. J’y ai travaillé comme stagiaire et au bout d’un an de travail, j’ai découvert en fait qu’on pouvait sur internet aussi partager ses articles, écrire sur des blogs. Donc en 2007, j’ai créé mon blog dénommé le Blog de Yoro, qui va s’orienter particulièrement sur les thématiques sociales proches de la population.
Il faut dire qu’en Côte d’Ivoire, à cette époque-là, la presse était très compartimentée. Le pays lui-même était compartimenté. On avait une zone dite rebelle et une zone dite loyaliste et donc la presse suivait ces tendances-là et au milieu, l’information qui touche la population n’était pas couverte. Je me suis intéressé à ça, au quotidien des populations et mon blog a eu du succès. En 2008, j’ai eu le prix du meilleur blog francophone par la Deutsche Welle en Allemagne. Après, j’ai eu le prix du meilleur blog de journaliste d’Afrique de l’Ouest à Dakar en 2009 (Prix Waxxal). En 2008, j’ai commencé à faire des piges pour la rédaction web de TV5 Monde et à différents médias en Côte d’Ivoire ainsi qu’à l’international. Et en 2009, j’ai intégré l’École supérieure de Journalisme de Lille en France où j’ai fait deux (02) années d’études.
En 2011, je suis rentré en Côte d’Ivoire pour transmettre ce que j’ai reçu à mes jeunes frères passionnés de journalisme et communication. Après, j’ai créé des médias. J’ai créé en 2013 une web radio dénommée “Classe FM”, la première webradio en Côte d’Ivoire. J’ai aussi créé un journal qui s’appelle “Africa Daily News”, un magazine en ligne, qui a d’ailleurs été désigné en 2016 comme “2e meilleure entreprise de presse numérique de Côte d’Ivoire”. Récemment, en 2020, à la faveur du Coronavirus, j’ai créé une webradio qui diffuse uniquement sur WhatsApp, “Wa FM”. Actuellement, je dirige un journal qui s’appelle “Abidjan Soir” qui diffuse chaque soir sur WhatsApp. Ça, c’est ma vie journalistique.
Sur ma vie de communicateur ou de formateur, tout a commencé en 2010-2011. Je coordonnais un projet qui a été initié par l’ESJ de Lille qui s’appelle Ouest Afrika blog. Le projet avait pour objectif de former les journalistes des radios communautaires à la pratique des nouveaux médias, c’est-à-dire comment est-ce qu’ils pouvaient délocaliser leurs contenus radios et les mettre en ligne sur internet. Le projet couvrait plusieurs pays : Côte d’Ivoire, Togo, Sénégal, Mali et Burkina. Après cela, j’ai beaucoup travaillé avec l’Assemblée Parlementaire pour la Francophonie, d’ailleurs pour laquelle je suis ici à Lomé. J’ai fait beaucoup de formation et je travaille comme consultant en communication en tant que formateur pour accompagner les parlementaires, les sénateurs et les députés dans la communication politique, avec une mise en perspective avec les nouveaux médias, les réseaux sociaux.
J’ai travaillé aussi au cabinet du ministre de la Promotion de la jeunesse et de l’Emploi des Jeunes de Côte d’Ivoire comme coordinateur de la communication digitale. J’ai été directeur pays pour Hemisphère Africa, une boite de production audiovisuelle. J’ai atterri à l’Agence Française de développement comme chargé de communication régionale. Une belle expérience. Je couvrais huit (08) pays dans le Golfe de Guinée : La Sierra Leone, le Liberia, la Guinée Conakry, le Nigeria, le Ghana, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire ou j’étais basé. J’ai démissionné pour me retrouver au ministère des Affaires étrangères Suisse en tant que coordinateur Afrique Francophone pour le Hub médias sociaux qui venait d’être créé. Je faisais ce qu’on appelle de la diplomatie digitale. L’objectif était de veiller à la bonne image de la Suisse et ses actions en Afrique sur internet. Une expérience enrichissante. Voici en résumé ma vie au niveau de la communication et de la consultance. Pour l’entrepreneuriat, j’ai lancé mon entreprise quand je suis rentré en Côte d’Ivoire en 2011, une entreprise de communication digitale appelée E-voir. Ça a prospéré pendant des années, ensuite, j’ai créé l’Institut Africain des Médias qui est l’école que je dirige aujourd’hui.
Après des études de journalisme à Lille, pourquoi avez-vous décidé de retourner au pays, surtout à une époque où les divisions régnaient en Côte d’Ivoire ?
Israël Guébo : C’est vrai, j’avais des possibilités de rester en France pour faire du journalisme, mais j’ai préféré rentrer parce que j’ai bénéficié d’une bourse d’étude de l’État français. J’ai étudié gratuitement et en retour, je me suis investi le devoir de transmettre ce que j’ai appris. Donc revenir en Côte d’Ivoire et faire de la formation.
Je suis un amoureux de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique. Sur le continent, on a toutes les potentialités, on a toutes les possibilités et il est important pour chaque africain de revenir au pays après avoir appris et acquis de l’expérience, de la compétence ou de la connaissance à l’extérieur, afin de transmettre le savoir qu’il a à une autre génération. Je disais que j’ai étudié gratuitement en France, beaucoup de jeunes n’ont pas cette opportunité. Mon devoir était donc de revenir en Côte d’Ivoire et contribuer au développement de ce pays en formant ces jeunes, en les sensibilisant et en apportant le peu que j’ai appris de l’autre côté.
Alors, vous rentrez en Côte d’Ivoire en 2011 et vous prenez l’initiative de créer l’Institut Africain des Médias. Comment ça se passe, racontez-nous ?
Israël Guébo : Comme je l’ai dit précédemment, avant de créer l’Institut Africain des Médias, j’ai d’abord lancé une entreprise de communication digitale appelé E-voir. Au sein de E-voir, il y avait un département de formation. À un moment donné, on a commencé à avoir beaucoup de jeunes qui voulaient se faire former, on s’est dit pourquoi ne pas créer une école pour mieux les encadrer. Ainsi, en 2016, nous avons lancé l’Institut Africain des Médias. On a commencé par de petites formations au niveau des renforcements de capacités des journalistes, des chefs d’entreprises… C’est en 2018 que nous sommes véritablement entrés dans la formation dit avec curricula.
N’est-ce pas un peu trop osé de faire des études en Europe, rentrer au pays puis décider de se tourner vers cet univers incertain qu’est l’entrepreneuriat ? Quel a été le déclic vous faisant comprendre que c’est en empruntant cette voie que vous allez écrire les plus belles pages de votre histoire ?
Israël Guébo : L’entrepreneuriat me colle à la peau depuis que je suis tout petit. Quand j’étais petit, je vendais de l’eau et d’autres petites choses… Je crois que dans mon âme, il y a toujours eu cette fibre entrepreneuriale. Mais sur la question, je me suis rendu compte à l’époque qu’il y avait énormément d’opportunité dans le secteur du numérique. Et que l’environnement allait bouger dans le bon sens. Il fallait déjà se positionner. Je me suis dit que c’est le moment de s’installer et de contribuer au développement du numérique dans mon pays. Plutôt que de venir travailler dans une entreprise, je me suis dit pourquoi ne pas créer mon entreprise, former les jeunes, leur trouver de l’emploi et contribuer d’une certaine façon au développement du numérique en Côte d’Ivoire. Nous étions en 2010-2011. Je n’ai pas eu tort quand je regarde ce qui se passe aujourd’hui.
Parlez-nous donc de l’Institut Africain des Médias, votre plus grande réussite si on tient compte des fruits que cela produit aujourd’hui.
Israël Guébo : L’Institut Africain des Médias (IAM) est une école de journalisme, un cabinet d’études, mais aussi une Agence de Conseils en communication. Nos programmes de formation s’adressent à une cible variée. Il s’agit, entre autres, de professionnels souhaitant faire un renforcement de capacités dans les domaines dispensés par IAM, de personnes désirant choisir une nouvelle orientation professionnelle ou encore de travailleurs souhaitant faire avancer leur carrière par des certifications attestant leur savoir-faire.
L’approche pédagogique de l’Institut met un accent prononcé sur la pratique et la collaboration. Ce sont des professionnels des médias et des technologies qui dispensent les cours et, – les formations incluent des projets concrets permettant d’évaluer les acquis de la formation. Ces projets se réalisent en général en équipe, favorisant le réseautage entre les participants et l’éclosion d’opportunités au-delà de la formation.
Quel doit être le niveau d’études des étudiants qui souhaitent se faire former à l’IAM ?
Israël Guébo : Aujourd’hui, nous avons trois (03) types de formations. Un diplôme que nous avons démarré en 2021 appelé le DEPJ (Diplôme d’Etudes Professionnelles en Journalisme) ensuite un programme de formation appelé NEW COM qui concerne ceux qui n’ont pas obtenu leur Baccalauréat. Pour le DEPJ, il faut avoir un niveau Bac+2 et c’est sur concours. Pour cette année, nous avons enregistré 62 candidatures et nous en avons gardé huit (08). C’est hyper sélectif parce que nous garantissons une insertion à nos étudiants. Il faudrait qu’ils soient nos ambassadeurs. L’excellence fait partie aussi de ce que l’on enseigne à nos étudiants. Pour la formation NEW COM, tous ceux qui n’ont pas eu le Bac peuvent s’inscrire. À ce jour, au total à l’école, nous avons formé près de 450 étudiants et plus de 100% d’insertion, parce que notre pédagogie fonctionne, elle est basée sur la pratique et la pluridisciplinarité.
Fort de vos études du côté de l’Hexagone, l’IAM a-t-il des partenaires en Europe ?
Israël Guébo : Oui, nous avons des partenaires en France, au Cameroun, au Burkina Faso et nous sommes en train de chercher à avoir d’autres partenaires au niveau de toute l’Afrique. Je crois à la coopération Sud-Sud. Il faut que nos pays mettent ensemble leurs talents.
Toutes ces grandes réalisations n’auraient sûrement pas été possibles sans sacrifices et don de soi. Dites-nous, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur le chemin de l’accomplissement ?
Israël Guébo : Ma grande difficulté a été premièrement de faire comprendre à mon entourage que c’était la voie à suivre. Tu reviens de la France avec un diplôme de master en journalisme et tu décides de te lancer dans l’entrepreneuriat. C’était difficile à digérer pour certains de mes proches. Autre chose, ce n’était pas évident parce qu’on n’avait pas d’accompagnement financier, on s’est lancé avec nos propres moyens. Mes amis et moi, on avait un ordinateur pour six (06) personnes et on n’avait pas d’argent. Le peu qu’on avait, nous avions tout investi pour lancer la boite. C’était compliqué.

On a commencé dans le salon de mon père. Après, on a eu un premier puis, un deuxième client, ce qui nous a permis de déménager. Avec les premières entrées, nous avons investi dans du matériel. J’avais des amis qui dormaient au bureau, parce qu’ils ont fait le choix de m’accompagner. Parfois, on marchait des kilomètres pour arriver au travail parce qu’on n’avait pas d’argent, on se retrouvait à ne manger qu’une fois par jour. Malgré ce manque, nous étions très contents de faire ce qu’on voulait. On avait commencé à initier des actions qui prenaient de l’envergure en Côte d’Ivoire. Nous avons lancé la première caravane de formation et de sensibilisation en Côte d’Ivoire qui s’appelait le E-School. On allait dans les villes, on rassemblait des milliers de jeunes et on les formait sur la pratique et l’utilisation des réseaux sociaux, le bon usage du numérique, comment écrire pour le web, etc. Et tout cela, gratuitement.
Et puis on a lancé le tout premier concours de blog en Côte d’Ivoire. Il y avait des difficultés, mais nous étions déterminés à aller le plus loin possible et le plus fort possible. Aujourd’hui, tous ceux qui travaillaient avec moi sont dans de grosses boites, des grandes chaînes de télévisions et des organismes internationaux. Ça veut donc dire qu’on ne s’est pas trompé. J’en suis tellement fier.
Israël Guébo est également le président de l’association Génération Innovante, parlez-nous de cette association, en quoi consiste-t-elle ?
Israël Guébo : Génération Innovante est un projet de cœur. La nouvelle génération est en manque de repère, surtout en Côte d’Ivoire avec la crise qu’on a connue depuis 2002 jusqu’en 2011. Il y a un certain modèle qui a été montré aux jeunes, les brouteurs (les cybercriminels), la facilité, la corruption… Aujourd’hui, les jeunes s’identifient en eux. Il y a urgence d’apporter de nouvelles références, de nouveaux repères par la sensibilisation et la formation. Génération Innovante est une association qui vient changer les mentalités, pas seulement dans la parole, mais à travers la formation, l’accompagnement, l’insertion.
L’association est créée en 2016, mais rendue officielle en 2018. On a formé plusieurs personnes, les élèves, les jeunes, les femmes. On a construit un centre de lecture et d’éducation sociale à Abobo. On fait des programmes d’alphabétisation et autres. Plusieurs jeunes qui sont dans l’association ont retrouvé un épanouissement.
Qui peut donc intégrer cette association ?
Israël Guébo : Tout le monde peut adhérer à travers l’Afrique et même au-delà, pourquoi pas. Ça veut dire que n’importe quel jeune qui partage l’idéal de changement par le travail et par les valeurs réelles peut intégrer Génération Innovante.
M. Guébo est également auteur. Et vous avez publié tout récemment votre dernier ouvrage “Croire” que j’ai d’ailleurs pris grand plaisir à lire. Parlez-nous de comment s’est fait votre entrée dans l’univers des écrivains ?
Israël Guébo : J’écris depuis que j’ai 11 ans, d’ailleurs dans le livre “Croire”, il y a des poèmes que j’ai écrits quand j’étais adolescent. Donc l’écriture pour moi, c’est une passion, j’adore écrire. En 2013, j’avais des articles qui ont eu beaucoup de succès. Je les ai rassemblés et mis dans un livre qui s’appelle “La vie comme elle va”. Ensuite, en 2016, j’ai écrit un roman intitulé “Compagnie Caïman”, une fiction qui raconte l’histoire d’un jeune journaliste qui rencontre une fille dans un car. Les deux sont enlevés par des rebelles, mais ils arrivent à s’enfuir… je ne vais pas vous raconter la suite. Achetez l’œuvre. Après, j’ai sorti un manuel qui s’appelle “Écrire pour le web” qui est distribué gratuitement, puis cette année (2021), j’ai publié “Croire” qui est une autobiographie. Je dis ce en quoi je crois, les valeurs en lesquelles je crois. L’ambition, le rêve qu’on a pour la Côte d’Ivoire. On a édité 500 exemplaires à sa sortie, mais c’est fini. On va imprimer d’autre pour la tournée dénommée “Croire Côte d’Ivoire” que nous envisageons faire dans toute la Côte d’Ivoire.
Dans le livre Croire, vous parlez de votre épouse qui a été d’un grand soutien au début de cette aventure. Vous évoquez également le soutien sans faille de l’un de vos collaborateurs qui est un ancien ami, sans oublier vos parents. Pensez-vous que sans toutes ces mains de l’ombre, vous auriez pu accomplir tout ceci ?
Israël Guébo : En réalité, on ne construit pas une maison tout seul. Avant que vous ne veniez habiter une maison, vous avez eu l’idée. L’architecte la conçoit, les grosses œuvres se font. Après, il y a la peinture, les finitions, la décoration et l’ameublement. C’est pareil pour les projets. On ne construit rien tout seul. On ne se construit pas tout seul. Il y a ceux qui te mettent au monde, ceux qui te donnent de l’éducation, la formation. Et, en cours de chemin, il y a des amis, ton conjoint ou ta conjointe qui sont des personnes qui servent de soutien et d’appui pour avancer. Donc sans ces personnes, je ne pense pas que j’aurai pu accomplir tout ce qui a été déjà fait.
Ange, mon épouse a été d’un appui inestimable. Il y a aussi de nombreuses autres personnes à découvert ou dans l’ombre qui m’ont porté au prix de leur argent, de leur temps, de leur énergie, sans rien calculer, sans rien demander en retour. Sur les dix dernières années, les personnes qui ont été vraiment là, je les ai nommées. Elles sont indiquées dans mon dernier livre « Croire ».
Vous avez également mis l’accent sur votre foi en Dieu sans qui pour vous rien n’aurait été possible. Pensez-vous que c’est la condition majeure pour un entrepreneur de réussir sa vie entrepreneuriale ?
Israël Guébo : C’est une question qui est très subjective et qui est liée à la conviction, à ma conviction. Et ma vie est un témoignage de ce que je vis avec ma foi en Dieu. La question du rapport avec Dieu est facultative et ne doit pas être imposée. Cependant, je ne peux pas nier ce que je ressens, ce que j’expérimente. Il y en a qui croit, il y en a qui ne croît pas. Dans ma vie d’entrepreneur, je l’expérimente tous les jours. Je l’expérimente dans la façon de concevoir les projets, dans la force d’y aller même quand c’est difficile. D’une façon ou d’une autre, il y a l’appui de Dieu, un être suprême auquel on croit et qui nous guide au jour le jour, j’y crois fortement. C’est pourquoi d’ailleurs, j’insiste sur « croire en soi, croire en une potentialité, mais aussi croire en Dieu ».
Aujourd’hui, le nom Israël Guébo est connu et respecté. Vous êtes un influenceur, un modèle en qui les jeunes croient. Comment faites-vous pour demeurer ce modèle fidèle à ses principes ?
Israël Guébo : (Rire)… Je ne me vois pas comme un influenceur. Je me considère plutôt comme un impacteur, il y a une nuance. Mon éducation, celle de mon père et de ma mère et mon éducation chrétienne m’ont fait comprendre que quand tu gravis la montagne et que tu commences à avoir la grosse tête, il est facile pour toi de retomber au bas de la falaise. Ma mère me disait toujours « qu’un sommet n’est pas une fin, mais un départ vers les étoiles ».
Quand je gravis une étape, je me dis qu’il me reste encore d’autres challenges plus haut. Pour moi, chaque succès est un départ vers d’autres défis donc je ne me prends pas la tête, je suis quelqu’un de simple, j’aime la simplicité. Quand j’arrive au bureau le matin, je mange du garba, du placali. Il y a certains de mes étudiants qui me charrie avec. Mais je ne sais pas tricher avec ce que je suis. Donc non, je ne suis pas un influenceur, enfin, je ne me considère pas comme tel, Mais comme je l’ai dit, je suis un impacteur. Je sais qu’il y a des jeunes qui s’identifient à moi et je me dois de rester droit, je suis obligé de maintenir le cap.
Selon vous, quelle est la formule magique qui permet d’atteindre le sommet ?
Israël Guébo : Travailler sans tricher, être honnête, fuir la corruption, être vraiment passionné, être bien entouré et avoir la foi en Dieu. Ça fait beaucoup d’ingrédients, mais c’est nécessaire.
Avez-vous des projets à venir dont vous souhaitez nous parler ?
Israël Guébo : À partir de 2022, je vais plus m’engager dans des projets communautaires. Honnêtement, je pense avoir réalisé tous mes rêves. Je voulais être journaliste, je l’ai été, je voulais faire de la communication, je l’ai fait, je voulais créer une association pour impacter, cela a été fait. À présent, je vais voir comment je peux davantage m’impliquer dans les actions auprès des populations, faire de la formation, de l’éducation, mais aussi favoriser l’employabilité des jeunes, contribuer de façon durable à l’autonomisation de la femme, faire en sorte que le numérique soit mieux utilisé… bref, les chantiers sont grands, je pense que le moment est venu de m’investir davantage.
Israël Guébo, vous avez la parole pour clore cet entretien. Ce fut un plaisir.
Israël Guébo : Un dernier message… Le monde entier, les médias étrangers, la plupart du temps, présentent un visage pâle – voire un visage sombre de l’Afrique. Il ne faut pas que les Africains s’approprient cette image-là. C’est à nous de mettre en lumière les valeurs de notre continent, les qualités de nos pays. Sans renier nos défauts. Il n’y a aucun pays au monde qui est parfait. Même la grande démocratie, les États-Unis a ses côtés sombres, mais ils mettent en avant leurs qualités, ils vendent leur pays. Donc c’est à nous de mettre en avant nos valeurs et nos qualités. Aujourd’hui, dans nos différents pays, je suis heureux de constater qu’il y a des jeunes qui dans divers domaines font d’excellent travail. Qui sont profondément attachés à de bonnes valeurs. Pourquoi est-ce qu’on ne les mettrait pas en avant ? J’aimerais donc dire aux Ivoiriens, aux Togolais, aux Camerounais, aux Maliens, aux Sénégalais, aux Marocains…, à tous ceux qui liront cette interview de croire en leurs potentialités, de croire en l’Afrique. C’est à ce prix-là que nous allons nous en sortir. Je vous remercie.