Les pénuries d’eau à Antananarivo, la capitale de Madagascar, atteignent des niveaux critiques et plongent les habitants dans une frustration grandissante. Depuis plusieurs mois, la population doit composer avec des coupures d’eau prolongées, souvent sans préavis, et rend le quotidien extrêmement difficile pour de nombreux foyers.
Dans de nombreux quartiers de la capitale de Madagascar, les pénuries d’eau sont devenues insoutenables. Des familles sont contraintes de se lever en pleine nuit pour attendre à des fontaines publiques, espérant y trouver un filet d’eau.
C’est le cas de Tiana, une résidente de Soavimasoandro. « Nous nous levons à 3 heures du matin tous les deux jours pour chercher de l’eau. Il faut attendre plus d’une heure pour remplir quelques bidons. C’est épuisant, mais nous n’avons pas le choix », a-t-elle confié à RFI.
Cette pénurie dure depuis près d’un an, avec des citernes publiques souvent à sec et des camions citernes insuffisants pour répondre aux besoins de la population. La situation est particulièrement difficile pour ceux qui, comme Gisèle, habitent le quartier d’Andraisoro, où les pénuries sont devenues une réalité quotidienne depuis deux ans. Elle confie que près de 60 % de son salaire est consacré à l’achat d’eau, un coût devenu insoutenable. « L’eau est devenue notre priorité absolue. Nous en avons besoin pour boire, cuisiner, se laver… c’est vital. »
Les manifestations de mécontentement se multiplient dans la ville, avec des habitants qui bloquent les routes et expriment leur exaspération face à une situation qui semble s’éterniser sans véritable solution. « Si cela continue, les grèves se propageront », prévient Gisèle, qui ajoute que l’eau est désormais la principale préoccupation des résidents, loin devant les coupures d’électricité qui se produisent quotidiennement.
Le gouvernement malgache a annoncé des mesures pour tenter de remédier à cette crise. Le Conseil des ministres a promis la réalisation de 35 forages, dont 7 dans la capitale. Ces infrastructures devraient être équipées de stations de pompage solaire et d’unités de traitement de l’eau. Ces promesses n’ont toutefois pas suffi à calmer la colère des habitants, qui exigent des solutions immédiates.
Le ministre de l’Eau, Lalaina Andrianamelasoa, a reconnu que la production d’eau actuelle est insuffisante pour répondre aux besoins de la capitale. « Nous produisons 200 000 m³ d’eau par jour, alors que la demande dépasse les 300 000 m³ », a-t-il précisé. Pour pallier ce déséquilibre, le gouvernement a également demandé aux résidents des grandes villas de réduire leur consommation, afin de permettre une distribution plus équitable de cette ressource rare.