Le Ghana a lancé, lundi 19 août 2024, les travaux de construction d’un immense complexe pétrolier dans la région de Jomoro, au sud-ouest du pays, un projet ambitieux qui pourrait remodeler son paysage énergétique. L’initiative, estimé à 60 milliards de dollars, est un véritable pas de géant effectué par les autorités ghanéennes pour son économie, avec des promesses de retombées économiques massives et une réduction de la dépendance du pays aux importations de produits pétroliers raffinés.
Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo a officiellement lancé, le 19 août 2024, les travaux de la première phase du complexe pétrolier de Jomoro, qui comprend des raffineries de pétrole, des installations pétrochimiques et des infrastructures portuaires. Le projet, baptisé Jomoro Petroleum Hub Development Corporation (JPHDC), couvrira une superficie de 8 000 hectares, et devrait être achevé en trois phases sur une période de 12 ans. La première phase nécessitera un investissement de 12 milliards de dollars et sera axée sur la construction d’une nouvelle raffinerie, avec des travaux prévus pour débuter en septembre.
Une fois achevé, ce complexe pétrolier de Jomoro devrait permettre au Ghana de raffiner jusqu’à 900 000 barils de pétrole par jour, ce qui le placerait parmi les plus grands producteurs d’Afrique. Selon les estimations, le projet pourrait entraîner une augmentation de 70 % du PIB du pays et la création de 800 000 emplois, tant directs qu’indirects. Ce hub énergétique, situé à proximité de la frontière avec la Côte d’Ivoire, est également mis en place pour répondre à la demande croissante en énergie en Afrique de l’Ouest, une région encore fortement dépendante des importations.
Malgré ces perspectives prometteuses, le projet de complexe pétrolier de Jomoro n’est pas sans controverses. La communauté locale de Nzemma, où le complexe doit être implanté, a exprimé des préoccupations concernant les expropriations de terres. Des membres de la communauté affirment ne pas avoir été correctement informés des procédures d’expropriation et accusent le gouvernement d’avoir négocié uniquement avec le chef traditionnel, sans consulter les propriétaires terriens. Ils craignent également la destruction de milliers d’hectares de cocotiers, source de revenu importante pour la localité, sans recevoir de compensations financières adéquates.
Outre les problèmes fonciers, la viabilité économique du complexe pétrolier de Jomoro est également remise en question. Certains observateurs ghanéens estiment que les investisseurs actuels n’ont pas les fonds nécessaires pour mener à bien la construction du complexe pétrolier, notamment pour la première phase, dont l’accord a été signé en juin dernier. Cette incertitude financière, couplée aux critiques locales, pourrait compliquer la mise en œuvre de ce mégaprojet, qui est pourtant présenté comme un levier de transformation pour l’économie ghanéenne.
Le complexe pétrolier de Jomoro, s’il est mené à bien, pourrait changer radicalement le paysage énergétique du Ghana et renforcer son indépendance économique.